C'est par l'intermédiaire d'Angela, une jeune femme assassinée par son ex petit ami psychotique, que nous allons suivre le point de vue des zombies. L'héroïne fait en effet partie d'un groupe de parole, dans lequel les morts vivants échangent leur expérience. On constate alors que la plupart d'entre eux tente tant bien que mal de continuer à vivre comme autrefois, tout en subissant le rejet et même l'acharnement d'un grand nombre de vivants.
En parallèle, Josh, l'assassin d'Angela, intègre un groupe anti-zombies, conduit pas "le commandant", une jeune femme aussi violente qu'instable. On regrettera que l'aspect politique ne soit jamais abordé, mais on peut comprendre que le gouvernement, sans adopter de position ferme, ne favorise pas le lynchage, pas plus qu'il ne privilégie l'intégration.
Bien qu'on nous montre quelques vivants à tendance progressiste, le film n'insiste pas sur ce point, mais s'axe plutôt sur le groupe d'extrémistes. Néanmoins, le traitement de ce personnages n'est pas si manichéen qu'on pourrait le croire. Au contraire, les protagonistes sont complexes et imprévisibles. Le petit ami psychotique, Josh est l'exemple le plus frappant. Sa relation amour/haine et l'ambivalence de ses actes le rendent aussi crédible qu'effrayant.
Une des bonnes idées est de nous montrer un membre du groupe extrémiste devenir lui-même un zombie. Ce passage, qui remet en question les croyances et comportements de chacun, trouvera écho dans le dernier tiers du film, avec certains choix qui rendent cette scène encore plus ignoble. Les situations sont nombreuses et variées, multipliant les points de vue dans des groupes suffisamment restreint pour que leur destin nous importe.
Mais c'est surtout du côté des morts vivants que notre regard se pose. D'abord présentés comme modérés et pacifistes, on découvre rapidement que certains sont prêts à rendre les coups, et décidés à ingérer de la viande humaine, seul carburant qui leur permette de ne pas souffrir en permanence. Au milieu de ces conflits, Angela fait office de témoin passif, subissant les événements, cherchant juste à vivre sa mort. Victime de discrimination, elle tentera de cacher son état à l'aide d'un baume appelé "teint vivant", ce qui lui permettra de réussir un entretien d'embauche avant qu'on ne lui annonce qu'elle subira un examen médical pour s'assurer qu'elle est en vie.
Au centre du récit, elle n'y participe pourtant vraiment que dans la dernière partie, plus musclée que les autres. Le final est en effet constitué de deux scènes d’action qui voient les vivants et les morts-vivants s’affronter. Il est assez surprenant de voir les deux camps échanger des coups de feu, au bénéfice des zombies bien sûr, puisque seule la destruction complète de leur cerveau les arrête. Ils sont par contre sensibles à la douleur et sujets à l’évanouissement. De même, leur cœur n’a pas cessé de battre, mais palpite à un rythme extrêmement réduit.
On peut donc supposer que le cerveau est toujours irrigué en sang, et que la destruction du cœur devrait pouvoir les arrêter. Il est en tout cas clair que ce n’est pas le solanum qui fait fonctionner leur cerveau, le virus communément connu comme la cause de l’existence des zombies, d’après Max Brooks (auteur des livres « Guide de survie en territoire zombie » et « World war Z »).
Autre parti-pris sujet à polémique : lors d’un affrontement de zombies, l’un d’eux est mordu à plusieurs reprises par ses adversaires. Or, il est généralement admis que les morts-vivants ne se mangent JAMAIS entre eux. Le climax est par contre plutôt réussi, ménageant un bon suspense, en alternant les scènes simultanées (un procédé employé avec succès à plusieurs reprises dans le film). Les effets gores, sans être très impressionnants, sont assez réussis, mais c’est surtout al chorégraphie mollassonne des combats qui montre les limites du film.
Malgré tout, le budget n’est jamais vraiment un frein et l’intrigue se suit avec un intérêt constant, malgré la longueur du film (1h47 tout de même). Ambitieux et original « Zombies anonymous » parvient à poser un regard différent sur un genre surexploité et le fait avec intelligence, sans oublier le divertissement pur.
C'est une excellente démarche de parler de ces films dont les idées priment sur le budget, ça prouve que ce sont des personnes de talent qui l'ont fait mais qui n'ont pas (encore) percer.
RépondreSupprimerMerci! Je pense que c'est effectivement important de parler d'oeuvres méconnues, après tout, Memento n'a pas fait de bruit à sa sortie, mais c'es par le bouche à oreille que sa réputation s'est batie (même si "zombies anonymous" ne peut pas prétendre à la même qualité malgré tout..)
RépondreSupprimerMon nouvel article va par contre dans le sens d'un blockbuster face à une oeuvre qui se veut plus indépendante.... ;-)