lundi 18 janvier 2010

The Crow - Wicked Prayer

Et un film détesté de plus pour la licence cinématographique « The Crow ». L’œuvre maudite de James O’Barr semble en effet indissociable d’une aura négative, comme en témoigne le décès de sa compagne, de Brandon Lee, ou les réputations lamentables des autres films.

Il faut dire que « Wicked Prayer » part avec un handicap certain : mettre en avant la participation de David Boreanaz et Tara Reid dans des rôles principaux tend à prouver que le film est forcément dédié au marché de la vidéo plutôt qu’à une exploitation en salles.

Lance Mungia, le réalisateur, n’a pas réalisé de film depuis sept ans lorsqu’il met en chantier sa version du mythe. Son précédent métrage, « Six String Samuraï », qui a été un échec cuisant, était pourtant une très bonne surprise, aussi réussie que sous estimée. Prenant pour vedette Jeff Falcon, artiste martial émérite qui connut une petite carrière dans les séries B de Hong Kong, « Six String Samuraï » est un mélange de Mad Max, de Rock’n’Roll, d’hommage à Elvis, à Chang Cheh et donc de film d’arts martiaux (les combats étaient d’ailleurs plutôt réussis).

Mais Lance Mungia n’est pas le seul revenant de l’équipe. Edward Furlong, découvert dans « Terminator 2 » et dans « American History X », même s’il n’a cessé de tourner aux USA, n’a pas continué l’ascension fulgurante qu’il avait entamée, à tel point que le public français n’a presque plus eu l’occasion de le voir. « Wicked Prayer » est l’occasion de le retrouver dans un premier rôle. Succéder à Brandon Lee, Vincent Perez, ou même Erica Mabius n’est pas tâche aisée, chacun d’eux ayant réussi à créer son personnage. La jaquette du dvd est d’ailleurs loin de rassurer sur la prestation de l’acteur. La grimace qu’il compose sous son maquillage lui donne plus l’air d’un adolescent emo que d’un esprit vengeur enragé.

Les premières minutes du film donnent le ton, sans qu’on sache encore s’il faut se réjouir ou s’affoler. Mungia a un sens du style indéniable, et le tout baigne dans une ambiance de western mexicain aussi originale que bienvenue. On avait reproche à « The Crow Salvation » d’être trop proche du premier volet. Ce quatrième opus parvient dès les premières images à affirmer une identité propre, à mille lieues de ce qu’on a pu voir jusque-là.

Le ton est résolument second degré, avec ces voyous qui se surnomment comme les cavaliers de l’apocalypse. L’introduction, plutôt musclée, est tellement surréaliste qu’on en vient à se demander s’ils sont de vrais démons ou juste des délinquants un peu fous. L’insertion d’écrans fixes en couleurs criardes avec le surnom et les caractéristiques de chaque personnage rappelle les jeux vidéos, mais aussi le petit (et jouissif) film d’horreur « Feast », produit par Matt Damon et Ben Affleck.

Autre parti pris surprenant, le décès du héros et sa résurrection ne sont mis en scène qu’au bout d’une bonne vingtaine de minutes, alors que les autres films réglaient ces détails assez rapidement. Ce n’est finalement pas une mauvaise chose, cette introduction permet de s’attacher aux personnages et leur destin aussi funeste qu’inéluctable n’en est que plus poignant. Bien sûr, le côté grotesque du chef des voyous tend trop vers le comique, mais cela ne suffit pas à ternir les qualités de la réalisation de Mungia.

Furlong campe un jeune homme pas si blanc franchement sympathique avec son petit côté tranquille, et la relation avec sa belle est très crédible.

Une fois la tragédie lancée, le rythme est très enlevé, et on verse dans le folklore mexicain (choix stylistique exploité avec talent dans le final de « The Crow City Of Angels »), ce qui donne un côté déstabilisant tout à fait bienvenu.

Les quelques scènes d’action, sans être formidables, sont loin d’être ridicules, même si on sent que le budget était limité. L’interprétation générale est à l’image du film, faite avec conviction, sans jamais oublier un côté second degré assumé, qui fonctionne, mais a tendance à diminuer l’impact émotionnel.

Edward Furlong parvient à faire passer l’émotion de son personnage, en particulier la mélancolie. Il se montre moins convaincant pour traduire la rage du personnage, et les passages où ils manifestent sa colère sont un peu plus difficiles à prendre au sérieux, à cause de sa tendance à grimacer. Il faut également avouer que le maquillage du corbeau, effrayant sur les autres acteurs, le fait plutôt passer pour un petit rockeur amateur.

« Wicked Prayer » n’est pas un grand film, tout simplement parce qu’on ne lui en pas donné les moyens, mais il reste un divertissement très rythmé, qui s’éloigne intelligemment des autres versions, glissant dangereusement entre le second degré, la parodie, et la vengeance tragique, sans jamais être ridicule.

2 commentaires:

  1. Je suis une fan inconditionnelle de films d'horreur, et d'Edward Furlong également. J'ai visionné tous ses films, même ceux dont la réputation était très mauvaise, et aucun ne m'a semblé être un navet (du fait de sa simple présence, peut être..). Toujours est-il que cette adaptation de The Crow reste le plus critiqué de tous ses films! Il est même qualifié de "plus grosse arnaque cinématographique", ou quelque chose de ce genre.. C'est pourquoi jusqu'ici je n'ai pas trouvé le courage de le regarder. Mais ta critique est plutôt bonne, et celà me donne envie de me faire une opinion par moi-même. Je vais regarder ce film de ce pas :)
    Merci à toi !

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  2. Bonjour,

    je ne sais pas si tu es familière de la saga "The crow", ce n'est pas trop axé horreur en fait, même si le concept est plutôt morbide. On est plus dans le fantastico-gothique, avec en général une pointe de romantisme.

    En tout cas, je peux t'assurer que j'en ai vus des très mauvais films, que ce soit des mauvais films qui font rire, ou des mauvais films qui font pleurer. Après, je reste persuadé qu'en art tout est subjectif, mais ce dont je suis sûr, c'est que j'ai passé un bon moment devant ce film. Il y a des naufrages bien plus manifestes qui bénéficient pourtant de moyens beaucoup plus importants.

    Bien sûr, il y a des défauts des parti-pris discutables, mais il y a aussi une vraie identité, une sincérité indéniable, un investissement de toute l'équipe, et au bout du compte, le divertissement est là sans qu'on rit du film. Si tu es fan de Furlong, tu devrais apprécier, même s'il ne s'agit pas de sa meilleure prestation (il faut dire que le maquillage ne le met pas en valeur).

    D'ailleurs, en parlant de lui, as-tu vu "stoïc", réalisé par Uwe Boll (encore un qui est détesté)? Les retours sont franchement positifs, mais ça a l'air assez hard....

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