Dès la sortie de son film "Silent Hill", le réalisateur Christophe Gans avait annoncé qu'il prévoyait une suite. Le projet a été gelé un moment, mais on vient d'apprendre que Michael J. Basset, responsable entre autre du très sympathique film d'horreur "La Tranchée" (avec Jamie Bell, acteur de Billy Elliot et interprète du futur Tintin), et de l'adaptation de "Solomon Kane". Habitué aux ambiances surnaturelles, et s'appliquant à travailler ses personnages, Basset semble un choix pertinent. Reste à voir comment il va adapter le scénario du jeu "Silent Hill 3" avec les éléments d'intrigue laissés en suspens ) la fin du premier film. L'artiste explique que comme Christophe Gans, il tient à conserver l'ambiance et le design des jeux, ce qui est déjà une bonne nouvelle. Il insiste également sur sa volonté de faire un film réellement effrayant, ce qui faisait défaut au premier opus d'ailleurs, et son parti-pris est de développer ses personnages autant que possible, indispensable pour un Silent Hill. Cette annonce d'un deuxième filmn prévu pour 2011, est donc l'occasion idéale pour rédiger un avis sur le deuxième jeu de la saga!
2 ans et une génération de console plus tard, ce sont les modalités nécessaires pour donner une suite au hit de konami sorti en 1999 sur playstation. Encore que suite ne soit pas le terme approprié, puisqu’on ne retrouve aucun des protagonistes du premier jeu. Tous les opus ne sont pas indépendants, d’ailleurs les références sont nombreuses dans la saga, mais s’il y a bien un personnage récurrent, c’est bien la ville en elle-même (alors qu’on ne s’y rend pas réellement dans « Silent Hill 4 : The Room »). Graphiquement, « silent Hill 2 » est inévitablement plus impressionnant que son ainé, quelque soit le support de jeu. On se sent davantage en terrain connu dans ce lieu qu’on a visité de long en large quelques années auparavant, pourtant, la situation d’être perdu est toujours présente.
Nouveau protagoniste, nouvelle histoire, mais l’ambiance est tout à fait dans l’esprit de ce qu’avait initié le premier jeu. Il est une fois de plus question de retrouver un être cher. Notre héros, James Sunderland a en effet reçu une lettre de son épouse qui lui demande de la retrouver à Silent Hill. Rien qui sorte de l’ordinaire… si l’aimée Mary n’était pas décédée trois ans auparavant. Intrigué, conscient qu’il est impossible qu’elle lui ait écrit, tout en étant persuadé qu’elle est l’auteur du courrier, James va s’enfoncer dans l’inquiétant brouillard de Silent Hill, à la recherche d’une vérité qui ne se dévoilera que dans la douleur.
Car comme tout épisode de la saga, ce deuxième opus est construit autour d’une intrigue dont l’émotion est la colonne vertébrale. Véritable plongée dans les regrets et les remords, le récit est plus symbolique que linéaire. Quelle que soit la conclusion que l’on obtiendra, il ne faudra pas s’attendre à pouvoir interpréter clairement les événements. Pour commencer, on sera amené à croiser d’autres individus en quête d’identité, de souvenirs, de vérité, et tant leur quête que leur existence peut être discutée. Le director’s cut offre notamment la possibilité d’interpréter Maria, jeune femme que l’on croisera à plusieurs reprises dans la quête principale. Ce mini scénario ne donnera pas beaucoup plus de clés, mais permettra d’approfondir certains questions, voire d’en développer de nouvelles, tout en donnant l’opportunité de passer une petite heure de plus dans de sinistres décors, hantés par des émotions encore vives.
Visuellement, le jeu ne possède pas l’éclat d’un troisième épisode qui vieillit extrêmement bien. Pourtant, l’aspect esthétique est suffisamment réussi pour qu’on se sente plongé dans cette visite fantasmagorique. Le brouillard est très présent et permet à certaines créatures de se tapir sans qu’on se sente étouffé comme dans le troisième jeu. L’accent est d’ailleurs nettement moins mis sur l’action que dans ce dernier. Ce n’est pas tant la fuite face aux créatures qui compte que la fuite en avant dans des lieux dénués de vie et pourtant si vivants. Malgré leur abandon manifeste, la mélancolie qui les habite ne trahit jamais la vie perdue, la vie volée, comme la découverte d’un cadavre mutilé dans son fauteuil. L’horreur est omniprésente, mais jamais gratuite, et jamais aussi effrayante que lorsqu’elle s’exprime dans un registre réaliste.
Car ce qui fait peur, c’est bien le poids des non-dits, des secrets. Bien sûr, on sursaute parfois en entendant un bruit étrange, en voyant une créature surgir, mais ces éléments de surprise sont éphémères, alors que la qualité de l’histoire pèse encore longtemps après avoir terminé le jeu. L’ensemble de l’intrigue n’est peut être pas aussi recherché qu’on pourrait le croire, certains éléments mériteraient largement d’être davantage développés, mais l’idée générale et la conclusion font de « Silent Hill 2 » une expérience intense et éprouvante, pleine de pudeur et de sensibilité. Les personnages sont touchants, car leurs problèmes sont crédibles, et parlent au joueur. Voyage psychologique, le jeu bénéficie d’un symbolisme très appuyé, et exploité avec beaucoup d’imagination, comme en témoigne l’apparition du personnage le plus apprécie de la série, le terrorisant pyramid head, dont les origines sont bien plus complexes qu’on pourrait le croire. Une référence à Walter Sullivan, personnage mystérieux au centre de « Silent Hill 4 : The Room » est non seulement appréciable (difficile de savoir si les scénaristes avaient déjà prévu d’exploiter ce personnage dans un nouveau jeu), mais montre aussi que l’histoire de Pyramid Head ne peut se résumer à sa seule poursuite de James Sunderland.Car si l’action n’est pas omniprésente, on a droit à quelques scènes d’anthologie, en particulier une poursuite dans un couloir aussi tortueux qu’étroit.
Relativement court, « Silent Hill 2 » est un jeu qu’on recommence avec plaisir, pour découvrir d’autres fins et apporter un éclairage nouveau au destin de James. A ce titre, les fins multiples ne changent pas le regard que l’on portera sur l’histoire ni sa compréhension, mais proposent des issues différentes. Dans tous les cas, l’émotion est au rendez-vous, et la qualité de l’écriture ne se dément jamais.
Si « Silent Hill 2 » est considéré par beaucoup de fans comme le meilleur épisode de la série, c’est justement grâce à ses qualités d’écriture, à son atmosphère mélancolique, et à son émotion réelle. Une réussite qui hante, longtemps apèsl'voir terminée, dont seul les graphismes vieillissent, et une expérience à vivre à tout prix.
mercredi 17 novembre 2010
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