lundi 15 mars 2010

Poultrygeist : night of the chicken dead

Avant de chroniquer de film, une presentation s’impose. La société Troma a été crée dans les années 70 par Lloyd Kauffman et son ami Michael Herz. Comme l’annonce fièrement le logo de la firme présent avant le générique de chaque films 30 ans de troma, c’est assez spectaculaire, surtout pour une petite boite indépendante qui refuse tout compromis.


La recette est simple : de l’humour (graveleux de préférence) du gore, et souvent du sexe grand guignol. Certaines œuvres de la firme possède un statut de film culte, comme « Toxic Avenger », dont le héros, toxie, un neuneu transformé en créature surhumaine par des déchets toxiques, est un peu la mascotte de la firme. Profondément satiriques, les meilleurs films de Troma portent un regard incisif (et souvent peu subtil) sur la société américaine.

Tourné avec des acteurs qui bien souvent ne sont même pas payés, les œuvres Tromaiennes ne prétendent pas concourir aux oscars, mais juste à divertir à tout prix. C’est le marché du dvd qui a permis au studio de survivre aux années 90, l’import en particulier, puisque les européens en sont fans.


Rentrons maintenant dans le vif du sujet. « Poultrygeist », dont le jeu de mot n’aura échappé à personne, est réalisé par Lloyd Kauffman en personne, qui écrit également le scénario et s’octroie un rôle relativement important, dans lequel il se montre hilarant. L’histoire tourne autour du jeune Arbie, lycéen relativement stupide, qui tente de reconquérir le cœur de sa petite amie devenue lesbienne en se faisant embaucher dans le nouveau fast food contre lequel elle manifeste. Mais l’établissement a été construit sur un ancien cimetière indien, et les esprits mécontents vont se manifester sous la forme de zombies poulets…

Un scénario qui reprend les clichés du genre en les poussant à leur paroxysme. Rarement le terme de grand guignol aura aussi bien défini un film. Tout est mis en œuvre pour provoquer le rire. Les effets spéciaux en plastiques sont hilarants, les scènes gores sont réussies, les dialogues plutôt bien écrits pour une telle production, et le jeu outré des acteurs est tout simplement incroyable. Souvent, le côté amateur peut repousser, mais « Poultrygeist » est fait avec tant d’énergie et de conviction que la bonne humeur est communicative.



L’une des grandes surprises du film, et certainement l’une de ses plus grandes qualités, est son format de comédie musicale. Les chorégraphies un peu pataudes, les voix qui ne sonnent pas justes, tout ces éléments apportent un aspect sympathique indéniable. Les mélodies sont entraînantes, les paroles politiquement incorrectes, irrévérencieuses, et franchement bien trouvées.

Bien sûr, l’humour ne vole pas bien haut, la finesse n’est pas au rendez vous, et quelques passages ont de quoi dégoûter, mais l’ensemble transpire la sincérité, et le rythme ne faiblit jamais. A tel point que la première heure, durant laquelle on ne voit aucun zombie poulet, ne provoque jamais l’ennui, ce qui est rare dans ce genre de petite production.

Les personnages complètement fous sont parfaitement interprétés par des acteurs qui ont une pêche d’enfer, à commencer par Arbie, binoclard inoubliable, campé par un Jason Yachanin très prometteur, et dans sa version future, par un Lloyd Kauffman désopilant. Le duo de danse des deux acteurs justifie à lui seul de voir le film, et résumé parfaitement l’esprit de l’œuvre, critiquant férocement les fast foods et leur politique d’exploitation des travailleurs, mais aussi les rêves naïfs d’une jeunesse à qui on ment.



Les autres chansons sont tout aussi réussies, en particulier « slow fast food love », thème d’amour de nos héros, mélancolique, romantique, et drôle. La relation des deux jeunes gens est d’ailleurs amusante, on s’attache rapidement à eux, et on espère assister à une issue positive. La galerie de personnages qui nous est présentée est dans l’ensemble plutôt inquiétante, du directeur de fast food ancien général du Ku Klux Klan, au cuisinier mexicain qui assaisonne les plats à sa sauce, en passant par une travailleuse qui porte le voile et que tout le monde prend pour une terroriste… Les acteurs s’en donnent à cœur joie pour notre plus grand plaisir !

Lorsque les zombies arrivent, L’atmosphère bon enfant (mais graveleuse, un paradoxe qui fonctionne !) ne disparaît pas du tout, le massacre se fait dans la joie et la bonne humeur. Une grande partie du budget a certainement été réservée pour le repas des zombies poulets qui vont dévorer, écarteler et éviscérer de l’humain pendant 5 bonnes minutes. Les amateurs de gore y trouveront leur compte, et les fans de zombies auront le plaisir de voir une approche originale du sujet. Enfin le film nous offre en conclusion un remake du clip de « thriller », dans lequel nos fameux poulets vont refaire Michael sur la chanson thème du film.



« Poultrygeist » est un film de cœur, hilarant de bout en bout, souvent dégoûtant, parfois écoeurant, mais d’une sincérité à toute épreuve, bourré d’humour et n’ennuyant jamais, jusqu’à une massacre de zombies du plus bel effet. Merci à Tanuki pour la découverte ;-)

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