Ce choix graphique est tout à fait cohérent quand on connaît la génèse de l’œuvre de James’O’Barr. Orphelin adopté sur le tard, l’auteur quittera rapidement le foyer pour s’installer avec sa petite amie. Il se met rapidement au dessin et coule des jours heureux avec celle qu’il aime. Mais alors que rien ne semble pouvoir entacher ce tableau, la jeune femme est renversée par un chauffeur de camion ivre et décède.
Terrassé par le chagrin, O’Barr rentre dans la marine où il sert deux ans durant. A son retour, il n’a qu’une idée en tête : se venger de celui qui lui a volé l’amour de sa vie. Hors, l’homme est déjà mort de cause naturelle. O’Barr se lance donc dans la rédaction de « The Crow », espérant trouver un exutoire à sa douleur (il confiera plus tard que l’entreprise n’a pas atteint son but).
Dès lors, comment s’étonner de la violence omniprésente et très graphique du récit ? Mais au-delà des exécutions à la limite du gore, c’est la mélancolie et la poésie qui prédominent, à travers des tirades travaillées et mélodieuses. Le rythme, tout en étant élevé, préserve des moments de calme où le héros se ressource. Les flashbacks sont brefs, présentant des scènes de vie quotidiennes simples mais vraies, à travers des dessins plus fins que ceux de l’histoire.
Esthétiquement, l’ensemble est très réussi. Le noir et blanc sied à merveille à l’ambiance, les personnages ont tous une identité, et le corbeau (dont la ressemblance avec le Joker est évoquée par l’un des personnages) est aussi effrayant que touchant.
Mais la grande force de ce comic c'est qu'une fois ouvert, on ne peut le refermer qu'après avoir lu le mot "fin". La poésie gothique, l'imagerie morbide, le mélange d'ultra-violence et de romantisme rendus réels par la souffrance d'O'Barr font de "The Crow" bien plus qu'une simple histoire de vengeance qu'il est important de découvrir car les mots seuls ne suffisent pas à en exprimer l'essence.
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