A quoi sert le cinéma ? Doit-il seulement être utile ? Peut-on même le réduire à une simple définition, à une simple conception passe partout ? Quand certains vont dans les salles obscures, d’autres estiment qu’il s’agit d’une forme d’art trop sérieuse pour y chercher uns simple échappatoire. Mais ce n’est pas à ces gens là que Sylverster Stallone s’adresse avec son The Expendables. L’acteur-scénariste-réalisateur n’a d’autre prétention que de divertir, et il ne s’en est jamais caché. Le casting à lui seul (qui représente 90% du marketing du film) est une affirmation de livrer un divertissement ultra calibré, explosif et décérébré.
Dès les premières images, on sent la volonté de livrer un produit soigné, avec ces motards roulant en pleine ville, avec l’utilisation du classique filtre bleu, puis l’insert d’une lune aussi gigantesque que cartoonesque (qui rappellerait presque celle de Saviour Of The Soul). La mise en scène donne immédiatement le ton : on privilégie la caméra à l’épaule un rien tremblante, certainement pour assurer l’immersion du spectateur et donner un semblant de réalisme à un spectacle qui se veut plus authentique que la mode des cascades sur fond vert avec utilisation de câbles.
Comme dans les bonnes vieilles productions des années 80 (qu’il s’agisse de celles de Hong Kong ou d’Hollywood), l’action démarre au quart de tour dès la 5ème minute, par une prise d’otages spectaculaire. C’est un Doph Lundgren déchaîné qui ouvre le bal avec un plan gore réjouissant, pour une fusillade d’ouverture décevante car trop sommaire. Pour ouvrir l’appétit, l’acteur suédois échange quelques coups avec un Jet Li handicapé par sa taille. C’est court, et il est difficile de juger de la qualité de ce mini duel, tant la mise en scène et le montage empêche de discerner qui fait quoi. Ce traitement visuel surprend. Un habitué des films d’action comme Sly devrait être capable de mettre en scène des combats lisibles.
Si le film ne perd pas de temps pour introduire son concept et son ton général, il présente également rapidement son casting : la plupart des « acteurs » font de la figuration, et on peut difficilement parler de développement des personnages. A part les personnages de Stallone et de Mickey Rourke, aucun ne peut se vanter de bénéficier d’une histoire (la sous intrigue amoureuse de Statham étant aussi inutile qu’ennuyeuse, et n’apporte rien à la construction du personnage). Bien sûr, nul n’attend d’un film comme The Expendables un scénario ultra développé (s’il existait une personne qui cherchait une histoire bien écrite, elle serait très déçue). Non, la force de cette réunion de castagneurs se trouve justement dans ses stars, qui ne sont pas là pour interpréter un rôle, le faire vivre, mais bien pour se montrer et jouer sur leurs rivalités/amitiés.
La fameuse scène entre Sly, Willis et Schwarzenegger en est le meilleur exemple. A l’image du reste du film, elle tente de jouer sur un 2nd degré tellement balourd qu’il pourrait en être gênant. Bien sûr, le spectateur nostalgique de la grande époque des années 80 s’amusera de cette rencontre totalement gratuite, mais à l’image de la plupart des scènes hors action du film, elle apparaît réellement superflue. Sly réalisateur sait qu’il veut divertir, mais il semble dépassé par son projet et a bien du mal à suivre une ligne directrice franchement sans intérêt. N’ayant rien à raconter, et ne pouvant pas livrer une scène d’action d’une heure trente, l’artiste enchaine pendant une heure des scènes d’un intérêt discutable. L’action y est peu présente, et techniquement, malgré quelques effets visuels recherchés, on a plutôt l’impression de regarder un téléfilm à gros budget.
Le casting est d’ailleurs très peu exploité durant cette première heure, où seuls Stallone et Statham ont droit à un temps de présence à l’écran décent. Il y a bien une tentative d’apporter un peu de fond à l’entreprise, par le biais d’un Mickey Rourke (ultra charismatique en biker) en mode The Wrestler, mais ce passage est en total décalage avec le reste et n’a aucune justification narrative.
Arrive alors le dernier tiers qu’on espère salvateur, et où l’action va prendre le dessus. Jet Li, qu’on a eu l’occasion de voir 5 minutes jusque-là, réapparaît enfin. L’acteur confirme l’impression de départ : il est très mal à l’aise sur le tournage et ne sait pas trop quoi faire. On a presque l’impression qu’il a abandonné l’idée de faire quoi que ce soit, et il semble s’ennuyer. Qu’on aime ou non les films occidentaux de Jackie Chan, l’acteur a su dépasser le stade du petit chinois paumé (même si cet aspect est exploité constamment) en ajoutant sa patte personnelle, en exportant son rôle. Jet Li, plus humble et moins star, a par contre eu plus de mal à trouver ses marques, et il n’a pas su imposer sa marque de fabrique aux Etats-Unis. De fait, seul Louis Leterrier a su dans son Danny The Dog (indépendamment des qualités qu’on peut trouver au film) offrir un rôle permettant à l’acteur d’explorer un aspect bien plus émotionnel de son talent, mettant en opposition avec beaucoup d’efficacité sa candeur et l’explosivité de son style martial.
Comme pour les autres acteurs, on sent la volonté de jouer sur le double discours (avec de gros sabots en béton, comme ceux que la mafia enfilerait aux pieds d’un malheureux ayant oublié de rembourser sa dette) Jet réclamant sans cesse davantage d’argent. Outre la mise en relief de son caractère remarquable au milieu de ces colosses échappés d’un Gears Of War, on peut se demander s’il ne s’agit pas d’un clin d’œil à son refus de participer aux deux suites de The Matrix, justifié par un salaire bien plus « petit » que celui proposé aux acteurs principaux du film. Sans aucun autre développement que ces quelques phrases, son personnage, comme celui de la plupart des acteurs n’est qu’un corps destiné à distribuer les mandales. Ce qui nous amène à un second duel, plus long, contre Dolph Lundgren. Et de ce point de vue, c’est la déception. La mise en scène très hachée de Sly ne met jamais en valeur une chorégraphie de toutes manières basique et sans éclat. Vite expédié, l’affrontement bénéficie malgré tout de quelques bonnes idées : exploiter la différence de carrure des adversaires notamment dans l’utilisation de l’environnement, et la rendre crédible dans l’issue du combat.
Cette dernière partie démarre donc fort, entre ce duel pourtant décevant, et une poursuite en voitures qui donne mal à la tête, mais dont les cascades sont spectaculaires. On a finalement droit à un assaut type commando aussi classique qu’efficace, puis vient le long climax en deux grosses parties. Tout le monde s’en donne à cœur joie, à coups de poings, de pieds, et de couteaux (d’où quelques débordement ultra gores très réjouissants). La mise en scène et le montage ne sont pas brillants (on a souvent du mal à discerner qui frappe qui), mais sont plus maîtrisés que ce qu’on a vu auparavant, ce qui permet d’apprécier le spectacle. Cette baston générale constitue le morceau de bravoure du film, et il est difficile de ne pas se réjouir devant une telle brutalité où les coups s’échangent avec tant d’enthousiasme. C’est bien simple, ça frappe de tous les côtés.
Vient ensuite une fusillade moins sommaire que celles auxquelles on a assistées jusque-là. La qualité va d’ailleurs aller crescendo, notamment lorsque Statham alterne coups de feu et coups de couteau, pour un résultat jouissif. Même Eric Roberts (en mode parrain de The Dark Knight) va s’en donner à cœur joie. C’est un véritable feu d’artifice, d’ailleurs la majorité du budget en effets spéciaux a du passer dans l’explosion finale.
Pour clore la boucle, Sly termine son film par une réunion de nos expendables à la bonne humeur communicative, laissant une impression sympathique au spectateur. Malgré tout, The Expendables n’est rien d’autre qu’un divertissement qui permet de passer un bon moment, mais dont les défauts sont aussi nombreux que ses qualités.
ça me fait penser à Valentine's day mais avec de la baston!!
RépondreSupprimerBon allez je me foule pas de trop sur ce coup là avec un copier/coller de ma critique sur le HKcinemagic.
RépondreSupprimerPerso, je suis très déçu par The Expendables. Pourtant ça partait bien avec une excellente scène d'ouverture et puis plus rien ou presque. Déjà, il faut attendre la moitié du film pour avoir une vraie grosse scène d'action, les scènes d'action étant d'ailleurs peu lisibles et trop hachées au montage à mon goût. Jet Li est nul dans le film tout comme son combat contre Dolph Lundgren. Quant à la soi-disant scène culte réunissant Stallone, Willis et Schwarzy elle ne m'a pas marqué plus que ça Arnold faisant même plus pitié qu'autre chose.
Reste un casting monstrueux, quelques répliques bien senties et un final bourrin au possible. C'est déjà pas si mal mais c'est trop peu.
Ta phrase finale résume tout!
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