Il est toujours regrettable, quand le titre d'un film contient le mot "zombie", de voir les dits morts vivants ne faire office que d'arrière plan. Surtout qu’un film qui réunit des zombies et Aikawa Sho, l’acteur fétiche du réalisateur aussi décomplexé qu’hallucinant Takashi Miike (« Ichii The Killer », « Gozu », Sukiyaki Western Django ») ne peut qu’être déjanté. « Tokyo Zombie » est l’adaptation d’un manga éponyme. Premier constat, les maquillages, plutôt simples, restent réussis, et les apparitions des zombies sont vraiment amusantes.
Ce qui bloque le film, c'est une gestion du rythme catastrophique, ponctuée de temps morts et de longueurs. On est d'ailleurs dans un film deux en un, mais le déséquilibre entre les deux parties est tel que les messages ne sont qu'esquissés. C’est d’autant plus regrettable que l’idée de départ est très bonne. Nos héros sont deux pauvres employés qui passent leurs journées à s’entrainer au jiu-jitsu. Pendant ce temps, la gestion catastrophique des déchets est telle que les immondices ont formé une montagne que les habitants ont nommée le « black fuji ». Sachant que ce mont d’ordures est le lieu rêvé pour déposer des cadavres, les morts ne vont pas tarder à y revenir à la vie et à attaquer les vivants.
Un pitch qui fait non seulement rêver mais laisse entrevoir des scènes cultes. De plus, le duo principal fonctionne à merveille, Sho montrant une fois de plus qu'il peut tout jouer, et surtout le jouer bien! Avec sa petite perruque chauve qui lui donne un côté ringard réjouissant, et son désir inaltérable de transmettre son art martial, il est absolument hilarant. Tadanobu Asano, moins à l’aise, se montre convaincant malgré une perruque afro surprenante. On comprend rapidement qu’il s’agit d’un buddy movie, et l’alchimie entre nos deux protagonistes est évidente. D’ailleurs, même si le budget n’était certainement pas faramineux, l’ensemble est de bonne tenue et est fait avec soin.
Quand débutent les affrontements contre les zombies, on prend vraiment beaucoup de plaisir, même si visuellement ça reste soft. Ces scènes comptent parmi les scènes les plus réussies du film, et on aurait aimé en voir davantage, car finalement l’accent n’est pas tant mis que ça sur l’invasion. Le problème du film, en dehors de son rythme, est l’incapacité du réalisateur à choisir le film qu’il veut mettre en scène. Comédie pure, vaudeville, film de zombies, satyre ? On ne le saura jamais et c’est bien dommage.
Mais l’élément le plus regrettable reste la mise à l’écart de Sho, et ce relativement tôt. Alors qu’il s’agit de l’acteur le plus charismatique et que son personnage apporte tout le sel de l’œuvre, il va disparaître, laissant le spectateur orphelin. Ce retournement de situation rompt complètement la mécanique qui s'était doucement installée, on perd en délire et l'ensemble se veut plus sérieux (même si les mères qui assistent aux spectacles sont suffisamment déséquilibrées pour faire rire). Cette deuxième partie est vraiment le gros point faible du film, qui aurait gagné à rester dans le même ton du début à la fin. Cela permet néanmoins d'exploiter le potentiel émotionnel des relations entre les protagonistes. On sent une volonté s’inscrire le récit dans une sorte de dénonciation des travers de l’âme humaine, accentuée par cette idée de combats dans les arènes, mais le tout reste trop superficiel. De plus, Romero a déjà exploité cette idée un an avant dans son décrié (mais loin d’être raté) « Land Of The Dead ». La dénonciation des différences de classe reste de toutes manières très légères, voire sans consistance, et apparaît bien trop tardivement pour être exploitée efficacement.
A force de ne pas vraiment savoir quoi faire, « Tokyo Zombie » rate ses meilleures opportunités, et sans être un vrai ratage, ne parvient pas à atteindre le rang culte auquel son pitch de départ lui aurait permis de prétendre.
On reste malgré tout sur une impression finale globalement bonne, grâce à la dernière scène, très "tex avery", qui reprend le ton délirant du début, mais également grâce au jeu des acteurs tous excellents, et à la bande originale, magistrale. Pas inoubliable, un film avec pas mal de défauts, mais dont l'enthousiasme fait plaisir. Ne le regardez pas en attendant un festival de zombies.
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