lundi 15 novembre 2010

Dc universe halloween special 2010

Si fêter les morts est une tradition que l’on trouve dans un grand nombre de cultures, les modalités de cette célébration ne sont pas toujours les mêmes. Bien que nous fêtions la toussaint, Halloween n’a jamais connu chez nous le succès que cette fête rencontre dans les pays anglo-saxons, et plus particulièrement aux Etats-Unis. Ce constat s’explique certainement par l’origine historique de cet événement. Si on découpe le nom d’Halloween, on obtient « All Hallows Eve », c'est-à-dire « le soir de tous les saints ». Pourtant, le symbole le plus récurrent est la citrouille, et ce sont bien les zombies, les vampires et autres créatures monstrueuses qui peuplent les rues le soir du 31 octobre.

De nombreux films et séries ont pris pour contexte cette date si particulière, et en 2007, Dc Comics a lancé l’idée d’un épisode spécial, mettant en scène ses personnages les plus célèbres dans de courtes histoires mêlant surnaturel, héroïsme et folklore. Le succès aidant, les lecteurs ont eu droit à un épisode spécial chaque année depuis, à la manière du Simpson Horror Show, épisode horrifique présent dans chaque saison.


 Bien sûr, il est inutile d’attendre une résonnance avec la continuité du moment, le but est de divertir dans un style qui n’est pas sans rappeler les « Contes De La Crypte ». C’est l’homme chauve-souris qui ouvre le bal dans un véritable conte aux couleurs pastelles du plus bel effet. On est immédiatement séduit par l’atmosphère graphique, très travaillée. Plusieurs versions du chevalier noir taquinent Jonathan Crane, l’épouvantail, attaché à une chaise. Ainsi, le Batman de « The Dark Knight » donne-t-il la réplique à celui de « The Brave and The Bold ». Les couleurs, chaudes, privilégient l’orange et le bleu pour un résultat qui illustre parfaitement l’insouciance, la gaieté et les joies simples des jeux d’enfants, s’amusant à interpréter leur héros. Au-delà de la situation cocasse (un criminel qui a fait de la peur son arme de prédilection maintenu en détention par trois enfants), ce sont les dialogues, bourrés d’humour qui font de cette première histoire un vrai plaisir. L’auteur prend même la peine de faire référence à l’épisode spécial Halloween de 2009.

Mais c’est surtout une facette peu exploitée du chevalier noir qu’on retrouve avec plaisir. Dernièrement, David Finch, plus connu pour ses talents de dessinateur, confiait à propos de son futur « Batman : The Dark Knight », qu’il souhaitait revenir à une vision plus haineuse et vengeresse du héros, toujours habité par la mort tragique de ses parents. En somme, l’auteur se propose de nous ressortir le Batman version Frank Miller du placard. Pour beaucoup de lecteurs et d’artistes, le héros semble avoir été créé dans les pages de « Batman Year One ». Et même si cette histoire a redéfini les bases modernes du mythe, le croisé masqué était déjà vieux de 46 ans d’histoires avant que Miller ne le reprenne en main. De plus, après les épreuves qu’a traversé le personnage ces dernières années, refaire de lui un sociopathe en puissance, souvent plus proche de la caricature (comme l’a prouvé Miller justement dans ses crossovers Batman/Spawn et son « All Star Batman And Robin ») que du personnage écrit, constitue, à mon sens une régression. Bruce Wayne est un adulte qui a eu à sa charge plusieurs adolescents et les a guidés. Il a bien sûr commis des erreurs, mais ces rencontres lui ont permis de canaliser sa rage, de se recentrer sur son objectif et de développer son humanité. Dernièrement, Grant Morrison a mis en valeur l’apprentissage zen du héros, et sa recherche de spiritualité, afin d’être en paix avec ses démons, et de « renaître » en quelque sorte.



L’ensemble du run de l’artiste écossais depuis « Batman And Son » illustre justement l’évolution psychologique d’un personnage, qui est à présent capable de se remettre en question afin de développer son potentiel, mais aussi celui des membres de sa « famille », qu’il a bien l’intention de ne plus traiter comme de simples alliés. Refaire de lui un solitaire qui agit seul, sous l’impulsion de la colère ne semble donc pas en phase avec le personnage tel qu’il nous est présenté actuellement. Dans l’épisode 78 du dessin animé de « La Ligue des Justiciers », intitulé « Epilogue », Terry Mcginnis, le batman du futur, est confronté au vrai visage de Bruce Wayne. Tout d’abord présenté comme un vieillard intransigeant et égoïste, n’ayant à cœur que sa mission et n’ayant aucun respect pour ses proches, ce dernier va être montré sous son véritable jour le temps de quelques anecdotes aussi pudiques que touchantes. Les auteurs ont eu à cœur de rappeler que la mission de Batman n’est pas de se venger, mais de se soucier avec humanité de ceux qui souffrent et de les protéger dans le respect de la dignité. Cet aspect n’est pas toujours mis en valeur malheureusement. Mais dans cette petite histoire d’Halloween, le temps d’un sourire, le temps d’un bonbon, le héros cesse d’être la terreur de la nuit, et montre un visage humain à des enfants, en leur apprenant le respect, même de criminels comme l’épouvantail.

Moins axée sur le développement des personnages, la seconde histoire met en scène Dick Grayson et Damian Wayne, les Batman et Robin actuels, dans une chasse aux vampires au fond d’un tombeau. L’accent est mis sur l’action, et le faible nombre de pages ne permet pas de développer une intrigue sans grand intérêt. On ne s’ennuie pas, puisque les événements s’enchaînent sans temps morts, mais on assiste à rien de réellement marquant. L’écriture n’est pas de la même qualité que dans la première histoire où un simple dessin exprimait tant de choses. Graphiquement, le style est d’ailleurs bien plus classique, typique du comic tel qu’on en trouve des dizaines chaque semaine.


Visuellement, les choses ne vont pas s’arranger dans une histoire mettant en scène le flash le plus célèbre, Barry Allen, revenu d’entre les morts dans « Final Crisis » et la créature de Frankenstein, une fois de plus appelée elle-même Frankenstein. Malgré le faible nombre de pages, l’histoire est intense et se paie même le luxe de surprendre le lecteur. L’humour est une fois de plus présent, et le twist final est tout à fait dans l’esprit des séries TV d’horreur comme « Les Maîtres de L’Horreur » ou « Fear Itself ».

C’est ensuite la rencontre entre Dead Man et Wonder-Woman au milieu d’un rituel censé faire acquérir les pouvoirs d’un dieu à Felix Faust qui nous est contée. Si l’action est au premier plan, les personnages restent bien écrits, et la conclusion est touchante. Dead Man est émouvant dans cet épisode, sa solitude pesante est compréhensible et on a plaisir à le voir rencontrer un happy end.

Les teen titans vont à leur tour faire preuve d’humanité dans un récit plutôt anecdotique, mettant l’accent sur la tolérance, et même l’acceptation de l’autre dans sa différence. Le final avec superman reste malgré tout plus intéressant. Il remet en perspective tant le regard qu’ont les enfants sur superman que la relation qui unit l’homme d’acier à certains de ses alliés ou amis. La complémentarité en Clark Kent et Bruce Wayne est particulièrement bien mise en valeur, et la sensibilité du héros est exploitée avec beaucoup de finesse, avant de conclure cet épisode spécial sur un conseil plein d’espoir « ne laissez jamais la peur vous guider les enfants. »

Le format ne permet pas réellement aux scénaristes de s’appesantir sur des histoires complexes, mais il y a une véritable unité d’ensemble, grâce à l’humour et l’humanité qui caractérisent ces histoires tout à fait dans le ton. Une façon tout à fait appropriée et agréable de se plonger dans l’ambiance de cette fête si particulière.

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