jeudi 6 mai 2010

Red Robin

Les noms de Damian Wayne, Stephanie Brown, Tim Drake ou Jason Todd ne sont pas familiers pour tout le monde. Celui de Dick Grayson un peu plus. Celui de Robin est par contre connu de presque tout le monde, en grande partie grâce (ou à cause) de la série tv des années 60 « Batman », mettant en scène Adam West et Burt Ward dans des empoignades ridicules.

C’est cette image de garçon en collants qui a nuit à la réputation du personnage, à tel point qu’on trouve sur le net des pétitions pour que Christopher Nolan ne l’inclut pas dans son prochain film sur le chevalier noir (et ce depuis des années, avant même qu’on ait une confirmation de sortie ou une date… et oui, je ne voulais pas rédiger un article uniquement sur ce sujet, mais la conclusion de la trilogie du réalisateur anglais a été officiellement annoncée par Warner Bros pour le 20 juillet 2012). J’ai déjà défendu le caractère indispensable de Robin à travers ma critique de « A Lonely Place Of Dying ».



La série qui nous intéresse vient nous rappeler que l’expression « bat-famille » n’est pas superflue. Tim Drake, ou plutôt Tim Wayne depuis que Bruce l’a adopté dans les pages de « Face The Face », est donc le troisième Robin, qui vient de céder son costume et son titre au fils naturel de Batman, le jeune Damian. Suite aux événements de « Final Crisis 6 », Tim est persuadé que son mentor n’est pas mort, et va enquêter autour du monde, créant des alliances surprenantes, avec Ra’s Al Ghul notamment.

Le choix de reprendre le costume d’un ennemi que Tim a affronté récemment avec des conséquences dramatiques en dit long sur l’humeur du héros lorsque l’intrigue, qui s’étale sur 12 épisodes, démarre. Il est énervé, il se sent seul (personne ne croit sa théorie), et il fera tout pour retrouver son mentor, même si ça implique de briser quelques règles qui lui sont chères. La violence est omniprésente, le personnage est plus torturé que jamais, et il entame un tournant décisif de son existence : sortir de l’ombre de celui qui l’a formé et adopté. Ce qui n’est pas sans rappeler la création de « Nightwing », identité qu’avait adoptée Dick Grayson après avoir abandonné son rôle de Robin.



Mais Tim n’est pas un Dick plus jeune. Il est plus calculateur, plus incisif, alors que Grayson est lumineux et blagueur. L’écriture de Chris Yost est vraiment intéressante. Plutôt que de chercher à en mettre plein la vue au lecteur en enchaînant les révélations farfelues, le scénariste préfère étudier ses personnages en profondeur, et faire constamment évoluer leur psychologie. Le red Robin de l’épisode 1 n’est absolument pas celui de l’épisode 12. Bien sûr, les coups de théâtre sont au rendez-vous, et tout ne se passe pas comme on pourrait le croire. On pense notamment à des échanges mortels très brutaux.

Mais le plus surprenant reste l’intégration très réussie du titre dans la continuité de l’histoire de Batman. Les intrigues lancées par Paul Dini dans « Streets of Gotham » (une des séries les plus décevantes du nouveau batman) et surtout par Grant Morrison (qui reste le cerveau derrière les contours de l’ensemble de la grande histoire) dans « Batman and Robin » sont non seulement évoquées ici, mais employées pour avoir du sens, pour créer un tout cohérent. A ce titre, la conclusion du titre renvoie avec succès au titre phare « Batman and Robin », qui finit dans 3 épisodes, et donc le suspense éclatant ne cesse de nous tenir en haleine.



Alors qu’on avait la sensation dans un premier temps que « Red Robin » éloignait Tim Drake de sa famille, et l’écartait de l’intrigue principale, les derniers épisodes le remettent au centre des événements avec intelligence, lui permettant même de mettre un point final à des problèmes que le reste de la famille ne parvenait pas à résoudre. Le run en lui-même contient son lot de morceaux de bravoure. Les combats sont assez nombreux et très détaillées. Ils tiennent tout à fait compte de l’esprit de stratège du jeune Tim, et symbolisent son évolution en adulte maître de son destin. Mais c’est surtout sa compréhension des événements et l’élaboration de plans sur le long terme qui en font un héros à suivre.

Au final, le titre tient toutes ses promesses, et s’inscrit avec beaucoup de bonheur dans l’ensemble de la mythologie actuelle du chevalier noir.

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