dimanche 27 décembre 2009

critique du film The Crow d'Alex Proyas


Impossible de parler du film d’Alex Proyas sans en présenter le contexte. S’agissant de l’adaptation du comic book de James’o’Barr, on ne peut que s’attendre à une œuvre sombre. Mais si le premier opus de la saga cinématographique « The Crow » a obtenu le statut de culte, c’est en partie à cause du destin tragique de son acteur principal, le regretté Brandon Lee.

Fils de celui qui donnera ses lettres de noblesse au cinéma d’arts martiaux dans le monde (car quoi qu’on pense de la qualité de ses films, on ne peut nier son influence), Bruce Lee, Brandon a déjà tourné dans quatre productions en tant que tête d’affiche lorsque le tournage de « The Crow » débute. S’il a toujours déclaré vouloir s’éloigner de l’image de son père et ne pas jouer dans le même genre de films, l’acteur a néanmoins donné pas mal de coups de pied jusque-là, et l’occasion lui est enfin donnée de trouver un rôle qui lui permettra de faire exploser son potentiel dramatique.

« The Crow » n’est pas dénué d’action, loin de là, mais sa dramaturgie permet à Brandon d’explorer à fond sa palette d’émotions. Tristesse, mélancolie, colère, fureur, folie…. Autant de sentiments qui apportent une noirceur et une profondeur troublante à une histoire de vengeance qui pourrait être des plus classiques. Un homme qui a été assassiné en compagnie de sa compagne revient d’entre les morts, ressuscité par un corbeau, afin de se venger de ses agresseurs. Un postulat teinté de surnaturel mais sans grande originalité.

Si l’œuvre originale de James’O’Barr est marquée par une ambiance très poétique et un univers graphique en noir et blanc à l’identité très forte, le film d’Alex Proyas, tout en restant fidèle à sa source, va développer un univers à part. Se déroulant dans un univers contemporain plus appuyé que dans le comics, le film se distingue par une utilisation proche du clip des filtres de couleur, qui donne un aspect surréaliste à la ville. Mais Proyas, qui n’est pas un simple poseur, se utilise le visuel pour exprimer les tourments des personnages.

Le manque de moyens est donc habilement contourné, et l’aspect technique très réussi témoigne de l’investissement de toute l’équipe. Mais ce qui fait la force du film, c’est avant tout cette douleur palpable tout au long du récit. La rage du personnage éclate à de nombreuses reprises, notamment à la fin d’une scène de guitare électrique restée dans les mémoires. L’interprétation de Brandon Lee rend l’ensemble poignant. L’acteur trouve ici le rôle de sa vie, prouvant qu’il aurait pu être bien autre chose qu’un acteur de série B. Sans jamais trop en faire, il impose un héros invulnérable et pourtant tellement fragile. Car malgré sa noirceur, « The Crow » est un film humain. Une humanité qui s’exprimera notamment dans les passages où le héros perd son invincibilité.

Il est d’ailleurs à noter que cette perte de puissance sera récurrente dans tous les autres épisodes cinématographiques, alors qu’il n’en a jamais été question dans la bande dessinée. Sans doute pour accentuer le suspense, mais aussi pour nous rappeler que malgré sa résurrection, le personnage reste un humain qui vient rétablir une injustice, et pas seulement une machine à tuer que rien n’arrête.

« The Crow » n’est en effet pas une adaptation case par case du comic. Au-delà de cette perte d’invulnérabilité, la structure du récit n’est pas la même. Proyas fait le choix d’une narration linéaire, allant d’un point A à un point B, alors que le récit d’O’Barr commençait directement par l’introduction du héros, pour ne révéler que dans un flash back lointain les événements précis du drame. Ce choix, plus classique, se révèle très efficace, et rend la détresse du personnage plus palpable, car dès les premières images, on est frappé par la cruauté de son destin.

Néanmoins Proyas livre un film en adéquation avec l’œuvre originale, plus adaptée au format cinéma, mais allant quand même jusqu’à reprendre quelques répliques inoubliables de la bande dessinée, comme le fameux « You’re all goin’ to die » précédant une fusillade dantesque.

L’action n’est pas omniprésente, mais on retiendra quelques passages plutôt violents et bien réglés par Brandon lui-même. On regrettera un final un peu vite expédié, mais c’est l’aspect dramatique qui devait primer, pour ne pas justifier une simple application de la loi du talion.

Comment, enfin, ne pas évoquer la bande originale de Graeme Revell, qui signera également (en reprenant un certain nombre de pistes de cet opus) celle du deuxième film.

Difficile de dire ce que serait devenu le film sans le décès de son acteur principal. Reste que l’ensemble transpire la passion, que l’émotion est omniprésente, et que Brandon Lee, une étoile trop vite disparue, trouve son plus beau rôle.


Critique du comic book The Crow de James'O'Barr

Dans les années 80, les bandes dessinées américaines en noir et blanc n’étaient pas légion. Même Frank Miller ne s’était pas risqué à utiliser ces teintes uniquement pour illustrer son travail.

Ce choix graphique est tout à fait cohérent quand on connaît la génèse de l’œuvre de James’O’Barr. Orphelin adopté sur le tard, l’auteur quittera rapidement le foyer pour s’installer avec sa petite amie. Il se met rapidement au dessin et coule des jours heureux avec celle qu’il aime. Mais alors que rien ne semble pouvoir entacher ce tableau, la jeune femme est renversée par un chauffeur de camion ivre et décède.


Terrassé par le chagrin, O’Barr rentre dans la marine où il sert deux ans durant. A son retour, il n’a qu’une idée en tête : se venger de celui qui lui a volé l’amour de sa vie. Hors, l’homme est déjà mort de cause naturelle. O’Barr se lance donc dans la rédaction de « The Crow », espérant trouver un exutoire à sa douleur (il confiera plus tard que l’entreprise n’a pas atteint son but).


Dès lors, comment s’étonner de la violence omniprésente et très graphique du récit ? Mais au-delà des exécutions à la limite du gore, c’est la mélancolie et la poésie qui prédominent, à travers des tirades travaillées et mélodieuses. Le rythme, tout en étant élevé, préserve des moments de calme où le héros se ressource. Les flashbacks sont brefs, présentant des scènes de vie quotidiennes simples mais vraies, à travers des dessins plus fins que ceux de l’histoire.

Esthétiquement, l’ensemble est très réussi. Le noir et blanc sied à merveille à l’ambiance, les personnages ont tous une identité, et le corbeau (dont la ressemblance avec le Joker est évoquée par l’un des personnages) est aussi effrayant que touchant.

Mais la grande force de ce comic c'est qu'une fois ouvert, on ne peut le refermer qu'après avoir lu le mot "fin". La poésie gothique, l'imagerie morbide, le mélange d'ultra-violence et de romantisme rendus réels par la souffrance d'O'Barr font de "The Crow" bien plus qu'une simple histoire de vengeance qu'il est important de découvrir car les mots seuls ne suffisent pas à en exprimer l'essence.

vendredi 18 décembre 2009

Critique de Silent Hill - Sinners Reward



En 1999, l’industrie du jeu vidéo est encore sous le choc d’une révolution vidéo ludique, le terrifiant Resident Evil. Capcom s’est imposé avec ce jeu comme le mètre étalon du jeu vidéo d’horreur, un genre qui débute à peine sur console, avec l’appelation de Survival Horror. (Même si sur Pc, on assiste déjà à quelques tentatives surprenantes, comme le film interactif Phantasmagoria).

Mais Konami, autre société japonaise d’édition de jeux vidéos va créer la surprise en contestant la suprématie de Capcom avec son jeu Silent Hill. Moins orienté action, le titre bénéficie d’une atmosphère aussi mystérieuse qu’effrayante. Mais surtout, les auteurs ont pris la peine d’écrire un scénario mêlant conscient et inconscient, où le symbolique l’emporte sur le concret.



Cette profondeur inédite fait de Silent Hill bien plus qu’un clone de Resident Evil. Le succès est au rendez vous, et la saga a eu droit a 5 autres épisodes (6 si on compte le remake du premier volet qui devrait sortir d’ici quelques mois sur la wii), ainsi qu’une adaptation cinématographique par le réalisateur français Christophe Gans. Ce n’était donc qu’une question de temps avant que d’autres médias ne s’approprient la licence.

La transposition sur papier d’une œuvre créée pour mêler visuel et sons pose quelques questions : comment retranscrire l’ambiance sonore perturbante qui ponctue les jeux et le film ? La peur sera-t-elle encore au centre du récit ?

Comme souvent, les premières cases donnent le ton : le découpage est étudié précisément, de manière à ce que chaque page offre un nouveau mystère. L’univers graphique, plus proche de l’esquisse d’un Gabriel Del’Otto que du crayonné d’un John Romita Jr, créé une ambiance envoûtante, réelle mais aux frontières floues. Le voyage s’annonce mouvementé, et ce avant même que les personnages n’atteignent le panneau « welcome to Silent Hill ».


Une fois le premier épisode terminé, la peur s’installe, mais pas au sens où on l’imagine : 3 épisodes de plus suffiront-ils à construire une intrigue digne de la saga ? Et c’est là que le bât blesse : les dessins sont magnifiques, l’écriture percutante, mais tout reste trop superficiel. L’intrusion du surnaturel est plus un passage obligé qu’un développement, non pas logique, la saga Silent Hill étant plus symbolique que logique, mais au moins approprié.

En ce sens, l’apparition de Pyramide Head, créature emblématique, est totalement gratuite, car dépourvue du sens qu’il avait pour James Sunderland, ou dans une moindre mesure, Alex Shepherd. Alors que l’intrigue était originale, l’utilisation du fantastique n’est qu’une succession de clins d’œil aux jeux et n’apporte pas de profondeur. La conclusion, aussi démonstrative que terre à terre, laisse peu de place aux interprétations, ce qui est regrettable.

Sinners Reward est une œuvre hybride, bénéficiant d’un vrai point de vue artistique qui n’est pas mis en valeur par les figures imposées du genre et un nombre d’épisodes ne permettant pas un développement suffisant.

Les fans de la série auront malgré tout une nouvelle occasion de se rendre dans la ville fantôme, magnifiée par les dessins.

6.5/10

mardi 15 décembre 2009

Critique d'Assassin's Creed Lineage

Bien que la saga Assassin's Creed appartienne avant tout à la famille des jeux vidéos, un comics est en préparation, et la fontière entre les différents médias tend à s'amenuiser, comme le prouvent les comic "Silent Hill" (critique à venir). J'ai donc décidé de publier une critique du moyen métrage canadien.




Lineage est un prologue au jeu "Assasin's creed 2". Son but n'est pas de s'inscrire comme histoire à part entière, mais juste de poser les bases de ce nouvel environnement. Les différents dans lesquels Ezio sera amené à évoluer sont présentés. Les personnages importants nous sont également familiers. L'ambiance de complot à grande échelle, pesante, stressante, est palpable, alliée à un sentiment de menace permanent. En ce sens, il me semble qu'on peut parler d'un bon prologue. La fin, abrupte, laisse un goût amer: on veut en savoir plus. N'est-ce pas là le but de tout bon prologue?

Du point de vue technique, il est évident qu'un moyen métrage, diffusé gratuitement, ne bénéficie pas des mêmes moyens qu'un long métrage. Lineage est un outil marketing, un coup de pub phénoménal, qui inaugure une nouvelle ère dans la vente du jeu vidéo et fera certainement des émules, mais ce n'est pas un blockbuster qui rapportera en lui-même des millions, puisque c'est le jeu qui sera vendu.En conséquence, il paraît absurde d'attendre des effets spéciaux aussi réussis que ceux de "Sin City" ou "300". Néanmoins, le résultat est bluffant, le souci des détails force l'admiration, et l'atmosphère graphique est en phase avec ce que le premier jeu avait imposé, et ce qu'on a pu voir de cet opus.



Au-delà des décors et des costumes, on notera une réalisation ample, qui magnifie les lieux lors de plans larges appropriés, et renforce le sentiment d'oppression dans les lieux exigus. Si on pourra reprocher un montage trop découpé lors des affrontements, l'ensemble reste très lisible et ne gâche jamais les chorégraphies. Les duels sont brutaux mais élaborés, les chorégraphes ont réussi à retranscrire la lourdeur des affrontements à l'épée (car les personnages n'utilisent pas de fleuret, mais de lourdes épées, il est donc normal que les combats paraissent lourds) en livrant des échanges vifs et efficaces, sans tomber dans la parodie ridicule du cinéma de Hong Kong ( "D'Artagnan" avec Justin Chambers...). L'assassin, aussi agile et entrainé soit-il, fait face à des adversaires hargneux et sans doute bien préparés, ce qui justifie largement ses difficultés sans remettre en cause ses capacités.

L'intrigue est une amorce intéressante à ce nouvel univers, le scénariste avançant calmement ses pions sur l'échiquier au rythme d'un suspense bien mené, qui donne réellement envie de connaître la suite des événements.

Lineage est un moyen métrage de qualité, tout à fait dans l'esprit des jeux, et il serait dommage de se priver de ce divertissement pour d'obscures raisons.





PS: si cette critique ressemble à un playdoyer, c'est parce qu'elle a été écrite en réponse à des joueurs acharnés qui jouent les élitistes seuls à même d'apprécier un jeu, estimant qu'un moyen métrage comme celui-ci n'est qu'une vulgarisation indigne d'eu.

mardi 8 décembre 2009

Critique de X-men origins : Wolverine


Wolverine est un personnage symbole d’une nouvelle ère dans le monde des comics. Apparu rapidement dans les pages de Hulk, c’est en 1975 qu’il intègre l’équipe des X-men aux côtés de mutants tels que Colossus ou Tornade. S’inscrivant plus dans la veine de personnages tels que le punisher que du débonnaire cyclope, Logan est un anti-héros ultra-violent, qui va vite devenir populaire. A tel point qu’il aura droit à sa propre série.

Le mystère qui plane autour de son identité ne fait qu’amplifier l’attrait de ce personnage. De nombreuses hypothèses verront le jour, et il faudra attendre 2001 pour en savoir plus, avec la saga « wolverine origins ».

Aujourd’hui, même les gens qui ne lisent pas de comics connaissent ce personnage grâce à la trilogie X-men initiée au cinéma par Bryan Singer. Il n’est donc pas surprenant que ce spin-off voit le jour. Réalisé par Gavin Hood, à qui l’on doit le réputé « Mon nom est Tsotsi », le film allait-il emprunter le même chemin que la saga de 2001 ?

Premier constat, les origines en question sont assez vite expédiées, puisqu’en moins de 6 minutes, on assiste à l’enfance, la découverte des pouvoirs, et la traversée de plusieurs conflits majeurs. A ce titre, le générique qui voit Logan et son frère Victor traverser différentes guerres est esthétiquement réussi, même si un plan séquence les voyant courir le long des conflits et des époques aurait été plus audacieux.



L’ensemble du film souffrira d’ailleurs de ce mal : un emballage correct, mais sans recherche, sans vision… du pur travail de commande en somme. Constat amer quand on a un réalisateur comme Hood derrière la caméra. Le scénario est plus problématique : outre l’enchaînement d’apparitions sans intérêt de personnages, les maladresses sont légions. Loin d’être la boule de nerfs furieuse qu’il devrait, Logan est tellement fade qu’il faut toute l’énergie de Hugh Jackman pour nous donner envie de suivre ses aventures. Les seconds rôles n’ont jamais le temps de briller, de Cyclope qui n’a rien à faire là, en passant par Gambit qui n’a droit qu’à deux malheureuses scènes (alors que le personnage est ici très charismatique)… seul Dents de Sabre bénéficie d’un traitement un peu plus enviable.
Les prestations ne sont pas mauvaises globalement, mais les acteurs n’ont jamais la possibilité de faire vivre leur personnage, qui ne sont rarement plus que des caricatures destinées à caresser le fan de comics dans le sens du poil.

L’intrigue est cousue de fils blancs, sans enjeux, ne rendant jamais la tension palpable comme c’était le cas dans le comics. Mais où est passée Silver Fox ? Et sa mort, qui entretenait la haine viscérale entre logan et dents de sabre…. ??? A la place, on a le droit à une jeune femme sans intérêt, dont la présence n’apporte rien, à la disparition vide de sens….

L’un des inconvénients majeurs est la durée du film : 1h30 pour une histoire qui brasse tant de sous intrigues, on frôle l’inconscience ! Comment créer un univers dense avec tant de personnage sur si peu de temps ? Impossible, et le film le prouve. On pourrait donc s’attendre à un rythme trépidant où les scènes d’action s’enchaînent judicieusement. Malheureusement, il n’y a aucun effort de ce côté-là non plus, et les affrontements (qui durent rarement plus de 1minute) sont au mieux médiocre. Ils sont assez lisibles, mais sans génie, sans éclat, sans rage, à l’image d’un film trop propret pour convaincre.

Après les excellentes surprises que furent « Iron Man » et « Hulk », on ne peut qu’être déçu par ce X-men origins : Wolverine.


vendredi 4 décembre 2009

Le Procès de Oui Oui - conclusion

Chapitre 5 : Le pantin rageur

Et si l’homme avait dit vrai ? Si ses agresseurs n’avaient pas tué Potiron ? Peu importe : s’ils ne l’avaient pas rendu paranoïaque en le harcelant, il ne serait jamais devenu un tyran, et personne ne l’aurait tué ! Il doit leur faire payer ! Quand à celle qu’il a aimée l’espace d’une nuit… il devra l’oublier. Mais elle peut encore l’aider.Maintenant qu’il est caché, il n’a plus besoin de se presser. Il a le temps de préparer son piège… Achetant les différents éléments petit à petit, dans des magasins différents, le pantin prépare ce qui sera son glaive de la justice… Puis vient le moment. Son mélange est prêt. Sa maîtresse, malgré sa réticence l’accompagne au repaire de ses ennemis. Elle essaie une fois encore de le convaincre, mais finit par renoncer en voyant la lueur dans son regard.

Il s’agit d’un grand hagard. Les fenêtres sont trop hautes pour s’en servir comme échappatoire. Le pantin prend alors soin de bloquer les portes. Personne ne sortira d’ici. A l’aide d’une échelle, il atteint l’une des fenêtres, qu’il ouvre sans bruit. Puis, sans prévenir, il lance ses cocktails molotov sur les crapules qui ont harcelé son ami. Ne leur laissant pas le temps de réagir, il les bombarde, leur coupant toute retraite, s’assurant qu’ils mourront par le feu. Et une fois qu’il ne distingue plus que des flammes, il descend de son échelle. La sirène des pompiers finit par retentir. Il s’en va sans se presser. Les responsables de la mort de Potiron ont payé.

Il ne lui reste plus qu’à dire adieu à celle qui aurait pu être la femme de sa vie, et à disparaître. Mais quand il arrive devant l’appartement, la porte d’entrée, qu’elle vient de faire changer, est défoncée, et l’intérieur est sens dessus dessous. Quelqu’un a écrit sur le mur : Si tu veux éviter que d’autres de tes amis ne meurent, retrouve-moi là où tout a commencé.

Alors qu’il pensait ne jamais retourner chez lui, Oui-oui doit s’y résoudre. Empruntant une voiture, il se précipite à son ancienne demeure. S’engouffrant dans l’entrée, il ne trouve personne au rez-de-chaussée. A l’étage, un mot sur le mur lui conseille d’emprunter la trappe d’accès au toit. Une fois en haut, quelle n’est pas sa surprise de se trouver nez à nez avec… l’homme en combinaison argentée ! A l’extrémité du toit, attachée, se trouve sa dulcinée… A l’autre extrémité, il reconnaît Mirou l’ourse en peluche… Et dans la main de son ennemi, une corde qui retient Zim, le chien de compagnie de Mirou, suspendu dans le vide.

« - Tu n’as plus le choix cette fois, tu vas devoir m’affronter !
- Qu’est-ce que vous me voulez ? Vous n’êtes pas un ami de l’autre zouave du futur, alors qu’est ce que vous voulez ?
- Tu as raison. Je ne suis pas son ami. Je suis là pour réparer ses erreurs. En tuant Potiron, il a déclenché un processus qui à terme, fera de toi le plus grand tueur en série que l’histoire ait jamais connu. Tu as déjà commencé à te salir les mains, et ce n’est qu’un début. Et je suis là pour empêcher qu’il y ait une suite à ton histoire. Je devais également me débarrasser de Bob, le zouave du futur comme tu l’appelles, mais je crois que tu m’as épargné cette peine.
- Qu’est-ce qui me prouve que vous dîtes vrai ?!
- Tu n’as qu’à regarder ça. »

L’homme en combinaison argentée jette sa montre à Oui-oui, qui assiste désemparée au journal de 20 h de l’an 2020… le pantin y apprend qu’il est déjà responsable d’au moins 852 morts et qu’il continue de semer la terreur et la destruction…

« - Si vous dîtes vrai, alors pourquoi toute cette mise en scène ? Pourquoi enlever mes amis ? Et quel est votre nom ? J’aimerais connaître le nom de celui qui veut me tuer.
- Appelle-moi Théodore. J’ai envie de m’amuser un peu avec toi. On va voir si tu es aussi fort qu’on le dit. Je vais te donner la corde retenant Zim. S’il tombe, il mourra, et avec son problème de cœur, Mirou le suivra rapidement. A toi d’éviter que ça arrive.
- Pourquoi je voudrais éviter ça, puisque je suis un tueur si horrible ?
- Parce que malgré le goût du meurtre, tu n’as jamais supporté la disparition de tes proches. Et moi non plus. A mon époque, tu as tué toute ma famille, c’est pour ça que j’ai été volontaire. Maintenant tu vas payer ! »

Sans attendre de réponse Théodore envoie la corde à Oui-oui et un sabre, avant d’en saisir un lui-même, puis il s’avance vers le pantin et tente de couper la corde d’un coup de lame. Le nain de bois n’a que le temps de parer, avant que son agresseur ne lui envoie un coup de lame en plein visage, qu’il esquive en se penchant en arrière. Repoussant Théodore d’un coup de pied, il tente de remonter Zim d’un geste brusque, mais doit stopper son mouvement pour éviter un coup de sabre qui tranche la corde en deux. Oui-oui parvient à rattraper le morceau retenant Zim en plongeant en avant, mais se retrouve sur la pente du toit. Théodore tente alors d’écraser son crâne de son sabre, mais le pantin parvient à éviter l’attaque en roulant sur le côté. Plantant son arme dans le toit, Oui-oui s’y agrippe de toutes ses forces, et se hisse aussi vite qu’il le peut, afin de se redresser en haut du toit. Il en profite alors pour attacher la corde autour de sa taille. Désormais face à son adversaire, il lui envoie estocades sur estocades, visant le ventre, les jambes, le visage, tout en parant les attaques incessantes de Théodore. Ce dernier lui envoie un coup au visage, que le pantin dévie en envoyant son sabre sur le côté, avant de contre-attaquer en attaquant le flanc droit de Théodore, qui pare le coup et enchaîne en frappant le tibia droit de Oui-oui, lui découpant la jambe juste en dessous du genou.

Stupéfait, le pantin tombe en arrière et roule sur le côté, écrasant le pauvre Zim qui succombe sous le poids. Mirou, à qui la scène n’a pas échappé, pousse un hurlement, et s’écroule, emportée par une attaque. Alors que Théodore se prépare à en finir, Un coup de feu brise sa lame. Il se retourne pour distinguer son attaquant, qui lui tire une balle en pleine tête. Son corps sanguinolent tombe sur le pauvre Oui-oui, qui n’a plus assez de force pour le repousser. Quelques instants plus tard, une silhouette familière s’approche et l’aide à se débarrasser de son ennemi décédé. Qu’elle n’est pas sa surprise lorsqu’il reconnaît Double-face !

« - Cette créature qui nous a attaqués après notre évasion, on a réussi à lui échapper. J’ai lancé ma pièce, et j’ai décidé de la pister. J’ai vu qu’elle appartenait à cet étrange personnage en combinaison argentée, qui l’a supprimée pour avoir failli à sa mission. Je suis retourné à mes affaires, et puis j’ai recroisé ce type, et ma pièce m’a décidé à le suivre, et finalement à te sauver.
- Tu n’aurais pas pu mieux tomber… il allait me tuer ! Il a tué mon meilleur ami, et c’est à cause de lui que j’ai été enfermé ! Mais toi, il faut que tu partes, quand la police va arriver…
- Le sort en décidera… oui tu as raison, je vais partir. A bientôt petit. Prends soin de toi ! »

Se servant de son sabre comme d’une béquille, le pauvre pantin s’avance vers sa compagne et lui enlève son bâillon.

« Je ne connais même pas ton nom. Lui lance-t-il.
- Je m’appelle Murray.
- Murray ?! Mais c’est un nom d’homme !
- Mon opération est récente, je me suis habituée à mon nouveau corps, mais je n’ai pas encore trouvé un nom qui convienne…. »

Oui-oui ferme alors les yeux, et pousse Murray en arrière, qui part s’écraser quelques mètres plus bas, sur la palissade du voisin. Il s’avance vers la trappe du doigt en clopinant, un sourire mesquin aux lèvres…


FIN