vendredi 11 juin 2010

Bio zombie

Petit break entre l'article sur la perte dans les comics et sa suite, l'héritage: critique du film hong kongais bio zombie!
Des morts vivants investissent un centre commercial et prennent au piège un groupe d’individus que tout sépare. Les survivants vont devoir s’allier pour survivre.

Il ne manque que la scène de swat d’ouverture, et on pourrait presque se croire dans Dawn Of The Dead. Et si on remplace Jordan Chan par une américaine blonde, on pense voir le remake de Zack Snyder.


Mais non, il s’agit bel et bien d’une production Hong Kongaise, et le ton résolument décalé ainsi qu’un mélange de genres cantonais dans l’âme ne laissent aucun doute à ce sujet. Malheureusement, ce qui peut être une force dans des classiques comme Prodigal Son est plutôt un défaut ici. En effet, le gros problème du film est de ne pas se situer clairement dans un registre.
Entre humour potache de djeun'z et drama-horror, le film hésite, n'assume pas son mélange de genres, revient à l'un, à l'autre, sans trop savoir ce qui conviendrait le mieux, ce qui fait qu'on ne rentre jamais complètement dans l'histoire.

Quelques gags, relevés par des idées de mise en scènes rusées, permettent malgré tout de passer un bon moment. On pense notamment à l’interrogatoire croisé et son split screen improvisé, ou encore à la présentation tout droit tirée d’un jeu vidéo de nos héros en « armes ». Pourtant, l’humour n’est jamais assez percutant ou original pour complètement remporter l’adhésion.

En tant que film de Hong Kong des années 90, Bio Zombie se doit de comporter son lot de scènes d’action, comme semblent l’annoncer le contexte et la fameuse prise d’armes. Pourtant, le rythme est très lent, les affrontements sont peu nombreux, et il faut attendre le climax pour assister à un bottage de derrières de morts vivants digne de ce nom, sans qu’il soit mémorable. Le tout reste en effet bien trop édulcoré pour marquer le fan de zombies en manque d’hémoglobine, et la chorégraphie est trop banale pour satisfaire le fan d’action made in HK hardcore. Même s’il n’a jamais été question de comparer le film de Wilson Yip et celui de Romero, on ne peut que s’attrister en comptant le faible de nombre de zombies à l’écran, quand leur surnombre était un élément spectaculaire du film américain.


Il faut dire que le cadre est également moins impressionnant, on a plus l’impression que le film a été tourné dans l’une des galeries marchandes du 13ème arrondissement de Paris que dans un centre commercial gigantesque aux couloirs interminables. Ce n’est pas forcément un défaut, puisque cela créé malgré tout une sensation de claustrophobie marquée.

Mais si les décors sont décevants, que l’humour peine à convaincre et que l’action est décevante, on peut s’attendre à des prestations enjouées avec un tel casting. Après tout, Sam Lee est un bout en train capable de jouer les clowns autant que d’assurer dans un registre plus sérieux (Made in HK), et Jordan Chan est un acteur versatile plutôt réputé. Pourtant, aucun d’eux ne réussit à constituer un atout, Jordan Chan se révélant insupportable au bout de 10 minutes, et Sam Lee n'étant pas en grande forme (à part quand il court).

Le reste du casting ne s’illustre pas davantage, et en conséquence, on peine à s’attacher aux personnages. Or dans un survival, il est primordial de se sentir concerné par le sort des héros, afin que les décès inéluctables d’une partie de l’équipe soient déchirants pour le spectateur accroché à son siège comme sa propre vie en dépendait. On est bien loin du compte ici, même si Sam Lee se montre bien plus convaincants dans les passages dramatiques, comme ce pauvre hôte de caisse zombie amoureux transi, qui reste le personnage le plus attachant, à la manière du Bub de Romero.


Bio Zombie est un film qu’on a envie d’aimer, qu’on s’imagine drôle, bourré d’action et de dérision. Malgré quelques qualités, comme la caméra virevoltante de Yip, l’ensemble reste décevant, mais on se consolera avec une fin nihiliste comme on les aime, qui réunit toutes les qualités qu’on aurait aimé trouver plus tôt : du suspense, de l’émotion, et une issue amère, y compris dans la fin alternative.

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