“Matt Murdock dared evil and lost”. Voilà l’une des phrases d’accroche que l’on peut lire dans le résumé de Shadowland, un event qui a le mérite de se centrer sur le protecteur de Hell’s Kitchen, qui ne joue généralement qu’un rôle mineur dans les histoires les plus importantes de l’univers Marvel. Et en effet, cette citation synthétise l’ensemble du run d’Andy Diggle sur le personnage, scénariste diabolique qui aura tout mis en œuvre pour ruiner la réputation du héros. La popularité de l’avocat aveugle a toujours été fluctuante, mais depuis le « Guardian Devil » de Kevin smith et Joe Quesada, le titre avait connu une expansion, tant qualitative que commerciale qui ne s’était pas démentie. Il faut dire que les runs successifs de Brian M. Bendis et Ed Brubaker n’épargnaient pas le héros et le plongeaient dans des histoires d’une grande intensité, immergeant le lecteur dans un tumulte de dangers, de suspense et d’action. Le passage de flambeau entre les différents auteurs s’est fait à un moment où le statu quo était bouleversé, modifiant chaque fois plus radicalement le monde du héros. Lorsque Diggle met sa plume au (des)service du personnage, c’est pour en faire le leader de la main, une société secrète japonaise, dont les ninjas sont prêts à mourir pour accomplir leur cause. Daredevil compte au contraire en faire une armée au service du bien, afin de purger définitivement Hell’s Kitchen des vices qui la rongent. Et il a fort à faire avec le retour du Caïd et de Bullseye. Shadowland est donc la continuité de cette histoire, d’ailleurs le titre principal ne se suffit pas, et il faut lire en parallèle « Daredevil » pour connaître l’intégralité de l’intrigue. Et si l’on en croit la liste d’épisode de la maison des idées, les nombreux one-shot mettant en vedette des seconds rôles de cet event, tels que Spider-man ou Elektra sont indispensables. Bien sûr, et comme souvent, la vérité est tout autre. Les épisodes en question se présentent comme des introspections, censées mettre en valeur les tourments des héros qui assistent impuissants aux agissements déviants de leur allié et ami. En plus de ne rien apporter de concret à l’intrigue, ils sont particulièrement redondants, puisque tous ces questionnements sont exposés à l’excès dans le titre principal.
Car Diggle ne semble pas avoir une grande confiance en ses lecteurs et en leur capacité à retenir les éléments d’intrigue. Pas plus qu’il ne semble savoir quoi raconter. L’histoire en elle-même est découpée sur 9 épisodes, 5 pour « Shadowland », puis 4 pour « Daredevil ». « Daredevil 512 » est un peu à part, puisqu’il fonctionne davantage comme un épilogue que comme une part réelle de l’histoire. A ce premier épilogue s’ajoute « Shadowland : After The Fall », qui n’est autre… qu’un second épilogue. Si l’on accepte de prendre en compte ces 11 épisodes comme étant l’intégralité de l’event « Shadowland » (puisqu’à part le deuxième épilogue, tous sont au moins co-écrits par Diggle), on peut sérieusement s’interroger sur la sincérité de Marvel envers ses fans. L’histoire est en effet tellement insipide qu’il serait aisé de la réduire à 3 actes, chacun comprenant un épisode, donc 3 épisodes. Etant donné les annonces récentes de la maison des idées sur l’avenir du héros, la description de ces 3 actes ne constitue pas un véritable spoiler, même si certains préfèreront ne pas la lire. SPOILER : Acte 1 : Daredevil a pris le contrôle de Hell’s Kitchen et joue les maîtres de dongeon. Il assassine froidement Bullseye, se mettant les héros à dos. Acte 2 : bataille durant laquelle tout semble perdu pour les héros, y compris l’âme de Matt, pendant que la caïd complote en secret. Acte 3 : les héros battent le démon, matt va se confesser à l’église et part sur la route. FIN DU SPOILER.
Le premier épisode de shadowland illustre totalement l’incapacité du scénariste à raconter une histoire logique. Outre l’évasion risible de Bullseye, digne d’un film de série B des années 80 (le découpage de la scène est par contre assez réussi), on rira du meeting des vengeurs, qui annonce une implication importante de leur part, alors qu’on ne les reverra plus jamais dans le récit. Puis Luke Cage et Iron Fist discutent de leurs doutes sur l’attitude de Matt. Ce qu’ils ne cessent de faire depuis que Bendis a écrit son run. Ce dialogue insipide n’est d’ailleurs que le premier d’une longue série de discussions entre les deux personnages, dont l’issue sera toujours identique. L’impardonnable se produit alors (et, comme tout ce qui se passe dans cette histoire, il se reproduira plusieurs fois) : l’un des personnages, en l’occurrence Bullseye fait un commentaire qui renvoie directement à l’incompétence du scénariste. « Epargne-moi ce vieux refrain ». Pourquoi Diggle n’a-t-il pas écouté le conseil qu’il a lui-même écrit, ne nous épargant aucun des recettes déjà largement éprouvées par d’autres scénaristes plus convaincants ? Entre l’inévitable confession d’un Matt qui n’est pas rentré dans une église « depuis trop longtemps », son départ sur la route, qui s’annonce, d’après la qualité du premeir épisode de « Daredevil Reborn » (toujours pas Diggle), comme du Nocenti du pauvre, en passant par les interminables jérémiades des alliés et leurs débats puérils, tout a déjà été vu des dizaines de fois. Matt fonçant dans le mur pour repartir sur de meilleures bases est un schéma tellement usé qu’on est presque soulagé de voir le héros céder sa place à un autre justicier (dont les deux premiers épisodes sont d’ailleurs excellents).
On serait tenté de croire, à la fin de l’épisode d’introduction, et malgré ses nombreux défauts que le reste de l’histoire va bénéficier d’un traitement plus audacieux, le sort réservé à Bullseye étant aussi brutal que percutant. Qui n’a pas imaginé cette scène des dizaines de fois ? Ce traitement radical ouvre effectivement des possibilités très intéressantes, les implications morales étant fortes. L’apparition du punisher dans un tel contexte, étant donné ses relations avec Daredevil, pouvait d’ailleurs être passionnante. Mais au-delà du fait qu’une confrontation entre ces deux personnages a déjà eu lieu sous la plume de Brubaker (sans réellement convaincre d’ailleurs), l’anti-héros n’est finalement quasiment pas exploité, et sa présence n’apporte rien d’un point de vue narratif. Il n’est d’ailleurs pas le seul à ne faire que de la figuration, le but étant de faire apparaître le plus de héros. On l’a déjà vu, les vengeurs se montrent le temps d’un discours, sans que cela ait une quelconque influence sur le récit, mais la sous intrigue de Moon Knight, sensiblement plus longue, est tout aussi inutile et ne changera en rien le cours des événements. La palme revient tout de même à Ghost Rider, qui se présente dans un épisode, et ne réapparaît que trois épisodes plus tard, pour… ne servir à rien. Si l’auteur ne l’avait pas employé, rien n’en aurait été changé dans l’histoire… si ce n’est sa longueur. Et les exemples ne manquent pas. Cette utilisation artificielle des seconds rôles est réellement agaçante, mais ne peut pas rivaliser avec la répétition incessante de scènes identiques sans conséquences sur l’intrigue. Foggy et Dakota North ont ainsi pour seul rôle de se faire attaquer (à chaque fois sur une dizaine de pages), dont deux fois dans des circonstances similaires. De même, Foggy va débattre à plusieurs reprises avec Becky, sans qu’aucun d’eux n’apporte de nouveaux éléments, et ce même lorsque la situation est réglée. D’ailleurs, les personnages sont écrits en dépit de leur personnalité. Voir Franklin Nelson escalader à mains nues une muraille est plutôt ridicule, mais le voir s’obstiner à déclarer « Matt est mon ami, il est trop cool, vous êtes tous des méchants » est assez désespérant. Bendis avait réussi à le décrire comme loyal et digne, tout en montrant qu’il faisait preuve de suffisamment de recul pour condamner certains actes de son ami, et le conseiller.
Mais Diggle semble conscient qu’il ne comprend pas ses personnages, et pour nous convaincre qu’il sait ce qu’il raconte, il bourre les épisodes de scènes sans aucune subtilité, comme lorsque les yeux de White Tiger sont rouges, afin qu’on soit certain qu’elle est démoniaque. Ou encore quand Matt est possédé, et fixe le lecteur de façon diabolique en lâchant un « yessssss » pervers. N’oublions le nouveau costume, gris foncé et rouge, parce que quand on rejoint le côté obscur, il faut que ça se voit !
Sans compter que les dialogues sont d’une bêtise affolante. Présence de ninjas oblige, il faut bien mettre des phrases philosophiques. Et Diggle a du se creuser les méninges pour écrire des inepties comme « Ton amour pour Murdock te rend aussi aveugle qu’il ne l’est » ou « Il y a le bien et il y a le mal. Ceci est mal et tu le sais » ou encore « La justice c’est ce qu’on en fait ». Si Dc s’est démené l’an dernier pour livrer des monuments du nanar avec le « Batman Oddyssey » de Neal Adams, et le « Batman Wydening Gyre » de Kevin Smith, Marvel a organisé une riposte agressive en mettant Diggle aux commandes de Daredevil et de « Shadowland ». Son obstination à marteler le crâne du lecteur avec des scènes et des dialogues identiques frôle le harcèlement moral, comme s’il tenait à ce que tous mettent fin à leur abonnement au titre. Dans le même ordre d’idée, comment expliquer que « Daredevil 509 », listé après « Shadowland 2 », se déroule avant ? Les aberrations s’enchaînent avec autant de constance que d’insistance, à tel point qu’on ne sait rapidement plus si l’on doit être consterné ou rire. Shang Chi se lamentant de ne plus être le roi du kung fu alors que New York est sur le point de disparaître sous une dictature féodale de l’enfer a tout de même quelque chose de risible. Puis, alors qu’on ne s’y attend pas, un événement qui s’est déjà déroulé 3 fois auparavant va à nouveau arriver. Izo va par exemple passer presque 9 épisodes à nous expliquer le mal qui frappe ce pauvre Matt Murdock, qui reste tout de même plus chanceux que ses fans obligés de subir son agonie artistique. Les héros souffrent peut-être de voir leur ami devenir un chef de secte au rictus rappelant Fu Manchu, mais les lecteurs souffrent encore plus en découvrant qu’on peut leur infliger un tel « event » sans impunité. Si l’enfer existe, son horreur doit être aussi atroce que l’écriture d’Andy Diggle. Et qu’on ne me dise pas que « Shadowland » pavé de bonnes intentions ! Difficile de croire que le scénariste ne se moque pas de ses lecteurs quant en fin de récit il fait demander à J. Jonah Jameson « Mais où sont les vengeurs quand on a besoin d’eux », mettant une fois de plus la spectaculaire ineptie de son script. Sans enjeux, sans tension, sans idées, seules les scènes d’action pourraient sortir le lecteur de sa léthargie, mais les figures acrobatiques de plus en plus ridicule de Daredevil font davantage penser à un fakir sous amphétamine qu’à un athlète possédé par un démon. Et quand finalement le dénouement se profile, il est expédié avec un tel je m’en foutisme qu’on comprend que « Shadowland » est bel et bien un canular. Constat renforcé par les propos récents de Quesada qui chante les louanges du titre, vantant son travail de rédacteur en chef, un poste où on sera heureux de ne plus le voir d’ailleurs, tant ses choix artistiques ont été douteux et même puérils ces dernières années. Non Monsieur Quesada, « Shadowland » n’est pas une bonne histoire, c’est même difficilement une histoire tout court, et comme le désastereux « One More Day » dont vous êtes à l’initiative, il témoigne d’un manque de considération désolant à l’égard des lecteurs. Bien sûr, il est important qu’une maison d’édition de montre audacieuse et soit prête à ne pas écouter aveuglément les fans, mais de là à se moquer d’eux comme vous le faîtes, il y a une nuance non négligeable.
Pourtant, et malgré la déception, l’incompréhension même, on veut y croire jusqu’au bout, on se dit que l’épilogue sera salvateur, mais l’épisode 512 de Daredevil est d’une nullité tellement abyssale qu’on a la sensation que Diggle veut s’assurer que plus personne ne veuille jamais plus entendre parler de Matt Murdock. Il tente même de nous faire mépriser les runs d’auteurs bien plus talentueux, en singeant par exemple Ann Nocenti dans un « Daredevil Reborn » dont le premier épisode est encore plus mal écrit que tout ce qu’il a pu faire jusque-là. Mais ça ne s’arrête pas là, car on a droit, comme expliqué précédemment à un deuxième épilogue, moins atroce, mais qui reste insipide. On notera tout de même un ou deux passages bien rédigés, comme la discussion finale sur l’influence de Daredevil à Hell’s Kitchen, prouvant que Anthony Johnston est un auteur à ne pas surveiller mais tout de même meilleur que Diggle.
Après des années d’exception, le diable de New York quitte la scène de façon désolante, et on ne peut que le regretter. D’ailleurs, tout porte à croire que dans les années à venir, on pourra parler de « Shadowland » comme de l’équivalent du « Batman Et Robin » de Joël Schumacher…
Merci pour ton article, je sais maintenant combien shadowland est médiocre et c'est assez effrayant. Surtout qu'en tant qu'event car Marvel était assez vigilant/voyant sur la qualité de ses crossover mais apparemment ils ont laissé passer un truc à vingt mille lieux en dessous de World War Hulk. Et Daredevil va être tristement célèbre pour ça c'est franchement dégueulasse ! Diggle c'est bon je le boycotte à vie !
RépondreSupprimerNote plus joyeuse : j'aime beaucoup ta nouvelle déco mais mine de rien tu possèdes plus de VF que je pensais lol
Content que la déco te plaise! J'avais envie de quelque chose de plus personnel. L'ancien logo était très réussi, mais il n'était pas de moi, alors j'ai pensé que c'était un investissement logique. Je suis encore en train de travailler dessus, la photo en elle-même me plait, mais le titre ne ressort pas assez! Oui, j'ai en effet pas mal de publications vf (de moins en moins cela dit), car je trouve qu'il est important de favoriser l'édition de comics en france. Mais la politique de panini est souvent irritante, et comme je n'ai pas envie d'attendre 2 ans, je me fournis beaucoup, et presque exclusivement maintenant, en vo. J'envisage par contre d'acheter "le retour de bruce wayne" en vf, bien que je l'ai lu en vo. C'est un récit d'une telle densité que je pense mieux en assimiler les détails en français (même si l'intrigue est tout à fait compréhensible en vo).
RépondreSupprimerSinon pour diggle, je ne lui laisse plus le bénéfice du doute c'est évident. Il a eu largement assez d'épisodes pour se rattraper, et on dirait qu'au contraire c'est de pire en pire. Je lirai malgré tout "daredevil reborn" (même si le premier épisode est d'une nullité écoeurante), car je tiens à connaître le destin de notre Matt!
Par contre ne t'inquiète pas trop pour DD; car bien qu'il soit au centre de l'event, on ne fait que l'apercevoir. Il est d'ailleurs presque omplètement absent des épisodes de "aredevil" 508 à 512
RépondreSupprimerEn tout cas c'est très réussi quoique pour définitivement bien représenter ton blog je dirais qu'il manque un ou deux DVD de film de zombies !
RépondreSupprimerJe veux également connaître le devenir de Matt donc pour ça je pense que je suivrais le strict minimum de l'ère DD sous Diggle.
Merci! C'est vrai que j'aurais pu ajouter d'autre dvds et livres dédiés aux zombies, mais je voulais insister davantage sur le côté comics, qui est plus représenté dans les articles, et reste la base du blog !
RépondreSupprimerPour la futur de DD, je ferai un article sur DD reborn quand il sera terminé.... pfou vivement!
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