dimanche 2 mai 2010

Kick Ass

Démarrée en 2008 par le tandem Mark Millar/John Romita Jr, la série Kick ass a vu son dernier épisode publié aux usa il y a peine 2 mois, le tournage s’est donc fait en parallèle de l’écriture du scénario, ce qui devient évident lors du final, dont Millar avait expliqué les grandes lignes à l’équipe du film, pour un résultat sensiblement différent.


Le film étant une adaptation très proche du comics, cette chronique abordera les deux médias en parallèles, puisque quelques différences méritent le débat. Petit rappel pour ceux qui ne connaissent pas l’histoire : Dave Lizewski est un adolescent lambda. C’est même un nerd, avec toutes les caractéristiques auxquelles on s’attend : les lunettes, les hobbies de geek, l’intellect, et le manque de succès en général, auprès des filles en particulier. Katia, la fille qu’il aime, ne lui prête d’ailleurs pas le moindre regard. Fatigué de cette existence, et désireux d’être utile dans une société individualiste, il s’achète un costume sur Ebay qui va faire de lui un super-héros. C’est du moins ce qu’il espérait.

Ce postulat de départ laisse augurer une œuvre au second degré assumé, et la promotion du film s’est faite sur l’humour très présent et le style parodique. La bande dessinée est très graphique, à tel point que le gore peut parfois mettre mal à l’aise, tout comme certaines scènes de torture franchement écœurantes. On pense notamment à des testicules soumises à l’électricité, et aux têtes explosées à bout portant par des tirs de fusil à pompe. Les moments les plus extrêmes ont été largement édulcorés dans le film, et il n’y a que peu d’effusions de sang.


L’ensemble reste malgré tout violent, et le film a été classé R aux Etats-Unis, ce qui le prive d’un public jeune pourtant ciblé par les nombreuses références. En France, aucune interdiction n’a été prononcée, ce qui n’a pas manqué de décontenancer certains parents qui y voient l’apologie de la violence gratuite, et l’incarnation du démon en film, comme on peut le lire sur certains forums. Bien que la revendication d’une classification adaptée au contenu du film soit légitime, ces propos restent la preuve d’un manque de compréhension ahurissant.

Loin de prôner l’auto-justice, l’œuvre de Millar et Romita remet au contraire en perspective les dérives d’un monde où on laisse les jeunes fantasmer sur une existence faite de gloire et d’héroïsme, alors que la réalité est sale, que le monde est violent, et que les gens sont individualistes. C’est cette opposition entre l’univers romancé des supers héros et la vulgarité de la réalité qui rend l’œuvre aussi pertinente que percutante. A ce titre, on regrettera par contre le remaniement des origines de Big Daddy, le personnage incarné par Nicolas Cage. A noter que ce passage stdesinéa Joh Romita Jr, dessinaeur du comics. Complexe et pathétique dans le comics, il n’est plus qu’une caricature aux motivations aussi classiques que décevantes. Alors que les enjeux de ce personnage s’inscrivaient tout à fait dans le discours général de l’histoire, et appuyaient fortement le caractère insensé d’une telle quête, son traitement dans le film supprime presque complètement cette critique du refus de se confronter à la réalité.


Ce n’est pas tout à fait le cas, grâce à l’une des scènes les plus sérieuses du film, dans laquelle nos héros sont aux mains des mafiosos qu’ils pourchassent. Toute l’horreur de la situation vient du fait que les vrais criminels ne font pas dans le spectacle bon marché, mais qu’ils sont là pour tuer, même si leur mise en scène est plus théâtrale que dans la bande dessinée.

La violence est donc omniprésente, même si édulcorée, sans que cela ne nuise à un message clair sans être trop démonstratif. Difficile de s’expliquer dans ces conditions l’emploi de termes tels que « violence gratuite ». L’humour n’est cependant jamais mis de côté, tout comme l’aspect ultra-référencé de l’œuvre. A ce titre, la bande originale est excellente. L’emploi des thèmes principaux de « Pour une poignée de dollars » ou de « 28 jours plus tard » s’inscrit tout à fait dans le 2nd degré du film, et les musiques composées pour l’occasion possèdent une énergie qui s’accorde tout à fait au montage très (trop ?) dynamique.


Les scènes d’action sont chorégraphiées par Bradley James Allan. Le Brad Allan qui affrontait Jackie Chan dans « Gorgeous » (« Jackie Chan à Hong Kong » en France, titre ridicule s’il en est). Le Brad Allan cascadeur, à qui l’on doit également les combats de « Hellboy 2 ». Loin d’être amateur, il nous livre des combats brutaux et bondissants, rapides, et prenant en compte les qualités de chaque personnage : Kick Ass est brouillon et tape comme il peut, ratant souvent ses ennemis, Big Daddy est une brute qui ne gâche ni ses coups, ni ses munitions, et Hit Girl est une petite psychotique, complètement hystérique. Les affrontements ne manquent pas de punch, et si dans l’ensemble, la mise en image est lisible, le montage trop découpé ne permet pas toujours d’apprécier les affrontements à leur juste valeur. Les scènes d’action sont en tout cas très satisfaisantes, et leur nombre offre un rythme enlevé, sans qu’on frôle l’overdose. L’ennui n’est de toutes manières jamais au rendez-vous.


Le casting s’en donne à cœur joie, et il faut avouer que tout le monde livre un travail exemplaire. Tout en étant fan de John Romita Jr, j’ai eu du mal à m’accrocher à son Dave, plutôt tête à claques. Aaron Johnson est par contre excellent. Nerd dans toute sa splendeur, maladroit et loin d’être héroïque, il campe un Kick Ass très sympathique, auquel on s’attache sans mal. Nicolas Cage est un Big Daddy bien plus charismatique que dans le comics, son costume calqué sur celui de Batman et ses intonations directement reprises d’Adam West dans le show « Batman » des années 60 y étant pour quelque chose. Mark Strong incarne un adversaire bien plus marquant que dans « Sherlock Holmes », mais c’est surtout Chloe Moretz qui remporte l’adhésion avec son interprétation folle de Hit Girl.


Adaptation aussi proche que réussie, « Kick Ass » est un divertissement intelligent et bien écrit, rythmé et drôle, et les quelques changements opérés fonctionnent plutôt bien dans l’ensemble. L’équipe du film se montre plus tendre avec le héros que l’équipe du comics, qui ne lui laisse aucun répit, cependant, même si on a droit à un happy end, tout ne finit pas bien, loin de là, et les retournements de situation sont plutôt bien amenés. La chronologie n’est pas identique, certains noms sont changés, mais l’esprit est là. Si vous avez aimé le comics, vous aimerez le film. Et si vous n’avez pas lu la bd, mais que vous aimez les supers héros barrés, vous aimerez aussi.

8 commentaires:

  1. Je n'ai pas lu le comic mais c'est clairement un des meilleurs films de super-héros (euh enfin si du coup on peut le qualifier ainsi) que j'ai jamais vu avec une fantastique hit-girl aux airs de petite soeur de l'heroïne de kill bill !

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  2. Comme je le disais, le film est très proche du comics, à quelques détails près,que je ne révèlerai pas pour ne pas spoiler à ceux qui ne l'ont pas encore vu.

    Disons que c'est un film de justiciers masqués ;-)

    J'ai une autre excuse pour le revoir maintenat ^^

    Sinon DDaDDy, tu as vu Iron Man 2?

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  3. Pas encore c'est prévu pour mercredi prochain si tout va bien

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  4. Bonjour!

    Le type en armure rouge avec la tronçonneuse, c'est Big Daddy ?

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  5. Bonjour et bienvenue,

    c'est effectivement Big Daddy, qui n'a, comme on peut le voir, pas grand chose à voir avec Batman dans le comics.

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  6. Je regrette un peu que son look n'ai pas été conservé pour le film...

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  7. Je pense qu'ils ont fait ce souhait pour exprimer son côté geek, qu'on découvrait sous un angle très différent dans le comics, via ses véritables origines qu'on ne voit pas dans le film.

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