vendredi 8 janvier 2010

Critique de The Crow - City Of Angels


Si le premier opus de la saga cinématographique « The Crow » a atteint le rang de film culte, les autres épisodes, qu’on ne peut pas vraiment considérer comme des suites, puisque le héros n’est jamais le même, n’ont pas connu un sort aussi enviable.

On peut légitimement se demander si le drame qui a coûté la vie à Brandon Lee n’a pas poussé le public à rejeter toute autre performance, surtout lorsqu’on voit que chaque acteur est presque systématiquement comparé à Brandon Lee, et pas en des termes positifs.

« The Crow – City Of Angels », second film à s’inspirer du comic book de James O’Barr semble être le plus détesté. Que ce soit la prestation de Vincent Perez, la réalisation de Tim Pope, ou même le scénario, rien ne trouve grâce aux yeux des fans.

Pour commencer, il est important de savoir que la version distribuée en salle a été victime d’un montage de boucher par la firme Miramax, qui n’a pas hésité à triturer le film une centaine de fois d’après le réalisateur. Certaines éditions dvd présentent des scènes coupées, ce qui permet déjà d’avoir un aperçu plus clair de l’œuvre.
Mais s’il n’existe pas de Director’s cut sur le marché (et qu’il n’y en aura probablement jamais), un montage de fan offre la vision la plus proche de celle du réalisateur, comme Tim Pope lui-même l’affirme sur son site officiel. Disponible légalement sur ce site http://fanedit.info/ (qui offre de multiples remontages de films à but non lucratif) et renommé pour l’occasion « The Crow – Second coming », cette version est celle qu’il faut voir à tout prix.


Le travail du fan est remarquable. Il a replacé les scènes dans l’ordre initialement prévu par le scénario, ajouté les scènes coupées présentes sur l’édition dvd, et fait des montages photos en ajoutant par texte les dialogues manquants.

Alors que la version cinéma ne semble être qu’un remake déguisé du premier film, ce nouveau montage présente une histoire sensiblement différente, aux enjeux poignants. Le choix d’une relation père/fils plutôt que d’une relation de couple comme dans les autres films trouve ici tout son sens dans un final nihiliste. Le film d’Alex Proyas était extrêmement sombre, mais l’univers qu’a créé Tim Pope est bien plus désespéré encore.

Visuellement, cet opus est celui qui bénéficie de l’univers le plus coloré. L’usage d’un filtre jaune et l’utilisation insistante de teintes verdâtres poisseuses en opposition donne un côté surréaliste et presque apocalyptique à la ville. Ce choix visuel renforce le côté presque mythique de l’esthétique gothique. Le contexte d’Halloween est plus utilisé ici que dans le premier film, notamment lors d’une scène brillante en plein festival des morts version folklore mexicain.


Le travail technique phénoménal est suffisant pour qu’on ne puisse pas traiter le film de Plagiat. Mais la dramaturgie est également très différente, dans cette version longue en tout cas. Le personnage de Sarah, dont on peut supposer qu’il s’agit de la jeune fille qui rencontra Eric Draven, le héros du premier film, a une importance considérable. Elle n’est plus une simple damoiselle en détresse mais un personnage indispensable à la dramaturgie qui impose un dilemme au corbeau.

« The Crow – City Of Angels » n’est plus une simple histoire de vengeance. Les thèmes de la rédemption, du sacrifice et de la fatalité y sont abordés avec émotion, laissant un goût amer d’une puissance incroyable lorsque le générique de fin s’annonce.

Mais il ne s’agit pas d’un film auteurisant qui vise les festivals à grands coups de dialogues silencieux ultra intellectuels dans le vide. « The Crow » a été créé comme une œuvre viscérale par James O’Barr, dans laquelle l’émotion est palpable, l’amour et la rage se côtoyant constamment. Pour porter un tel personnage, il faut un acteur engagé. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que Vincent Perez donne de sa personne. Alternant le désespoir, la peur, la consternation, la rage et la tristesse avec autant de talent, il interprète un personnage surnaturel des plus humains, avec moins de force qu’un Brandon Lee qui pensait jouer sa carrière dans ce rôle, mais il ne démérite pas dans son rôle.


Les autres acteurs offrent des prestations plus iconiques, parfois proches de la caricature, comme un Iggy Pop déchaîné, mais leurs rôles sont moins écrits, moins primordiaux. On a quand même le droit à un antagoniste à la présence menaçante, terrifiant de calme à chacune de ses apparitions, qui s’oppose en tout point au héros.

Chaque film est très différent, et je pense qu’on peut tous les apprécier sans ressentir le besoin de les comparer en voulant prouver à tout prix que seul le premier opus mérite d’être vu. « City Of Angels », avec ses choix artistiques surprenants et sa dramaturgie aussi sombre que poignante, reste mon préféré.


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