Brian M Bendis est depuis quelques années, l’un des auteurs réputés de Marvel Comics. Son long run sur Daredevil n’est pas étranger à cette renommée, et lui a permis non seulement de faire ses preuves, mais d’affirmer son style particulier. On pourrait presque le comparer à Grant Morrison, mais là où Morrison, tout en cultivant une identité artistique à part, parvient toujours à surprendre, le style de Bendis aura rapidement tourné en rond.
« Daredevil ninja » se situe avant son run, mais souffre des défauts qui rendent actuellement la lecture d’épisodes rédigés par l’auteur indigeste. Trois épisodes, c’est assez court pour raconter une histoire, et afin d’approfondir au maximum les éléments de l’intrigue, il paraît opportun de condenser les éléments superflus (déplacements longs, dialogues sans lien direct avec l’intrigue…). Grant Morrison a prouvé de façon flamboyante dans ses arcs de 3 épisodes de la série « Batman Et Robin » qu’il était tout à fait possible d’écrire des histoires rythmés et très denses sur ce format.
Malheureusement, Bendis n’est encore une fois, pas un auteur de la trempe du scénariste écossais. Dès le premier épisode, on constate que le récit est bavard. Trop bavard. On a l’impression d’assister à l’un des dialogues interminables de « Boulevard de la Mort », et les échanges ne font même pas avancer l’histoire. On nous récapitule une fois de plus les spécificités du diable rouge, une constante à laquelle on assiste dans quasiment tous les épisodes depuis la création du personnage et qui finit par devenir lassante. Si Batman racontait à chaque début d’épisode qu’il est Bruce Wayne et que s’il pourchasse les criminels c’est parce que ses parents ont été assassinés, et qu’il a parcouru le monde pour se former et que…. Et bien il ne resterait plus beaucoup de pages dédiées à l’histoire en cours.
Ce constat regrettable est renforcé par des dessins qui m’ont paru dénués d’émotions. Il y a une forte patte graphique, mais elle n’a rien d’agréable, et ça ne s’améliorera jamais. De plus, les couleurs très fades donnent l’impression que la bd est passée dans une machine à laver. Notre très laid Daredevil va donc, pendant trois épisodes, prendre l’avion, reprendre l’avion, et se battre sur des dizaines de pages. « Daredevil ninja » n’est rien d’autre qu’un long combat sans enjeux, sans surprise, et surtout, sans queue ni tête ! Les événements s’enchaînent sans aucun souci de cohérence, avec pour seule excuse une légende japonaise comme on en a entendu des dizaines.
Une fois la quête installée, sa résolution se fera en l’espace de quelques cases, sans qu’aucun climat ni suspense n’ait eu le temps de s’installer. Rien, si ce n’est l’attachement qu’on peut porter au personnage de Matt Murdock ne peut justifier la lecture d’une œuvre faite sans talent. Toute l’équipe semble s’être donné le mot pour livrer un travail bâclé. Il y a décidément bien mieux à lire.
Quitte à lire du Daredevil par Bendis, autant lire la très jolie histoire « cauchemars » ou son long run en collaboration avec le dessinateur Alex Maleev.
Je suis complètement d'accord avec toi on a du mal à croire que Daredevil Ninja a été écrit par le même auteur du fabuleux arc du diable rouge qu'on connais tous.
RépondreSupprimerPourtant retrouver la Chaste et traiter du retour de Stick avait de quoi réjouir les fans de DD mais même niveau conséquence c'est zéro pointé !
C'est marrant parce que j'ai pensé à ta fan fiction en lisant cette histoire. Mais autant ton écrit s'intégrait tout à fait au run, en restant dans l'esprit, autant là on dirait une histoire écrite par n'importe quel auteur de transition. On retrouve les tics de bendis, mais les mauvais tics malheureusement.
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