« - Avoir de la chance 23 fois de suite, c’est assez extraordinaire. Il semble qu’on t’accepte parmi nous. On m’appelle double-face. Là-bas, c’est le joker à côté de lui, le chapelier fou. En bout de couloir tu as Mr Culbuto et en face de lui, le bienveillant Oswald Copplebot, mais tu peux l’appeler pingouin. Enfin, la lady que tu vois est Mary Poppins, une gouvernante talentueuse. Et toi, comment tu t’appelles, petit ?
- Je… Oui-oui m’sieu.- Et qu’est-ce que tu fais là Oui-oui ? Tu m’as l’air d’un garçon équilibré…
- Mais voyons, coupe le Joker, qui n’est pas équilibré ici ? C’est dehors que les gens sont fous ! Moi je suis là pour me reposer de la bêtise de tous ces gens, mais je sors quand je veux.
- C’est vrai ? S’écrie Oui-oui. Mais comment faîtes-vous ?
- Chaque chose en son temps. Réponds le Joker. Dis nous d’abord ce que tu fais là, ou tu risques d’énerver face marbrée.
- Je t’ai déjà dit de ne pas m’appeler comme ça Joker ! Lance double face, en jetant sa pièce en l’air. - Ils disent que je suis fou et que j’ai tué mon ami Potiron, mais c’est faux ! Je lui ai organisé un dîner surprise d’anniversaire !
- Un dîner d’anniversaire ? Intervient Mary Poppins ? Comme c’est mignon ! Je vois d’ici les jolies banderoles, le gros gâteau, les chapeaux pointus…
- Oui, il y avait tout ça et…
- et le chantier que vous laissez au petit personnel une fois la fête finie ! Hurle Mary Poppins. J’ai horreur des fils de bourges qui veulent se la jouer rebelles épris de liberté ! Y a rien de pire ! Vous ne pensez qu’à vous, ça me rend folle !
- Bravo petit, tu nous l’a énervée ! Lance le joker, hilare. Je te jure que celle-là, dès qu’on sort, je me la fais ! Mais revenons-en à nos moutons, si tu n’as pas tué ton ami, alors qui ?
- Je ne… je ne sais pas, tout ce que j’ai vu c’est une ombre, et elle me poursuit et…
- Il en tient une couche le garçon ! Coupe le Joker, un sourire machiavélique sur les lèvres. Tu devrais lui parler un peu, chapelier.
- Oui, mon petit, il a raison. J’ai déjà trouvé un rôle pour ce brave Culbuto, et depuis il n’en sort plus ! Mais on a un poste vacant, et je crois que tu serais parfait, tête de bois !
- De quoi vous parlez ? S’inquiète Oui-oui.- Et bien je porte un chapeau, mais surtout je vends des chapeaux. Ils ne sont pas pour moi. Simplement, les chapeaux ne suffisent pas ! Et puis on a besoin d’un guide. Le chat qui nous donnait des ordres est mort. Mais tu fais à peu près la même taille, et tu as la même tête ronde, si on te scie les dents, elles seront suffisamment pointues pour que tu le remplaces !
- Mais je ne veux pas prendre la place d’un chat !- Petit, intervient double-face, la vie c’est pas compliquée : tu deviens le chat et on t’emmène avec nous en promenade, ou tu refuses et tu restes ici. Si tu n’arrives pas à te décider, je décide pour toi, mais ça ne te plaira peut être pas. Enfin, laissons faire le dest...
- Non, je veux bien être votre chat ! Mais emmenez-moi avec vous, je vous en prie ! »Alors que Oui-oui a pris une décision qui va changer le cours de sa vie, une infirmière d’une corpulence admirable investit leur couloir en hurlant « piqûre !!! ».
« - Tu te demandes ce qu’on t’a fait ! Lance le Joker, un rictus hideux ornant alors son visage. C’est avec ça qu’ils prétendent « guérir » les gens comme nous, ceux qu’ils appellent les fous. Je parie que tu n’avais jamais mis les pieds dans un asile…
- Non, m’sieu… Mais mon père m’a toujours dit que les asiles, c’était le club med pour les meurtriers qui voulaient éviter la prison. Il disait qu’un homme qui tue son voisin n’avait qu’à prétendre être fou, et que c’était trop facile.
- Et ton père, il est déjà rentré dans un asile ?
- Non m’sieu.
- Et toi tu penses qu’il a raison ?
- Oui, m’sieu. Si mon père, ou le président, le dit, c’est que c’est vrai.
- Bien. Et cette sensation de brûlure, tu la sens ?
- Ou…oui… qu’est-ce que c’est ? ça brûle partout ! Je sens plus mes bras m’sieu !
- Oh, ne t’inquiètes pas, dans quelques instants tu sentiras autre chose. Tu vas avoir l’impression que ton corps pèse une tonne, et que ta tête s’enfonce dans le sol, et puis ils t’attacheront à ton lit. Et quand tu te réveilleras, la bouche pâteuse et la tête toujours aussi lourde, je te conseille d’éviter de crier… »
Avant même que le clown à la chevelure verte n’ait terminé son explication, le pantin sombre dans un état catatonique, accompagné par les ricanements déments de son interlocuteur. Son sommeil est perturbé par des cauchemars comme il n’en a jamais fait. Des images de gencives arrachées, de bouches gigantesques dont les dents viennent lui arracher les oreilles, viennent le hanter. Des chants de morts se mêlent à des hurlements pour terrasser ses oreilles. Lorsqu’il se réveille, il est attaché à un lit et il dégouline de sueur. Sa tête est lourde et sa bouche pâteuse… Il a mal partout… il ouvre la bouche pour crier, mais il n’y arrive pas. Sa mâchoire lui fait mal. Tout son être semble hurler, comme si on lui avait tordu les os dans tous les sens. Finalement, un son sort de sa bouche, un son qu’il prolonge tant qu’il peut, et qu’il intensifie avec toute la force qui lui reste… Quelques instants plus tard, des infirmiers rentrent dans sa chambre et le plaque sur son lit, alors qu’il ne pouvait déjà pas beaucoup bouger du fait de ses liens. L’un d’eux s’empare d’une seringue et pique le bras du pauvre Oui-oui, dont les cauchemars recommencent avec plus de virulence…
Lorsqu’il se réveille enfin, ses paupières sont lourdes, ses bras refusent de bouger et ses jambes tremblent. Mais on l’a détaché. Il peut enfin se joindre à ses nouveaux amis dans la cour. Mais maintenant, il sait que s’il s’agite trop, on le « soignera ». Autant de fois qu’il le faudra…
« - Alors, que penses-tu de cette première expérience ?! Lance le Joker. C’est conforme à ce que tu imaginais ? Le club med ?
- Mais… pourquoi ils font ça ?
- Et bien vois-tu petit, la société n’aime pas les gens trop créatifs. Les gens du spectacle comme moi sont mal vus. On nous reproche de ne pas nous plier aux règles. Personnellement j’ai toujours trouvé ça hypocrite dans un pays où on parle d’égalité.
- Tu ne vas pas recommencer ta lutte des classes ! Intervient Mary Poppins. - C’est pourtant là le problème ! Répond le clown. Personne ne devrait commander personne ! Si quelqu’un a envie de faire une grosse farce, il devrait en être libre ! Mais non, il faut toujours que des hommes en collant ou des psychopathes en costume cravate décident pour nous ! Ton président et ses amis, ils ont encore plus de problèmes que nous ! Tout le monde en a, mais eux, ce sont les pires ! Hypocrites, menteur, paranoïaques, égocentriques….
- Mais vous ne pouvez pas dire ça !S’indigne Oui-oui. Le président c’est quelqu’un de bien, il fait bouger les choses, on le voit tout le temps partout et…
- Mais c’est qu’il est amusant ce pantin ! S’esclaffe le Joker. En quoi ta vie a changé depuis qu’il est là ?
- Mais il se bat pour qu’on gagne plus, et puis sa femme c’est la nouvelle Jackie Kennedy et…
- Là tu marques un point : depuis qu’il est là, il a triplé son salaire, on peut donc dire que son combat pour le pouvoir d’achat est sincère. Maintenant, imagine qu’il ne soit plus là…
- Non, ne dîtes pas des horreurs pareilles !!
- Imagine qu’il n’y ait plus d’hommes politiques, ni de policiers…
- Mais mon ami le gendarme, qu’est ce qu’il ferait ?
- Il ferait ce qu’il veut, comme nous tous ! Le bonheur c’est la liberté, et on n’est pas libre tant qu’on se fait commander.
- Comment tu peux dire ça ? Intervient Mr Culbuto. On a tous besoin d’un but dans la vie. Si on n’a plus de but c’est l’anarchie et le chaos !
- Ne dis pas de bêtise, soupire le clown. Tu confonds tout. L’anarchie est un mouvement politique. Toi tu parles d’anomie. Les gens sont d’une ignorance de nos jours, c’est désespérant. Et tu me feras le plaisir d’aller voir dans le dictionnaire la définition d’anomie et d’anarchie. Ton but à toi c’est de construire des théières humaines, c’est bien ça ?
- Oui. Il faut le faire.
- Pourquoi ?
- Le chapelier, il m’a donné un but, il m’a confié une mission, il…
- Il t’a commandé pour servir ses desseins, et toi tu le suis aveuglément.
- Non, c’est faux, c’est… »
Perturbé par cette révélation, le petit homme s’éloigne en répétant sans cesse « il faut le faire ».Mis mal à l’aise par la tournure de la conversation, le pantin décide de s’isoler quelques instants pour reprendre ses esprits. Bizarrement, les paroles du Joker ne lui paraissent pas si démentes. Après tout, il avait travaillé toute sa vie. Il avait même passé toute sa vie à travailler. Mais pourquoi ? Il avait pu s’acheter un nouveau taxi, avec des phares fluorescents, un allume cigare dernier cri, ce qui ne lui servait à rien puisqu’il ne fumait pas, un robot coiffeur qui lui cirait également le bout du nez, mais après tout, il pouvait faire tout ça dans sa salle de bain. De même, son téléphone portable faisait thermomètre, appareil photo numérique et même télévision, mais il avait déjà un appareil photo numérique, un caméscope numérique et une télévision haute définition chez lui, et il n’avait pas le temps de s’en servir.Il avait également une bibliothèque remplie de livres, une collection d’environ 600 romans, tous en exemplaire poche, parce que c’est plus pratique, mais aussi en grand format, parce que c’est mieux pour faire dédicacer. Mais il n’avait même pas lu 1/10 ème de ses livres, et ne les lirait probablement jamais.
En fait, Oui-oui souffrait de la fièvre acheteuse, un virus très virulent, qui se répandait à une vitesse incroyable et poussait à acheter les choses les plus inutiles. Cette maladie terrible n’offrait aucun repos à celui qui en souffrait, car une fois le bien convoité acheté, sa fièvre lui donnait envie d’autre chose. Et le pauvre bonhomme de bois avait beau travailler toujours plus, ce n’était jamais assez pour s’offrir tout ce dont il avait besoin. Mais avait-il réellement besoin de tout ça ? Finalement, un téléphone qui ne faisait ni appareil photo, ni thermomètre, ne lui servait-il pas autant que celui qu’il possédait ? Une voiture sans gadget ne roulait-elle pas aussi bien que la sienne ?
Alors il comprit où voulait en venir le Joker. Certains dirigeaient et s’enrichissaient, pendant que les autres s’appauvrissaient en s’entourant de besoins qui n’en étaient pas sans jamais trouver le bonheur. Peut être fallait-il effectivement tout faire sauter, donner un bon coup de fouet à cette peinture trompeuse qu’était la société ?Alors qu’il erre dans ses pensées, Double-face s’avance vers lui et lui explique le plan qui leur permettra de s’évader. Ils agiront durant le dîner…Alors que le groupe déguste ses brocolis à la vapeur, Oui-oui bondit sur la table et hurle « travailler plus pour que l’autre débile qui nous sert de président gagne plus ? Mes f…. oui ! »Mary Poppins ne peut s’empêcher de s’indigner devant tant de vulgarité, mais reste concentrée.
Alors que 4 infirmiers parmi les plus imposants de l’équipe pénètrent dans le réfectoire, la gouvernante anglaise dégaine une ombrelle avec laquelle elle bloque la porte de sécurité. Le chapelier fou s’arme quant à lui d’un immense chapeau qu’il jette sur les infirmiers, puis le referme à l’aide d’un tendon de bœuf, les emprisonnant à l’intérieur. Pendant que Mary Poppins continue de faire tournoyer son ombrelle pour empêcher la lourde porte électrique de se refermer, Double-face passe son bras dans l’ouverture, et d’un geste aussi précis que chanceux, envoie sa pièce fétiche sur le bouton de fermeture, enrayant le mécanisme. Profitant de la panique, les comparses s’élancent dans un couloir et se cachent dans un coin.
« - Où est le Joker ? S’inquiète Mr Culbuto.
- On dirait qu’il a filé sans nous ! Coupe le pingouin. C’est bien son style ! Maintenant on est coincé !
- Peut-être pas. Intervient Double-face.
- Tu as plutôt intérêt ! menace Mary Poppins. C’était ton plan, et tu as intérêt à nous sortir de là !
- Le Joker nous a déjà prouvé à plusieurs reprises qu’il était tout à fait capable de s’évader seul, et même de revenir, sans que personne ne s’en aperçoive. Avant que nous ne commencions, j’avais prévu l’éventualité de sa trahison. Le sort a décidé que je ne devais pas lui faire confiance, j’ai donc prévu une alternative.
- Mais comment ? Seul le Joker était assez fin pour pénétrer dans le conduit d’aération, atteindre la salle de sécurité et nous ouvrir la porte !
- Le petit va prendre sa place.
- Lui ! S’esclaffe Mary Poppins. Mais sa tête est tellement grosse qu’il ne passera jamais !
- C’est vrai… en temps normal. Mais avec ce chapeau que j’ai demandé au chapelier de préparer, nous pourrons comprimer sa tête suffisamment pour qu’il rentre dans le conduit. Seulement, il te faudra faire vite, car si tu le gars trop longtemps, il te broiera le crâne. »
Terrorisé, mais comprenant qu’on ne lui laisse pas le choix, Oui-oui accepte d’obtempérer. A peine a-t-il enfilé le chapeau qu’il sent son souffle se couper. Mais ses acolytes ne perdent pas un instant et le poussent aussi loin que possible à l’intérieur du conduit. Il n’a pas le droit à l’erreur : il ne pourra pas retirer le chapeau tant qu’il sera dans le conduit, ou il mourra étouffé, la tête coincée entre les parois, et s’il tarde trop à l’enlever, sa tête explose… Il doit se concentrer… Double-face a bien pris soin de lui faire apprendre par cœur le plan de l’aération pour qu’il ne se trompe pas de direction. Mais il sent la panique l’envahir… de quel côté est-il ? Il a du mal à respirer…. Il avance aussi vite qu’il peut, cherchant à tâtons les ouvertures de côté… La troisième à gauche… une… deux… trois… mais s’il en avait manqué une ? Il n’a qu’à s’avancer pour vérifier et revenir en arrière s’il se trompe… mais non, il ne pourra pas revenir en arrière ! S’il se perd, c’est fini ! De toutes manières, sa main glisse le long de la paroi depuis tout à l’heure.
Il n’a pas pu manquer une ouverture.Des cris… ses acolytes le pressent. Ils sont attaqués, et ils ne tiendront pas longtemps ! Il n’a pas le droit de les laisser tomber ! Ils ont été tellement gentils avec lui ! Tant pis, il tente de prendre à gauche. Sa tête lui fait mal… le chapeau le sert de plus en plus. Il ne tiendra plus très longtemps… Il devrait se trouver au bon endroit à présent. Mais la grille refuse de céder ! Et il ne peut pas enlever le chapeau pour voir ce qui se passe !« Oui-oui, dépêche toi ! Hurle Double-face. Ils ont lâchés des termites ! Si tu ne sors pas vite elles vont te dévorer ! »Effectivement, depuis quelques secondes, le pantin a remarqué de petits bruits de pattes. Elles doivent être nombreuses pour qu’il les entende… et le son se rapproche… si elles l’atteignent, il ne leur faudra que quelques secondes pour faire de lui un souvenir ! Il frappe la grille de toutes ses forces, mais rien ne semble y faire. Soudain, une vive douleur l’assaille, sa cheville le brûle ! Une des termites a dû le rejoindre en faisant du zèle ! ça veut dire que les autres sont presque là !
Porté par l’énergie du désespoir, le nain de bois plaque sa tête contre la grille, joint ses deux poings, et s’assène un coup de massue derrière le crâne. L’impact est tellement puissant que la grille cède et qu’il tombe dans la salle.Il lui faut vite retirer le chapeau maintenant ! Le chapelier lui a expliqué qu’il n’aurait qu’à tirer sur la ficelle pour le desserrer. Mais rien ne se passe et la ficelle s’arrache ! Il n’y arrivera plus ! Sa tête va exploser ! Le chapelier a compris : « ouvre nous la porte et je te libèrerai ! ». Le pantin cherche la bouton à tâtons, mais il y en a tellement qu’il ne sait plus où chercher ! Les termites… elles se rapprochent, il les entend ! Un bruit sourd retentit… un de ses compagnons a été projeté contre la vite en plexiglas… Faîtes que ce ne soit pas Double-face se prend à prier Oui-oui. Il a appuyé sur tous les boutons, et pourtant rien ne s’ouvre ! Aveuglé par la rage autant que par le chapeau, il tambourine de toutes ses forces sur la vitre, sans résultat bien sûr. Mais alors qu’il se prépare à mourir, sa main touche un objet… une clé… la porte est fermée à clé ! Vite, il réussit ouvrir, et ses acolytes s’engouffrent à l’intérieur. Le chapelier a réussi à lui retirer le chapeau ! Il est sauvé ! Mais il leur faut encore fuir, et d’ici peu les forces de l’ordre seront là.La sortie n’est plus qu’à quelques mètres, ils s’y précipitent en courant. L’un d’eux déjà est tombé, il leur faut donc rester soudés.
Ils ne savent pas si le pingouin a été tué par le choc contre le plexiglas, mais ils n’ont pas le temps de vérifier. Alors qu’il vient de franchir la porte, quelqu’un saisit le col de chemise de Oui-oui et le jette dans une flaque de boue. En se relevant, il se trouve nez à nez avec une forme noire à l’air menaçant. La forme s’élance vers lui sabre en main et tente de lui trancher la tête, mais le pantin réussit à glisser sous ses jambes grâce à la boue. Double-face, qui vient de comprendre, jette sa pièce en l’air… en observant le résultat, il serre le poing, avant de l’écraser sur ce qui semble la tête de la forme sombre. « Sauve-toi petit ! » Hurle-t-il.En voyant que son mentor est en position de faiblesse, Oui-oui hésite. Quand la mystérieuse créature plonge la tête de Double-face dans la boue pour le noyer, le pantin décide d’aller l’aider. Mais une main ferme saisit son épaule. C’est Mary Poppins. « Tu l’as entendu ? Sauve toi ! Je vais aller l’aider ! » Joignant le geste à la parole, la gouvernante anglaise dégaine son ombrelle, en saisit une extrémité dans chaque main et la bloque sous le cou de la créature. Le monstre sombre lâche alors sa victime, assomme son adversaire d’une gifle, et s’élance derrière le pantin en hurlant.
Tout à coup, un objet explose devant la forme, qui est soufflée par l’explosion : c’est Mr Culbuto qui vient de lui jeter une théière explosive de sa création ! Il fait signe à notre héros de s’enfuir et se dresse devant leur ennemi. Le chapelier fou tend alors un parapluie à Oui-oui : « Je l’ai pris au pingouin. Il n’en aura plus besoin. Il s’en servait pour s’échapper, tu n’as qu’à appuyer sur ce bouton et tu seras hors de danger. Et n’oublie pas ce qu’a fait Double-face pour toi… »Sans laisser le temps à son interlocuteur de répondre, le chapelier lui engouffre le parapluie dans la main et appuie lui-même sur le bouton, avant de s’élancer vers la créature. Le parapluie s’ouvre alors complètement et tournoie comme l’hélice d’un hélicoptère. Impuissant, le pantin ne peut qu’assister au combat, qui semble tourner en la défaveur de ses nouveaux amis. Il ne peut s’empêcher de penser que cette créature ressemble à l’ombre qui le poursuivait. Mais que lui veut-elle ? Pourquoi le tuer, si ce n’est pour l’empêcher de découvrir la vérité ? Il doit enquêter. Trouver des indices. Il doit se rendre chez Potiron pour comprendre qui pouvait lui en vouloir…
A SUIVRE