mercredi 3 novembre 2010

The Walking Dead - avis sur l'épisode pilote

Un homme s’éveille dans un lit d’hôpital pour découvrir une ville à l’abandon, avant d’être confronté à des morts-vivants mangeurs de chair. Ce résumé rappelle le film de Danny Boyle « 28 jours plus tard ». En vérité, Robert Kirkman avait une idée bien précise du début qu’il voulait donner à sa bande dessinée « The Walking Dead » bien avant que le film anglais ne soit diffusé, c’est pourquoi il ne s’est pas laissé décourager par cette annonce. Le succès du comic est tel que le projet d’en réaliser une adaptation télévisée n’était pas surprenant. Les moyens semblaient importants, et la participation de Frank Darabont à la mise en scène était des arguments de taille. Révélé par son film « Les Evadés », adaptation d’une nouvelle de Stephen King (« The Shawshank Redemption »), l’artiste a démontré son aisance à dépeindre des personnages attachants et vrais, mais aussi à construire des ambiances. Son film « The Mist » est une étape de sa carrière, car le surnaturel y a une place prépondérante, et l’horreur y est vraiment marquante. Ce n’est pas tant la qualité des effets spéciaux que le traitement du drame humain qui donnait sa force à un final mémorable.



Darabont était donc le réalisateur tout indiqué pour adapter « The Walking Dead », œuvre horrifique au traitement intimiste. J’ai fait le choix de ne pas lire la bande dessinée avant de regarder la série, afin de ne pas m’arrêter aux qualités de l’adaptation, mais d’apprécier les épisodes pour l’ensemble de leurs qualités, avec un regard « innocent ». Dès les premiers plans, on constate que le réalisateur n’a pas fait de concessions au grand public. La mise en scène est faite à l’ancienne : succession de plans d’ensemble d’une durée de plusieurs dizaines de secondes et pas de caméra à l’épaule qui se secoue dans tous les sens. Les images sont belles et soignées, mais l’aspect classique de la réalisation n’est jamais synonyme de paresse ou d’austérité. Au contraire, le montage est dynamique, la caméra est presque toujours mobile, et l’ensemble est toujours lisible. Ces mouvements amples de la caméra favorisent largement l’immersion et donnent un côté vertigineux tout à fait bienvenu à certaines scènes. Le meilleur exemple de cette maîtrise réjouissante est un accident de voiture. Le véhicule effectue plusieurs tonneaux, que le spectateur a tout le loisir d’admirer sans avoir la sensation de regarder une vidéo de sécurité.


A une époque où la grande majorité des films et des séries d’horreur usent et abusent des montages clippesques, l’effrayante tranquillité de la réalisation de Darabont est tout simplement jouissive. A ce titre, l’introduction similaire à celle de « 28 jours plus tard » permet de comparer deux approches très différentes. Modernité contre classicisme et infectés contre zombies. Les deux parti-pris sont appréciables, mais au milieu de l’avalanche de films de morts-vivants et d’infectés rééalisés de la même manière, l’épisode pilote de « The Walking Dead » est une vraie bouffée d’air frais. C’est avec plaisir qu’on constate que la lenteur des « marcheurs » ne les rend pas moins dangereux. Leur démarche lente n’a d’égale que l’inéluctabilité morbide de leur avancée. Enfin, leur nombre constitue l’un des dangers majeurs, qui fait de leur vitesse réduite un détail.

Mais comme l’a prouvé le très mauvais « Zombie Nation », des maquillages au rabais suffisent à enlever toute crédibilité (ce n’était cependant que l’un des nombreux défauts du film). Par chance, tous les aspects de « The Walking Dead » bénéficient du même soin, et les corps en décomposition sont aussi réussis que convaincants. Qu’il s’agisse de cadavres putréfiés entourés de mouches ou des morts-vivants, tout est fait pour créer le malaise et rappeler que la mort n’est pas une source de plaisanterie. Sur le plan visuel, on appréciera également le clin d’œil à « Massacre à La Tronçonneuse » lorsque la caméra s’arrête sur la charogne d’un lapin au milieu de la route. Malgré la qualité des effets spéciaux, le traitement n’est pas racoleur. Ce n’est pas tant l’horreur en tant qu’éléments de divertissement qui est privilégiée, mais plutôt le drame humain de cette situation apocalyptique. L’action reste bien présente, mais le rythme est plus contemplatif que trépidant. Quelques têtes explosent, mais sur une heure d’épisode, il n’y a que deux courtes scènes d’action. La première est une fusillade entre forces de l’ordre et criminels. D’une brutalité et d’une violence sèche et réaliste, elle bénéficie d’un montage dynamique et lisible, qui rappelle le final d’anthologie de « Devil’s Rejects » de Rob Zombie. La seconde met en scène un de nos héros face à une véritable armée de morts-vivants. Pleine de tension et de suspense, elle est aussi intense que brève.

 


La qualité est constante tout au long de l’épisode, tout comme le refus de céder aux artifices faciles. A ce titre, l’ambiance sonore, très réussie, exploite les silences pesants avec beaucoup d’efficacité. La musique, peu présente, est de grande qualité et en adéquation avec l’atmosphère. Mais au-delà des aspects techniques et de la mise en scène, ce sont l’interprétation et l’écriture qui font de ce premier épisode un divertissement réussi. Non pas que le scénario soit d’une complexité ou d’une originalité hors du commun. Mais on est loin des clichés inhérents au genre, et les personnages bénéficient d’une véritable psychologie. Plutôt que de s’épancher dans de longues scènes caricaturales, ce sont de petites touches qui illustrent l’état d’esprit des personnages, les souvenirs déchirants, comme cette poignée de porte, qui tourne pathétiquement, ou une conversation un brin sexiste, qui débouche sur un véritable échange sur les problèmes d’un couple. Des problèmes que tout le monde pourrait rencontrer, et non pas des occupations que seuls les personnages d’un soap opéra pourrait avoir.


Ce pilote donne a mis la barre haut, et il n’y a plus qu’à espérer que l’ensemble du budget de la série n’a pas été réservé à ce premier épisode, mais si la qualité est toujours au rendez-vous, « The Walking Dead » devrait faire partie de ces quelques rares séries qui comptent.

3 commentaires:

  1. Je n'ai pas non plu lu le comics malgré tout le bien que j'en entend parlé mais cette serie tv est une bonne nouvelle ça change de toutes les séries policières ou hospitalières existants, vivement que la série soit diffusée chez nous

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  2. exactement. Après c'est vrai aussi que les zombies sont un peu partout, bd, jeux vidéos, etc, mais là le traitement est de haut vol, techniquement c'est réussi, et la réalisation de darabont est incroyable. Espérons que la diffusion ne tarde pas trop!

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  3. J'ai regardé le pilote hier et je suis assez d'accord avec cette critique!! C'est effectivement plus un drame que de l'horreur, bien filmé, ça a du cachet.
    J'ai aussi écris une critique du premier épisode sur mon blog :))

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