mardi 7 septembre 2010

Silent Hill 1

Entre les 7 jeux sortis sur consoles et ordinateur, ceux édités pour le marché des smart phones, le film et les comics, la série des « Silent Hill » a acquis une reconnaissance importante, qui en fait l’un des titres les plus importants du survival horror. Et même si cette renommée n’est pas aussi grande que celle de « Resident Evil », avec ses complots, ses zombies, et ses intrigues plus proches de la série B (un aspect qui a poussé les adaptations cinématographiques dans des dérives parfois douteuses), la fameuse ville bénéficie aujourd’hui encore d’un attrait suffisamment flatteur pour qu’un deuxième film soit en chantier.


Afin de comprendre comment un tel concept peut être exploité dans tant d’histoires sans qu’on envisage d’y mettre fin, il faut remonter au premier épisode, édité en 1999 sur la playstation one. Alors que les joueurs PC ont déjà eu l’occasion d’être confrontés à l’horreur la plus totale avec « Phantasmagoria » (un jeu bénéficiant d’aventure point’n’click dont les personnages sont interprétés par de vrais acteurs, rendant l’horreur encore plus crédible), c’est la saga des « Resident Evil », démarrée en 1996 sur la console de Sony qui impose les codes du survival horror, genre aujourd’hui très apprécié. Angoisse, phénomènes paranormaux, surnaturel, morts-vivants… la recette peut rappeler certains jeux de shoot, puisqu’on manie des armes à feu, mais c’est plus du côté du cinéma fantastique que de la série B que le survival puise son inspiration (même si « Resident Evil 4 » et le cinquième opus se sont écartés de cette logique).

Néanmoins, l’intrigue reste relativement classique, et ce n’est pas un deuxième épisode sorti en 1998 qui changera les choses. Lorsque « silent Hill » est annoncé, beaucoup pensent à une sorte de plagiat de la série de Capcom. Mais dès les premières images, on comprend qu’on a affaire à un tout autre genre de terreur. Fini les gros bras armés prêts à démonter du zombie. Ici, le joueur interprète Harry Mason, un père veuf, qui amène sa petite fille de 7 ans, dans la petite bourgade de Silent Hill. Mais un accident de voiture plus tard, l’enfant a disparu, et il nous incombe de nous lancer à sa recherche.


Avant que Konami ne se décide à dépoussiérer le titre culte avec « Silent Hill Shattered memories » (une nouvelle version de l’histoire, finalement très éloignée du résultat de départ, plus qu’un remake), il n’existait pas de version améliorée du jeu. Quand on le compare aux sorties actuelles, on se rend compte qu’un jeu de 1999 a tendance à piquer les yeux. Les graphismes sont très laids et grossiers. Mais au-delà de cet aspect purement visuel, on constate surtout qu’il existe une ambiance incroyable, prenante encore aujourd’hui, grâce à un travail sur la mise en scène et l’éclairage tout à fait remarquable.

Le choix d’imposer une caméra est parfois pénible. Certaines séquences de jeu, associées à une jouabilité d’une rigidité incroyable, virent rapidement au calvaire (une constante dans la plupart des survival horror). Mais ce parti-pris offre une dimension qui dépasse le simple cadre vidéo-ludique et témoigne d’une ambition presque cinématographique (l’ascension du phare avec son traveling en plongée est vraiment audacieuse). Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Le joueur est réellement invité à vivre un film interactif, avec l’angoisse de voir le héros mourir à tout moment, puisqu’il en est l’interprète. Le système de sauvegarde (qu’on qualifierait d’archaïque aujourd’hui), consistant à se rendre à un point précis (et jamais connu à l’avance) avant de pouvoir sauver sa progression, participe grandement à ce sentiment d’urgence permanent.

On a réellement envie de vagabonder dans les rues, de trainer dans les couloirs des bâtiments, pour découvrir les preuves qu’il y a eu une vie. Car même si la ville semble abandonnée et que tout s’apparente plus au théâtre d’un désastre qu’à un petit coin tranquille, les créateurs ont bourré les lieux qu’on visite de petits détails qui animent l’ensemble. On croit à cette école, à cet hôpital (qu’on retrouvera régulièrement dans la saga). Mais l’angoisse d’être surpris par une créature difforme est telle qu’on est constamment sur ses gardes, prêt à fuir. On aura bien droit à quelques munitions, quelques armes de fortune, mais les affrontements sont déséquilibrés. Les créatures sont résistantes, et la jouabilité rigide fait qu’il faut attendre une bonne grosse seconde après avoir appuyé sur le bouton d’attaque pour voir le héros esquisser un geste (il faudra attendre le 5 ème épisode sorti sur les consoles HD pour corriger ce défaut, ce que beaucoup de joueurs ont qualifié d’hérésie). Bien sûr, cette jouabilité est source d’angoisse, mais elle crée surtout la frustration. On est donc partagé entre l’esthétisme de la mise en scène, et le côté peu pratique de la caméra (qui ne permet pas toujours de bien voir où se situent les agresseurs) et de la jouabilité.


Dans un premier temps touriste, puis père en détresse, l’anti-héros qu’est Harry Mason va progressivement être le témoin d’événements, de conversations, ne notes griffonnées, qui vont lui en apprendre davantage sur l’histoire de Silent Hill. A travers lui, le joueur se voit donner les éléments de l’intrigue au compte goutte, ignorant de quoi il retourne. Il faut un certain temps pour assimiler les révélations et les lier pour dénouer l’ensemble de l’histoire. Ce choix de narration est audacieux, on est loin de la narration linéaire d’un « Resident Evil », au scénario plus basique. Ici, on ne peut pas tout prendre au premier degré, comme en attestent les différentes fins, qui résultent de choix que le joueur aura eu l’occasion de faire au cours de l’aventure. On se rend alors compte que les niveaux de lectures sont multiples, et que chacun est libre de faire sa propre histoire. Même si cet aspect est un peu plus réduit lorsqu’on se lance dans le troisième volet, véritable suite du jeu (le deuxième n’ayant pas de rapport direct du point de vue des personnages).

Cette façon de respecter l’intellect du joueur a ouvert la voie à des jeux bien plus ambitieux en termes de narration et de mise en scène. Alors oui, « Silent Hill » porte le poids des ans graphiquement, mais son ambiance est telle, et l’implication du joueur est si importante, qu’il n’y a pas à s’étonner que la série continue encore aujourd’hui.

Un cauchemar où on rêve de se perdre à nouveau…

2 commentaires:

  1. je tient a te remercier de ce petit mot que tu nous as donner sur silent hill, c'est jusqu'aux 4 des petits chef d'oeuvre, malheureusement altéré depuis le rachat ou l'abandon des membres originaux de la silent hill team

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  2. Merci à toi pour le commentaire! C'est toujours un plaisir d'échanger autour d'une passion commune. De mon côté, j'ai fait tous les silent hill (là je suis sur les bds), et je suis un peu plus indulgent avec les derniers, en particulier Shattered Memories (dont la critique est en ligne). Je mettrai bientôt les critiques des autres épisodes en ligne tu comprendras pourquoi je les ai tout de même aimés comme ça.

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