mardi 2 août 2011

Compilation d'articles représentatifs du blog

Bien que ce blog ne soit plus vraiment actif dernièrement, les avis sur des sujets divers et variés ne manquent pas. Voici donc un petit guide d'articles représentatifs des centres d'intérêt de l'auteur:


World War z: un roman presque sociologique sur la guerre contre les zombies.
http://histoires2comics.blogspot.com/2011/05/world-war-z.html

La Divine Comédie: comment rédiger un avis on ne peut plus subjectif sur ce qui est considéré comme une oeuvre majeure de la littérature italienne.
http://histoires2comics.blogspot.com/2011/04/la-divine-comedie.html

Le jeu vidéo Spiderman: Shattered Memories, qui s'éloigne du concept de ville ouverte avec succès.
http://histoires2comics.blogspot.com/2010/11/spider-man-shattered-dimensions-version.html

une chronique sur le personnage de Spiderman 2099 qui plonge l'univers Marvel dans un univers de science fiction aux connotations socials importantes.
http://histoires2comics.blogspot.com/2010/09/spider-man-2099.html

l'adaptation cinématographique de la série vidéoludique Silent Hill, par Christophe Gans.
http://histoires2comics.blogspot.com/2010/09/silent-hill-le-film.html

deux articles thématiques sur les comics:
la perte:
http://histoires2comics.blogspot.com/2010/06/la-perte-dans-les-comics.html
l'héritage:
http://histoires2comics.blogspot.com/2010/06/lheritage-dans-les-comics.html

un courte nouvelle rédigée par l'auteur de ce blog, dans le genre du thriller.
http://histoires2comics.blogspot.com/2010/07/les-bourreaux.html



Bonne lecture et merci pour votre fidélité et vos commentaires

dimanche 22 mai 2011

Histoires d'un blog et de ses projets

Chers lecteurs et lectrices d'histoires de comics... et de zombies,

cela fait maintenant près de deux ans que je me suis lancé dans l'aventure du blog. L'objectif était d'abord de partager ma passion pour les comics. Puis de partager ma passion pour les zombies. Il m'est également arrivé de faire des articles qu'on pourrait qualifier de hors sujet. J'ai pris énormément de plaisir à rédiger ces avis et à en discuter avec vous. Je me suis également permis de vous faire découvrir quelques fan fictions écrites pour le plaisir de créer, pour l'amusement du moment.

Comme certains d'entre vous le savent, je suis également rédacteur sur le site www.hkcinemagic.com, spécialisé dans le cinéma de Hong Kong. Tous ces articles prennent énormément de temps (entre la lecture, le visionnage et la rédaction) évidemment, et ces éléments ajoutés à ma vie professionnelle ne m'ont pas permis de privilégier l'écriture romanesque qui reste ma première passion. 



Car au-delà du plaisir immédiat d'être lu, mon objectif est de réussir un jour à être publié. Un rêve que je ne pourrai atteindre qu'en me focalisant sur cette tâche avec ardeur. Ainsi, l'activité du blog ne cessera pas, mais elle va être considérablement réduite, car je vais privilégier la rédaction d'un livre dont je révèlerai le sujet plus tard. Néanmoins, mes thèmes de prédilection, affichés clairement sur cette page, devraient vous mettre sur la piste. Pour le moment, je vais terminer la publication de ma dernière fan fiction, Tintin contre les nains aphrodisiaques volume 2, puis je rédigerai de temps en temps quelques chroniques. La page facebook du blog sera toujours mise à jour dès que de nouveaux éléments du tournage de The Dark Knight Rises, dernier film de la trilogie Batman de Christoper Nolan, seront connus.

Merci pour votre fidélité, j'espère continuer de vous voir et de lire vos commentaires.

mardi 17 mai 2011

Tintin contre les nains aphrodisiaques volume 2 épisode 3

Episode 3 : the Dead Knight

Le capitaine Haddock était assis sur un rocher parlant.

« - Tu pourrais arrêter de poser tes fesses sur moi ?
- si jamais je trouve le bachibouzouk qui se moque de moi, je me charge de lui faire passer l’envie de rire !
- Mais je te dis que personne ne rit ici ! Insista le rocher.
- Mille milliards de mille sabords ! Je sais très bien que les rochers ne parlent pas !
- Si tu en es si sûr, lève-toi et regarde moi dans les yeux.
- Bon ça suffit ! Si je me lève je vais te trouver moule à gaufres ! Tu vas regretter de t’en être pris au capitaine Haddock ! »

Joignant le geste à la parole, le marin au long cours se redressa et scruta les environs. Mais il avait beau chercher, il n’y avait personne. Personne à part ce rocher dont la bouche bougeait. Il dut se rendre à l’évidence : c’était bien cette grosse pierre qui lui parlait. La vraie question à présent était de savoir s’il devenait fou ou s’il était en train de rêver. Etait-ce une manifestation de son inconscient ? Il n’y avait qu’un moyen d’en avoir le cœur net :

« - Es-tu mon for intérieur ?
-  ça me ferait mal ! Je suis Claude le rocher, mais tu peux m’appeler Cloclo le roc.
- Par la barbe de Hugues Auffray ! Mon seul ami est un rocher maintenant !
- Me dis pas que tu comptes rester là maintenant ?!
- Tonnerre de Brest ! Tu me repousse toi aussi ?
- Mais non, c’est juste que tes potes sont pas loin, et je crois qu’ils ont des soucis.
- Quoi ? David est là ? Avec Tintin ?
- Oui mais plus pour longtemps.  Y a des mecs bizarres qui ont l’air de préparer un mauvais coup.
- J’arriiiiiiiiiiiiiiiiiive Tintin ! »


 Quelques instants plus tard, le capitaine Haddock revint sur ses pas pour demander à Cloclo le roc dans quelle direction il devait se diriger. Ces informations lui permirent, après quelques minutes de course effrénée, d’apercevoir Tintin qui aidait le Hoff à se relever. Il leur sauta dans les bras et tous trois roulèrent par terre.
« Mais enfin, un peu de tenue ! » S’exclama Tintin. En relevant la tête, le jeune homme constata que sans l’intervention de son ami, il aurait été décapité par le chapeau d’un Dupond qui était à présent planté dans un tronc d’arbre. En effet, plusieurs dizaines de Dupond et Dupont s’avançaient, l’air menaçant.
« David a perdu sa voix à force de pleure, Capitaine ! Il faut absolument qu’on s’enfuie le temps qu’il la retrouve ! »
Le trio se précipita vers un panneau indiquant que des grizzlys attaqueraient tout intrus franchissant leur sol. Ils avaient conscience que ce serait dangereux, mais rien n’aurait pu les préparer à cette épreuve. Les grizzlys étaient non seulement enragés, mais aussi innombrables.
Chaque pas était synonyme de coups de griffes potentiellement mortels, et ils durent faire appel à toutes leurs ressources pour ne pas être blessés. Derrière eux, les Dupond et Dupont, plus rigides, éprouvaient davantage de difficultés, et plusieurs d’entre eux furent déchiquetés. Le Hoff avait trouvé une méthode incroyable, ressemblant à une sorte de saute-mouton ponctué d’un moonwalk sur le dos des ours. Tintin et le capitaine tentèrent de l’imiter mais manquèrent de se tuer. Ils décidèrent de se faufiler avec moins d’éclat mais plus de sécurité. Finalement, ils atteignirent une petite clairière et se cachèrent dans des buissons. Les Dupond et Dupont survivants passèrent sans les voir.
Après quelques minutes, ils sortirent, soulagés. Mais à peine avaient-ils quitté leur cachette que trois individus masqués jetèrent un lourd filet sur eux. Ainsi piégés, ils ne purent qu’assister impuissants à leur capture. Les Dupond et Dupont avaient une lueur de meurtre si vive dans le regard que Tintin ne reconnaissait plus ceux qui avaient été autrefois ses amis. Mais étaient-ce vraiment eux ? Après tout, il avait tout à fait pu côtoyer une dizaine de Dupond et Dupont différents au fil des années, sans même s’en rendre compte. Mais ça n’avait plus d’importance. Qui qu’aient été ces gens, ils n’étaient plus ses amis. Sa réflexion fut stoppée par un coup de coude du capitaine Haddock qui le fixait avec une intensité inhabituelle. Troublé par son regard perçant, Tintin en vint à se demander si ce dernier n’essayait pas de communiquer avec lui par télépathie. Il le fixe à son tour et pensa très fort « Capitaine, pouvez-vous entendre mes pensées ? ». En réponse, il obtint un cri de son ami qui lui demanda de bien vouloir retirer son pied de son estomac.
Tout à coup, les agresseurs cessèrent de les traîner.



« - On est assez loin maintenant. Lança Dupond.
- Je dirais même plus, ajouta Dupont, on est assez loin pour que personne ne nous entende.
- Personne ne vous entende faire quoi, bande de bachibouzouks ?
- Capitaine, voyons ne les énervez pas !
- Laissez, tintin. Coupa Dupond. Il est temps que votre ami sache.
- Je dirais même plus, il est temps que votre ami sache qu’on va se débarrasser de lui.
- Tonnerre de Brest, si c’est une plaisanterie, elle n’est pas drôle.
- ça n’a rien d’une plaisanterie capitaine.
- Je dirais même plus capitaine, on ne plaisante pas. Nous avons toléré vos crises  de sang et votre insolence jusque-là, mais maintenant que nous sommes officiellement ennemis, ça a assez duré. »

Sur ces mots, Dupond leva sa canne au dessus de la tête du capitaine Haddock, d’un air menaçant. Mais avant qu’il n’ait eu le temps de l’abattre, Dupont lui enserra la tête et lui brisa la nuque.

« - Assassin, va-nu-pieds ! Ectoplasme !
- C’est comme ça qué vous rémercier oun ami ? S’exclama le général Alcazar qui venait de retirer son masque de Dupont.
- Général, je suis très heureux de vous voir ! Intervint Tintin. Néanmoins, il me semble que vous nous devez des explications.
- Bien soûr ! répondit le général en libérant ses amis. Mais avant tout, y’aimerais démandar oun autographe à David Hasselhoff. Y peut être, si ce n’est pas trop démandar, oune pétite chanson.
- Vous savez, lança le Hoff, il n’y a rien qui me comble davantage de bonheur que de faire plaisir à mes fans. Malheureusement, les disputes de vos amis m’ont tellement fait pleurer que j’en ai perdu ma voix.
- Mais…. Mais…. David ! S’écria Tintin. Vous parlez ! Votre voix est revenue !
- Mais c’est vrai ! » Hurla le Hoff avant de se lancer dans l’interprétation d’un de ses tubes les plus célèbres, le réjouissant « Hooked on a Feeling ».
Le petit groupe dansait avec une énergie incroyable quand alcazar attira leur attention sur l’arrivée d’une véritable armée de Dupont et dupond.


 « - Yo mé souis infiltrar parmi eux pour vous sauvar ! Et c’est ce qué yé vais faire. Fouyez pendant que yo les rétiens !
- Non, il est hors de question qu’on vous abandonne. Lança Tintin.
- Je refuse également de laisser un fan se sacrifier ! Ajouta le Hoff.
- No ! Vous en particuliar, vous no dévez pas tomber entre leurs mains, sinon mon sacrifice n’aura servi à rien !
- Par le crachat du capitaine Crochet, il a raison, il faut qu’on parte ! »

Et c’est la mort dans l’âme que le trio s’échappa. Alcazar décida de ne pas perdre de temps et se précipita vers le groupe en criant. Il plongea sur l’un d’eux, et en roulant au sol, ils firent tomber les autres. Il se releva d’un flip avant puis envoya un crochet droit au visage du Dupond le plus proche, puis il bascula sur le côté et assomma un autre de ses agresseurs d’un puissant revers. Alors que l’un d’eux s’élançait vers lui, il coupa son souffle et son élan d’un coup de pied dans l’estomac. Il sauta alors genoux en avant vers deux adversaires, les expédiant au sol avant de les rouer de coups de poing. Voyant qu’un petit groupe profitait du chaos pour se lancer à la poursuite de ses amis, il étendit les bras perpendiculairement à son corps et chargea, renversant tous ses adversaires sur son passage. Puis il plongea vers le  groupe afin de compenser le retard de sa course. Mais lorsqu’il atterrit sur eux, il sentit une violente douleur sur le côté : un des Dupont venait d’enfoncer sa canne dans son rein, et il perdait désormais beaucoup de sang.
Il se releva difficilement et comprit que le temps était un luxe qu’il ne possédait désormais plus. S’il voulait sauver ses amis, il devait s’assurer qu’aucun moustachu ne quitterait cet endroit. Jamais. Il se rua sur eux et les enserra. Une fois certain qu’ils étaient tous sous lui, il dégoupilla une grenade, puis s’éteint lorsqu’elle s’alluma dans une explosion.
Une fois la nuit tombée, Tintin, le capitaine Haddock et David Hasselhoff comprirent qu’ils étaient en sécurité. Du moins pour le moment. Mais leur séjour dans la forêt avait duré des mois entiers, et le pouvoir des Dupond et Dupont était désormais tel qu’ils n’étaient pas en mesure de contrecarrer leur plan, même avec le soutien du Hoff.
Il ne leur restait plus qu’une solution : ils devaient construire une machine à remonter le temps. Exploitant les matériaux de la forêt, ils parvinrent à leurs fins après à peine quelques semaines. Alors qu’ils se préparaient à retourner dans le passé, Tintin remarqua que Milou rongeait ce qui ressemblait à un très très gros os. En s’approchant, il constata qu’il s’agissait du visage à moitié déchiqueté du général Alcazar. Il tomba alors à genoux et se mit à pleurer. Le Hoff et le capitaine l’aidèrent alors à enterrer celui qui les avait sauvés.

« - Tintin, je pense que vous devriez dire quelques mots. Déclara le capitaine Haddock. Après tout, c’est vous qui le connaissiez le mieux.
-  et je pourrais chanter une chanson ! S’écria David.
- Oui, je vais dire quelques mots. Le général Alcazar était une brute sanguinaire, un homme sans pitié et être sans culture. Les règles les plus primitives de syntaxe et de conjugaison lui étaient inconnues, et il maltraitait notre langue avec une insolence des plus insultantes. Il buvait trop, il fumait trop et par-dessus tout, il parlait trop. Mais c’était quelqu’un de courageux, et si vous étiez suffisamment chanceux pour qu’il ne vous condamne pas à mort, il était d’une générosité sans limite. Il va me manquer.
- Mais j’y pense, coupa le Hoff, on pourrait se servir de la machine à remonter le temps pour empêcher sa mort !
- Non petit.
- Je ne comprends pas !
- Parce qu’il n’est pas un héros. Expliqua Tintin. Il est un kamikaze, un chevalier qui vivait pour se sacrifier. Il est l’ami qu’on a mérité, mais pas celui qu’on voudrait. C’est un cadavre outil, un mort utile, un dommage collatéral, un chevalier mort.



Fin de l’épisode 3

jeudi 12 mai 2011

Tintin contre les nains aphrodisiaques volume 2 épisode 2


Episode 2 : qui conduit ?

Dupont s’était isolé dans la pièce de visionnage spéciale du quartier général. Après toute l’agitation à laquelle ils avaient du faire face, il ressentait le besoin de se ressourcer spirituellement, ce qu’il ne pouvait faire que devant un bon film. Il venait de regarder Nick Fury : Agent Du Shield, œuvre magistrale dans laquelle le Hoff livrait une interprétation plus vraie que nature du rôle titre. Puis il s’était rendu sur youtube afin d’enchaîner avec quelques vidéos cultes mettant en scène l’acteur. A présent, il était en colère. Au détour d’un clip, il avait été confronté à l’horrible vidéo mise en ligne par la propre fille de David. Celle où on le voyait saoul, dégustant goulûment un hamburger à même le sol. Cette vision lui était insupportable, mais pas autant que les commentaires du public, qui se délectait de cette situation pathétique.

« - qu’est-ce que tu fais ? Lança Dupond, qui venait de faire irruption.
- J’observe pour mieux comprendre les plans de l’ennemi.
- Je dirais même plus, les plans diaboliques de l’ennemi ! Ajouta Dupond. Ils veulent se servir de cette icône pour amplifier l’influence de leur mouvement déviant ! On ne put pas laisser faire ça ! Notre rôle est de préserver la bienséance… à tout prix.
- Oui bien sûr. Répondit dupont. Qu’allons nous faire maintenant que nos amis se sont enfuis ?
- C’est simple, ils vont certainement essayer de retrouver David Hasselhoff. Quand ça sera fait, nous les ramènerons ici, pour que nous redevenions tous amis !
- Une chance que nous ayons placé un émetteur dans le collier de Milou !
- Je dirais même plus, c’est une véritable chance ! »



Mais à des kilomètres de là, Milou était loin de se sentir aussi chanceux. Blotti dans le sac à dos de Tintin, il supportait difficilement la température négative et le vent qui les assaillaient violemment, alors qu’ils escaladaient le mont Belge, secrètement situé juste au dessus du signal de botrange. Tintin et le capitaine étaient accrochés par une corde qui serrait leur taille. Le reporter progressait le premier, afin de s’assurer que son ami, moins habitué à l’alpinisme, ne coure aucun danger. Cette attention, aussi louable soit-elle, ne plaisait pas au marin qui se sentait sous-estimé. Désireux de se montrer capable, il accéléra la cadence, jusqu’à devancer le jeune homme. Mais sa vitesse le rendait maladroit, et il glissa dans le vide, sans pouvoir se rattraper. Ce n’est que grâce à la poigne d’acier de Tintin qu’il ne s’écrasa pas quelques centaines de mètres plus bas. Ainsi pendu au bout d’une corde, à la merci des éléments et de son ami, le capitaine se sentit démuni. Comme si on l’avait destitué de toutes ses qualités de meneur pour le réduire à la condition d’homme dans ce qu’elle a de plus détestable. Il sentait la colère envahir son cœur, ce qui l’empêchait de céder au désespoir. Mais les sentiments négatifs qui l’assaillaient n’étaient rien face à la chaleur qu’il ressentit lorsque Tintin agrippa sa main. L’héroïsme du jeune homme transcendait la notion d’amitié avec une telle force qu’ils parvinrent à franchir les obstacles qui se dressaient encore devant eux avec une facilité déconcertante.
Il ne leur fallut que quelques instants pour apercevoir le Hoff. Uniquement vêtu d’un pantalon en cuir et d’une chemise noire, il avait adopté la position du lotus, assis sur la neige. Son visage exprimait une grande sérénité, pourtant il semblait bourdonner, comme s’il souffrait. Alors que les deux amis s’approchaient de lui, il se releva d’un élégant flip avant.
 
« -Bonjour les amis ! Qu’est-ce je peux faire pour vous ?
- Et bien pour commencer, vous pourriez commencer par nous expliquer ce que vous faîtes là. Suggéra le capitaine Haddock.
- avec grand plaisir ! S’exclama le Hoff. Mais je propose que nous nous présentions d’abord !
- Bien sûr, pardonnez-nous ! Répondit Tintin. Voici le capitaine Haddock, et je suis Tintin, grand reporter. Nous sommes fans de votre travail !
- ça ne m’étonne pas ! A votre place, je serais fan aussi ! Mais parlez-moi un peu de vous : depuis quand êtes-vous fans ?
- Je vous suis depuis k2000 : S’empressa de préciser Haddock.
- Quant à moi, c’est en vous voyant sauver des vies dans Alerte A Malibu que j’ai trouvé ma vocation. Mais dîtes-nous ce qui vous a conduit à cette formidable destinée !
- Si vous insistez ! Tout a commencé un bel après-midi de juillet. Papa Hasselhoff et maman Hasselhoff préparaient des pièges pour les taupes. Ils venaient de mettre au point la Joconde des attrape-nuisibles. C’était un système complexe qui émettait un son qui attirait les taupes. Lorsqu’elles arrivaient à proximité du mécanisme, un petit filet se refermait sur elles, puis elles étaient catapultées à des kilomètres de distance. Galvanisés par leur découverte, ils s’enlacèrent fougueusement et partagèrent leur amour charnellement. Dès lors, ma destinée était tracée. Je ne pouvais que devenir quelqu’un d’important. Mais avec mon physique, il aurait été égoïste de m’enfermer dans un laboratoire pour inventer. Non, si je pouvais donner un peu de bonheur à mon prochain grâce à mon image, je me devais de le faire. La carrière d’acteur était une évolution naturelle. La suite, vous la connaissez. J’ai pu rendre des millions de fans heureux, partout dans le monde. J’ai même aidé les allemands lors de la chute du mur, en chantant « Looking For Freedom ».
- Je n’oublierai jamais cette prestation chavirante ! S’écria le capitaine Haddock.
-Il est peut-être temps de parler d’autre chose que qui a vu quoi ! Coupa Tintin, vexé.
Doucement, marin d’eau douce !
- Non, il a raison, intervint le Hoff. Je vous fais perdre votre temps alors que vous attendez certainement un autographe !
- En fait, précisa le jeune homme, il y a autre chose. Nous sommes là pour vous sauver. Quelqu’un vous poursuit.
- Mais je le sais déjà ! Pourquoi croyez-vous que je m’isole ici ? Il faut parfois que je m’éloigne des hordes de fans qui rêvent de me rencontrer. Si je ne me ressourçais pas ainsi, je ne serai pas en mesure de me renouveler constamment.
- Oui mais certains fans sont dangereux. Expliqua Tintin. Nous sommes venus assurer votre protection pour empêcher votre enlèvement.
- Un kidnapping ? Vous voulez dire qu’on veut me bâillonner, m’empêchant ainsi de chanter, et me torturer, privant le public de ma gueule d’amour ? Je m’y oppose. Pas pour moi, mais pour tous ces pauvres gens qui attendent que je leur rende le sourire !
- Nous refusons aussi ! S’écria Haddock. »



Mais alors que le duo se préparait à expliquer la situation à l’artiste, une armée de Dupont et Dupond se précipita sur eux, brandissant sa canne en l’air en hurlant. Avant même que le groupe n’ait eu le temps d’élaborer un plan de secours, Tintin constata que les nains aphrodisiaques s’approchaient en entonnant leur chant d’amour. Toutes les directions étaient bloquées, et leurs ennemis avançaient inéluctablement. Tintin commençait à paniquer. Lui qui trouvait toujours une solution ne voyait aucun moyen de s’échapper. Tout à coup, ses pieds ne touchèrent plus le sol. David Hasselhoff les avait empoignés le capitaine Haddock et lui, et avait sauté dans le vide. Alors qu’ils chutaient en hurlant, l’acteur attrapa une bouée rouge attachée à un long câble, la fit tournoyer, et la jeta contre un pic rocheux autour duquel elle s’enroula. Ils se balancèrent le long du massif, puis le Hoff sauta, secoua son poignet, détachant la bouée, puis la mit sous leurs pieds, amortissant leur chute. Ils glissaient à présent le long d’une pente abrupte à une vitesse délirante. Finalement, David tira légèrement le câble, levant l’avant de la bouée, la fit s’élever d’un bond, et tournoya en l’air, survolant le paysage en planant. Ils parcoururent une telle distance qu’ils atterrirent en pleine forêt.
Il fallut quelques instants à Tintin, Milou et au capitaine pour reprendre leurs esprits. Ils constatèrent que le Hoff était en train de répéter une chorégraphie élaborée.
Sans même s’en rendre compte, ils étaient en train de l’accompagner dans sa danse, avec une énergie qui compensait nettement leur manque de grâce.
Alors qu’ils trouvaient enfin leur rythme, le Hoff déchira son t-shirt, empoigna une hache, et s’élança en criant vers un arbre qu’il attaqua avec vigueur.
En voyant cette scène, Tintin fut pris de frissons, mais ce n’était que le hors d’œuvre. Le plat de résistance était constitué d’une boule dans l’estomac et de bouffées de chaleur. Il constata que le capitaine souffrait de maux similaires, ce qui l’agaçait profondément. Il réussit néanmoins à contrôler sa rage jusqu’au repas.
David avait coupé suffisamment de bois pour illuminer la soirée et cuire les ornithorynques borgnes qui peuplaient la forêt. La valeur énergétique de cette viande permettait d’oublier l’élasticité de son bec. Mais c’était le goût fruité de ses globes oculaires qui plaisait le plus à Tintin. Il décida que ce serait plutôt gentil de laisser les derniers yeux à David. Mais avant qu’il n’ai pu esquisser le moindre geste, Haddock avait fait cette offrande à la star, comme s’il anticipé son intention. Tintin eut par contre la satisfaction de constater que le capitaine n’avait pas prévu de recevoir son poing en pleine figure.
Les deux hommes s’empoignèrent alors tels deux biscuits isolés dans un carton s’affrontant pour remporter un sursis avant d’être dévorés.
Le Hoff s’interposa bravevement.



« - Arrêtez ! J’ai horreur des disputes !
- C’est lui qui a commencé ! S’exclama Tintin. J’allais vous laisser les yeux, mais il m’a précédé !
- Sapristi, quelle histoire ! S’écria Haddock. Je voulais juste prendre soin de notre invité ! Ce n’est tout de même pas un crime d’être bienveillant !
- Que celui qui n’a jamais souhaité offrir d’yeux lui jette le premier câlin. Coupa le Hoff. Et que celui qui l’a déjà souhaité fasse de même !
- Je souhaite vous demander pardon par cette offrande câlinale mon capitaine.
- Excuses acceptées chenapan ! »

Après cette communion spirituelle, le climat s’apaisa et le trio put se reposer. Mais les journées suivantes furent emplies de tension. Le quotidien devin morose, et les conflits devenaient la seule source de distraction. L’ennui était tel qu’il faudrait quelques centaines de pages pour en exprimer l’ampleur avec exactitude. Un jour où tout le monde était plus énervé que d’habitude, une dispute violente éclata entre Tintin et le capitaine Haddock. Le Hoff se boucha les oreilles en criant « la la la la la la ».

« - Vous voyez ce que vous faîtes ? Reprocha Tintin.
- Tonnerre de Brest ! Je vous trouve bien présomptueux ! J’ai bien compris que vous vouliez garder David pour vous !
- Je n’en reviens pas que vous me reprochiez de nous avoir sauvés ! J’ai tout fait pour éviter le conflit, mais il va bien falloir qu’on décide d’une solution plus définitive.
- Mille sabords Tintin ! Vous voulez toujours décider de tout !
- ça suffit, arrêtez de vous disputer ! » Hurla le Hoff avant de partir en courant.



Le reporter et le marin restèrent interdits quelques instants. Quand ils reprirent leurs esprits, le Hoff avait disparu. Fou de rage, le capitaine Haddock poussa un cri, assena un crochet du droit à Tintin, et s’éloigna. Le journaliste d’investigation se releva en se tenant la mâchoire et chercha un endroit où manger. Ça n’avait plus aucun sens de se cacher. Plus rien ne comptait. Il sortit de la forêt et se dirigea vers la route en direction d’un diner. Pendant ce temps, une silhouette menaçante regardait une photo de David Hasselhoff en riant et en bavant…

Fin de l’épisode 2.

lundi 9 mai 2011

Tintin contre les nains aphrodisiaques volume 2


Episode 1 : Et si c’était faux ?

Le diner. Petit restaurant d’autoroute où tout bon roman se déroulant aux Etats-Unis d’Amérique se doit de situer un de ses chapitres. Bien que l’histoire d’aujourd’hui se déroule en Europe, tintin était assis dans un diner. Il était entré car il avait faim. Il était à proximité d’un diner lorsque son ventre cria famine. Il savait qu’un diner était un établissement de biens, à savoir de la nourriture. Il marcha jusqu’à la porte d’entrée, pose sa main sur la poignée de la dite porte, reserra sa pression et tira. Pourtant, la porte suscitée ne s’ouvrit pas. Perplexe, il observa la porte plus attentivement. Son regard se posa sur un écriteau sur lequel des lettres formaient un mot. Il le savait car il avait appris à lire plusieurs années auparavant. C’était une expérience qu’il n’oublierait jamais. Le mot formé par les lettres était « Poussez », injonction pour le moins agressive. Il pose à nouveau sa main sur la poignée de la porte d’entrée, reserra sa pression, et poussa. Une fois à l’intérieur, il s’assit et commanda des haricots verts. Puis, sentant sa vessie fortement comprimée, il songea qu’il serait vachement soulageable de se rendre aux cabinets une fois. S’il avait annoncé son intention au capitaine Haddock, ce dernier aurait corrigé la construction chaotique de la phrase, totalement indigne d’un reporter d’investigation de sa carrure. Malheureusement, les circonstances ne lui permettaient pas d’échanger avec son compagnon de toujours. Pendant qu’il évacuerait sa tristesse en même temps qu’il satisferait une nécessité organique, il se leva de son siège, leva le pied droit et le posa devant le pied gauche. Puis il leva le pied gauche, et le posa devant le pied droit. Il recommença ce processus jusqu’à arriver devant la porte des w-c. Il leva alors son bras, posa sa main sur la poignée de la porte, reserra sa pression, et poussa. Une fois à l’intérieur, il s’interrogea : allait-il manifester sa virilité de façon spectaculaire en se dirigeant vers les urinoirs, ou allait-il privilégier l’isolement d’une cabine ? C’est alors qu’un grand monsieur musclé fit irruption. Impressionné, Tintin décida de se cacher, se dirigea vers la porte d’une cabine, posa sa main sur la poignée, reserra sa pression, et poussa. Il allait enfin pouvoir effectuer cette tâche si importante. Après une ellipse narrative, Tintin était enfin sorti des w-c. Il se sentait plus léger, et ressentait une certaine satisfaction à voir sa psychologie développée avec autant de pertinence par cette scène. Seul un grand auteur de roman de gare avait les capacités nécessaires pour rédiger des paragraphes si profonds, justifiant des ventes démesurées ! Puis, se remémorant sa tragique situation, il demanda à l’auteur d’abandonner ce style, tomba à genoux, leva les bras vers le ciel et hurla. Comment en était-il arrivé là ?



« - Je vous nomme Dupond et Dupont.
- Et pourquoi je serais dupont ?! »

Non, ce n’était pas ça. Enfin si. Mais non. Il y avait eu un précédent. Des précédents même. Il y avait eu une explosion. Du bruit. Un grand « boum » et des cris. Des gens qui couraient dans tous les sens. Et un grand nuage de fumée vert. Puis le silence. Pesant. Long. Tragique.
« Il faut aller les aider ! » avait-il crié. Mais on ne l’avait pas laissé faire. C’était trop tôt. Ça ne servirait à rien. Il fallait se préparer. Il avait fini par se laisser convaincre. Après tout, ce n’était pas la bataille qui importait, mais la guerre. Puis la cérémonie avait eu lieu. Celle qui allait faire de lui un Dupon. Et même un Dupond. Non… elle n’avait pas eu lieu. Il y avait eu un incident. Le capitaine avait crié. Tout était confus, il avait besoin de prendre l’air, avant de réfléchir. Il se précipita à l’extérieur et courut vers la forêt. Seul. Il était seul. Ce n’était pas ce qu’il avait voulu. Il voulait juste aider, se battre pour une cause qui semblait juste. Mais il avait la sensation qu’on le manipulait. Le combat était juste. Il le savait. Mais le reste ? Il se mit en position de yoga. Il fallait qu’il fasse le vide. Puis il se remémorerait les événements et réfléchirait à une stratégie.
Quelques jours plus tôt, alors que Tintin venait de sauver son ami le professeur Tournesol, une explosion retentit. C’était les représailles des nains aphrodisiaques.

« - Venez Tintin, il n’y a plus de temps à perdre, on va faire de vous un Dupond ! Lança Dupond.
- Je dirais même plus, on va faire de vous un Dupont ! Compléta Dupont.
- Mais il faut aller aider ces gens ! S’écria le jeune homme.
- Nous n’avons pas le temps. Répondit Dupond. Le meilleur moyen de les aider, c’est de mettre fin aux agissements de ces nains aphrodisiaques.
- Ce qu’on ne peut pas faire sans que vous deveniez l’un des nôtres. Ajouta Dupont.
- attendez, bande de sagouins ! Coupa le capitaine Haddock. Vous êtes en train de dire que Tintin est suffisamment important pour être un dupon mais pas moi ?! Moi le descendant du grand François de Haddock !
- Nous avions anticipé votre réaction capitaine. Répondit Dupond.
- Je dirais même plus, nous avions tout anticipé capitaine ! Ajouta Dupont. C’est pour cette raison que nous vous proposons d’être Dupont ! Après tout, il faut être deux pour être Dupond et Dupont.
- Et pourquoi ce serait moi Dupont, Mossieur ? S’écria Haddock.
- Qu’est-ce que vous voulez dire ? S’inquiéta Dupont.
- Vous le savez très bien ce que je veux dire, bougre d’ignorant ! Je ne vois pas pourquoi je jouerais les seconds rôles ! Qui est capitaine ici ? C’est bien ce que je pensais.
- Voyons capitaine, interrompit Tintin, je pense que le moment est mal choisi pour…
- Mais pourquoi vous parlez de second rôle ? S’exclama Dupont, mécontent.
- tu sais bien, reprit Dupond, il veut dire qu’il y a le héros et celui qui l’accompagne. Dupond et Dupont en somme.
- Je croyais qu’on en avait terminé avec ces histoires ! S’écria Dupont.
- Allons messieurs, un peu de calme. Intervint Tintin. Je n’ai même pas encore accepté de devenir Dupond. D’ailleurs, je ne suis pas certain d’être prêt à accepter un tel sacrifice. De plus, je ne suis pas sûr de comprendre en quoi le fait de me joindre à vous pourrait avoir une influence sur l’issue de cet affrontement. Comprenez-moi, je suis grand reporter free-lance, et n’ai pas l’habitude de soumettre mon intégrité à l’approbation de vieux messieurs.
- Qu’est-ce que vous entendez par là ? Lâcha Dupond.
- Je dirais même plus, expliquez-vous ! Ajouta Dupont.
- C’est simple, je n’ai que seize ans. J’ai encore la fougue et l’innocence de la jeunesse ! C’est pour cette raison que mes articles sont d’une telle fraîcheur !
- J’ignorais que vous étiez si jeune. Commenta Dupond.
- Je dirais même plus… commença dupont. Arrête ça tout de suite !
- De quoi parles-tu ? S’étonna Dupond.
- Tu ne cesses de t’exprimer avant moi ! Je ne vois pas pourquoi le « je dirais même plus » me serait réservé !
- Je te l’ai déjà expliqué, il y a le héros et…
- Mais vous allez arrêter mille milliards de mille sabords !
- Le capitaine a raison. Reprit Tintin. Nous avons perdu assez de temps comme ça. Maintenant expliquez nous votre plan ou bien nous partons séance tenante !
- Très bien. Répondit Dupont. L’affrontement avec les nains aphrodisiaques pourrait bientôt prendre une tournure dramatique. Si nous perdons cette bataille, nous aurons perdu la guerre pour ainsi dire.
- Je dirais même plus, reprit Dupond, nous devons capturer… »




C’était là que tout avait dérapé. Tintin se posait déjà beaucoup de questions depuis les incroyables révélations de Dupond et Dupont. Mais ce n’était rien comparé à cette scène incroyable. Hasselhoff. Ils voulaient capturer David Hasselhoff. Le seul, l’unique, le Hoff. Tintin connaissait bien sa carrière. De ses conversations avec une voiture en passant par ses sprints au ralenti sur la plage jusqu’à son extraordinaire carrière musicale qui avait atteint son apogée avec sa reprise du titre de Culture Club « Do you really want to hurt me ».
Tout, il connaissait tout. Et surtout, il aimait tout. Et maintenant, on lui demandait de priver son idole de liberté, au nom d’une lutte dont il n’était même pas sûr de comprendre tous les enjeux. Stupeur, colère, ces sentiments qu’il avait ressentis l’assaillaient à nouveau maintenant qu’il était seul dans la forêt. Il avait pourtant essayé de faire eu mieux, mais tout avait empiré. Mais le capitaine avait sa part de responsabilité dans ce drame.
« Il est hors de question qu’on bride le talent d’un tel artiste ! S’était-il exclamé. Et puis toute cette histoire de Dupond et Dupont ne me dit rien qui vaille. Avait-il ajouté. Aaaaaaaah ! avait-il ensuite crié. »
Mais peut-être la mémoire de Tintin était-elle défaillante. Peut-être le capitaine avait-il crié « oooooh ! ». C’était dur à dire. Et puis repenser à tout ça le perturbait beaucoup. L’attitude à adopter face au cas Hoff lui paraissait déjà complexe à déterminer. Mais le pire était encore à venir. Il n’oublierait jamais ce à quoi il avait assisté ensuite…
Ils étaient en plein débat sur les conséquences du rapt du Hoff quand une créature aussi difforme que visqueuse avait glissé jusqu’à eux, étalant un liquide gluant sur sa route. Tout à coup, le monstre avait levé les yeux vers lui. On aurait dit une sorte de saucisse plissée avec des bras et des jambes. Mais au milieu de cette espèce de bouillie organique, on pouvait voir ce qui ressemblait à un visage humain… ou plutôt des visages humains. C’était comme si plusieurs personnes se disputaient une seule tête, et que le perdant était destiné à disparaître dans l’éther.
« T…Try….Tryphon ?! » Bégaya le capitaine Haddock.
Tintin dévisagea plus en détail l’individu… une moustache et des petits yeux… un crâne dégarni…. C’était bien lui… C’était Tournesol… mais c’était aussi Dupont !




« - Qu’est-ce que vous lui avez fait, sacripants ? S’exclama le capitaine.
- Vous allez devoir répondre de vos actes messieurs ! Ajouta Tintin, furieux.
- Mais non, vous vous méprenez ! Répondit Dupont.
- Je dirais même plus, compléta Dupond, c’est une méprise. Vous deux-là, aidez notre ami à regagner ses appartements.
- Vous ne l’emmènerez nulle part. coupa le reporter. Nous partons avec lui.
- J’ai bien peur que ça ne soit impossible. Répondit Dupond.
- Je dirais même plus, aucun de vous ne peut partir. Sauf pour nous aider à retrouver ce David Hasselhoff.
- Nous vous aiderons quand les poules auront des dents ! S’écria Haddock. Ectoplasmes ! Empailleurs !
- Capitaine, prenez les jambes ! »

Les deux hommes soulevèrent leur ami méconnaissable et se dirigèrent en hâte vers la sortie. Mais Dupond et Dupont leur barraient la route. Tintin lâcha les bras de Tournesol. Haddock tournoya sur lui-même, se servant du professeur comme d’une arme. Tintin était entouré d’une dizaine de Dupon quand Milou fit irruption et courut de l’un à l’autre, leur mordant violemment les chevilles. Alors que le reporter se préparait à créer une ouverture, Haddock fut projeté à ses pieds.

« - Venez capitaine, il faut qu’on s’échappe !
- Non, on ne peut pas laisser ce pauvre Tryphon ici !
- Si on reste, on ne pourra pas l’aider ! Il nous faut de l’aide ! »

Abattu, Haddock acquiesça et les deux hommes s’enfuir En repensant à ces événements, Tintin fut pris d’un frisson d’horreur. Il attrapa une pierre pointue et gratta un tronc d’arbre. Soudain, il entendit des pas. Il se tapit dans l’ombre et  vit le Hoff marcher au milieu d’un groupe de nains.





Fin de l’épisode 1.

vendredi 6 mai 2011

Les Nuits Rouges Du Bourreau De Jade


 Lien vers l'interview des réalisateurs effectuée pour le site www.hkcinemagic.com en bas de page.

Le cinéma de Hong Kong a connu plusieurs vagues de succès en France, grâce à des acteurs à la renommée internationale comme Bruce Lee, Jackie Chan ou Jet Li. Mais si les productions de l’ex-colonie ont eu droit à une publicité plus importante selon les années, ce n’est pas uniquement grâce à ces stars, c’est aussi grâce au travail de journalistes passionnés, de cinéphiles qui ont cherché à communiquer leur passion au plus grand nombre. Julien Carbon et Laurent Courtiaud ont fait partie de ce petit groupe qui a fait confiance au potentiel d’attraction de ce cinéma à part. Journalistes de formation, ils ont longtemps œuvré à la diffusion de cette production, via leur propre fanzine, puis en participant à l’aventure du magazine« HK », aux côtés d’un autre réalisateur cinéphile, Christophe Gans, qui a largement eu l’occasion de prouver son amour du genre dans Crying Freeman et Le Pacte Des Loups. Notre duo d’amis va quant-à lui s’illustrer avec le scénario du surprenant Running Out Of Time de Johnnie To. Installés à Hong Kong, les deux hommes vont non seulement continuer de prêter leur plume à certains réalisateurs, dont Tsui Hark, mais aussi assister aux tournages et apprendre de grands noms comme Wong Kar-Wai. Ce n’était donc qu’une question de temps avant qu’ils ne se décident à passer eux-mêmes à la mise en scène, et c’est la création de leur propre société de production aux côtés de la réalisatrice Kit WongLes Nuits Rouges Du Bourreau De Jade. On dit souvent que ce qui caractérise le cinéma de Hong Kong c’est son mélange de genres, et la folie de son spectacle. La première réalisation du duo fait penser, dans un premier temps, à un mélange de leurs différentes passions, sensation qu’on retrouve dans beaucoup de films mis en scène par des réalisateurs qui sont passés de cinéphiles à artistes. Le défi lorsqu’on vit une telle évolution de carrière est donc de réussir à conserver une identité personnelle. qui va leur permettre de franchir cette étape avec Les Nuits Rouges Du Bourreau De Jade.



 On dit souvent que ce qui caractérise le cinéma de Hong Kong c’est son mélange de genres, et la folie de son spectacle. La première réalisation du duo fait penser, dans un premier temps, à un mélange de leurs différentes passions, sensation qu’on retrouve dans beaucoup de films mis en scène par des réalisateurs qui sont passés de cinéphiles à artistes. Le défi lorsqu’on vit une telle évolution de carrière est donc de réussir à conserver une identité personnelle. Cette ambition semble encore plus complexe dans le cadre d’une co-production, puisqu’on peut imaginer que les contraintes sont parfois importantes. C’est évident à la vue des Nuits Rouges Du Bourreau De Jade, quand les différents acteurs s’expriment tous dans une langue différente. Les dialogues s’échangent donc en français, en cantonais, et même en taiwanais. Plus surprenant, les personnages se comprennent sans que cela ne choque réellement. Ce parti-pris, justifié par la co-production française qui impose que la moitié des dialogues soient en français, s’inscrit en effet bien dans le récit.

Le casting est très éclectique, et pas seulement parce que des acteurs français se sont glissés au milieu des interprètes asiatiques. Ainsi, les jeunes Maria Chan et Stephen Wong viennent donner la réplique à des vétérans. Mais ils restent finalement plutôt en retrait, comme si leur véritable rôle n’était autre que de donner plus de relief à la véritable attraction, l’habituée des catégories trois Carrie Ng. Il serait bien sûr réducteur de résumer sa carrière à ce genre à part qui a connu ses heures de gloire dans les années 90. Actrice versatile, elle s’illustre notamment par quelques prestations dramatiques mémorables qui lui permettent de ne pas s’enfermer totalement dans un registre. Néanmoins, il est évident que sa présence dans des œuvres comme Naked Killer lui confère une image forte qui n’est pas étrangère au choix des réalisateurs.

Présentée dès les premières scènes comme une dominatrice, elle écrase l’ensemble du casting par une prestation aussi terrifiante qu’envoûtante. Une dualité à l’image du film, qui s’appuie sur un fétichisme violent tout en évitant la complaisance malsaine. La première scène de torture peut paraître un peu gratuite avec sa couche de latex rappelant la prison de carbone de Han Solo dans L’Empire Contre-Attaque, mais elle est très représentative de l’ambiguïté de ce personnage. Entre séduction, domination et violence, on s’étonne également de sa relation avec son amant, dont les fondements sont pour le moins mystérieux. Carrie Ng entoure son personnage d’une aura forte grâce à un jeu bien plus subtil que ce qu’on pourrait croire, ce qui contribue à la rendre plus mémorable.


 On a donc la sensation que la direction d’acteurs est plutôt rigoureuse. Outre le jeu restreint de Carrie Ng, qu’on a vue plus expansive dans certaines catégories trois, on peut constater que Frédérique Bel s’inscrit dans l’héritage très français du film noir, arborant un trench coat qui n’est pas sans rappeler celui d’Alain Delon dans Le Samouraï, tout en adoptant une attitude de femme forte à contre-emploi. On s’attend bien sûr à une véritable dualité entre l’actrice française et l’icône hongkongaise. Mais contre toute attente, le personnage de Catherine n’a rien d’une héroïne à laquelle on va s’attacher. Le duo de réalisateurs a en effet fait le choix de dépeindre une galerie de protagonistes aux actes plutôt répréhensibles. Dans ce monde presque surréaliste, personne n’est innocent. Ce parti-pris est intéressant mais aussi déstabilisant. On en vient parfois à se demander si Courtiaud et Carbon ne prennent pas plaisir à faire souffrir leur actrice.

Et il faut bien avouer qu’on attend plus d’assister à sa prochaine souffrance qu’à une éventuelle victoire. Il faut dire que le duo privilégie le personnage de Carrie Ng à celui de Frédérique Bel. Ce choix est intéressant, mais on aurait souhaité qu’il soit davantage revendiqué. En effet, la dualité dont il était question plus tôt, et qui semble lier les deux principaux protagonistes n’existe finalement pas vraiment, ce qui donne l’impression de ne pas assister au spectacle prévu. Certaines scènes, entièrement bâties sur cette supposée opposition sont pourtant mémorables, et laissaient augurer un affrontement passionnant. On pense notamment à un jeu de piste de chaussures en pleine rue qui devient un duel digne des meilleurs westerns grâce à une montée en tension prenante et un montage très efficace. Ce jeu du chat et de la souris donne également lieu à une scène de sniper intéressante. Mais l’héroïne française n’est jamais à la hauteur de son adversaire chinoise. Elle subit les événements sans jamais représenter une menace d’envergure, et ne parvient pas à s’imposer comme un double convaincant. La dernière partie du film met la difficulté de ce parti-pris en exergue, rappelant le final du Heroic Ones de Chang Cheh. On comprend que les contraintes de la co-production n’ont pas permis de faire de Carrie Ng le véritable rôle principal, mais on le regrette également en songeant au potentiel plus important encore de ce personnage.

Néanmoins, à l’image des fameuses scènes de torture, dont le rythme est très travaillé, on peut estimer que même si le rôle de l’arnaqueuse française aurait aisément pu être réduit, il permet de savourer davantage encore les apparitions de la dominatrice chinoise. Comme si Carbon et Courtiaud avaient décidé de faire souffrir le spectateur en même temps qu’ils lui procurent du plaisir. La mise en abîme est de toutes manières un élément primordial de leur cinéma, comme le montrent les scènes d’opéra. Ces passages, réglés par l’acteur et maître d’opéra Law Kar-Ying, sont en phase avec le récit, et confirment que son centre d’intérêt est bien le personnage de Carrie Ng. Mais outre leur intérêt narratif, on peut apprécier leur puissance émotionnelle, à l’image de la dernière représentation, très forte, dont l’impact rappelle autant le Vengeance ! de Chang Cheh que le Mulholland Drive de David Lynch. Une référence pas si innocente qu’on pourrait le croire, tant le récit baigne dans une aura mystérieuse, presque à la limite du surnaturelle. En faisant le choix de ne pas surcharger l’intrigue d’explications, et en exploitant l’image forte de l’opéra, les réalisateurs donnent un aspect de légende à une histoire dont certains éléments sont pourtant très ancrés dans une certaine réalité. La bande originale, comme la plupart des éléments du film, est complexe, mélangeant les sonorités, mais toujours avec beaucoup de succès. On s’étonnera d’entendre quelques mélodies électroniques rappelant la partition de Vangelis pour Blade Runner, lors d’une scène s’appuyant sur l’image, l’apparence et l’identité, donnant beaucoup de pertinence à ce qui peut faire penser à un hommage musical.



Mais plus que l’histoire, plus que la musique, ou même que l’ambiance, c’est vraiment le travail visuel qui fait des Nuits Rouges Du Bourreau De Jade une œuvre personnelle, qui dépasse le simple mélange d’influences ou de citations. Dès le premier plan, on constate que le travail sur la photographie est d’une minutie incroyable, transcendant un budget qu’on devine modeste, pour présenter des images très belles. L’utilisation du rouge paraît être en phase avec les thèmes du film et sa violence, et rappelle l’une des meilleures répliques de C’est Arrivé Près De Chez Vous, à savoir l’inoubliable tirade de Benoît Poelvoorde sur la couleur rouge et ce qu’elle représente. Mais surtout, chaque cadrage est étudié comme une véritable peinture, dans laquelle la place de chaque objet, chaque personne a un sens, doit avoir un attrait visuel. De ce point de vue, on retrouve un sens de l’esthétique très proche du cinéma japonais et même du manga. On a ainsi parfois l’impression de reconnaître certaines influences ou inspirations, mais Carbon et Courtiaud parviennent à créer leur propre univers, comme en témoigne leur façon de filmer Hong Kong.

Là encore, le risque de céder à la citation était facile, en particulier en réutilisant certains décors ayant servi à des réalisateurs de l’ex-colonie (on pense notamment au restaurant de PTU). Mais là où Johnnie To, les frères Mak, ou plus récemment Edmond Pang peignent une ville aux ruelles exiguës, surpeuplée et à la vie presque étouffante, le duo français donne beaucoup de densité à ses paysages. Les prises de vue sont très différentes de ce qu’on a l’habitude de voir, et sans donner l’impression d’être une visite touristique, leur plongée dans Hong Kong donne vie à l’amour qu’un expatrié peut ressentir pour sa terre d’adoption.

Les Nuits Rouges Du Bourreau De Jade n’est pas un film de Hong Kong. c’est un film sur Hong Kong, sur son cinéma, sur ses acteurs, et sur ce qui fait que la ville nous passionne. Elle devient un moteur narratif autant qu’un véritable personnage, et permet aux réalisateurs de développer un univers personnel au fil d’un récit dont les enjeux sont un peu biaisés par certains contraintes de production, mais qui témoignent d’un potentiel qui donne envie de suivre leurs prochains projets. La violence, esthétique mais brutale, ne sera pas du goût de tout le monde, mais ne verse pas dans la complaisance malsaine. Un premier film prometteur.

Interview: http://www.hkcinemagic.com/fr/page.asp?aid=353

mardi 3 mai 2011

World War Z

 
Depuis la sortie en 2005 de Shaun Of The Dead, une grande partie de la production zombiesque est composée de comédies, ou de zomédies pour employer un terme plus adapté. Comme si l’éventualité de voir les morts se relever prêtait à rire. Si ce parti-pris est moins présent dans le jeu vidéo, on en trouve des traces dans la série de Dead Rising par exemple. Aussi, lorsque l’on a pu découvrir il y a deux mois la première bande annonce du jeu Dead Island. Ce fut avec un plaisir non dissimulé. En effet, ce court-métrage adoptant un montage emprunté au Memento de Christopher Nolan parvient à raconter une véritable histoire en à peine trois minutes. Emotion, peur et horreur sont les ingrédients de cette recette qui renoue avec l’essence du mythe du zombie. Car on a tendance à oublier que les morts-vivants sont effrayants et que rien ne les arrête. Après un Guide De Survie En Territoire Zombie écrit avec un soin particulier et un second degré mordant, Max Brooks continue d’exprimer son amour pour les zombies avec ce véritable roman sociologique. Et il va adopter une vision très proche de ce qu’on a pu voir dans le trailer de Dead Island. Dès l’introduction, on comprend que le ton sera bien plus dramatique. La structure adoptée n’est pas celle d’une narration romanesque, puisque le texte est composé d’une succession d’interview. Le narrateur est un membre de l’ONU dépêché pour obtenir des données brutes sur la guerre Z, durant laquelle les goules ont envahi la terre. Dès cette introduction, le ton est cynique, montrant à quel point l’humain peut avoir une attitude inhumaine, même dans les pires situations. World War Z s’inscrit en effet dans l’héritage direct des œuvres de Romero, utilisant l’horreur comme moteur d’une dénonciation. La forme du roman se prête tout à fait à cet exercice pour plusieurs raisons. Pour commencer, les interviews sont nombreuses et dans l’ensemble assez courtes. Leur longueur donne beaucoup de rythme à l’intrigue, tout en permettant de développer des points intéressants. Mais surtout, à l’image de son narrateur, Brooks a manifestement effectué un travail de recherches préalables d’une densité impressionnante. C’est en effet un véritable tour du monde qu’on opère, et chaque description est très crédible. On a presque la sensation de lire un roman sociologique, qui décortique les fonctionnements de la société et s’appuie sur des données qui semblent fiables.


 


Mais contrairement aux exigences de la chef du narrateur, l’intervieweur et à travers lui l’auteur vont s’intéresser davantage à l’humain. Il y a une véritable réflexion sur la nécessité de donner un visage au conflit, aux victimes, de ne pas se contenter de présenter froidement mais les événements, mais au contraire de les humaniser, afin de faire prendre conscience de l’ampleur de l’horreur. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que Brooks ne ménage pas son lecteur. S’appuyant sur une présentation chronologique des événements, développant ainsi le pendant et l’après, il commence par nous plonger dans un cauchemar horrifique dans une chine secrète et menaçante. C’est bien simple, on se croirait dans une description de l’apartheid, avec la disparition de témoins gênants, la participation active de l’armée à des opérations pour le moins douteuse et la loi du silence. Mais l’horreur n’est jamais loin et de ce point de vue, les scènes sanglantes sont d’un réalisme effrayant. Il n’y a pas de complaisance malsaine, mais les détails ne nous sont pas épargnés et on s’imagine aisément ce dont il est question. Du point de vue de la narration, l’immersion est également très forte, on a réellement l’impression de se faire raconter les événements de vive voix. Ce parti-pris se révèle donc rapidement très efficace. Et pas seulement parce qu’il permet de se plonger dans l’intrigue. Certains chapitres présentent ainsi des points de vue multiple sur un même conflit. Le plus frappant étant le conflit Israelo-Palestinien. Plutôt que de prendre parti pour l’un ou l’autre, Brooks fait le choix d’adopter le point de vue de chacun, évitant les clichés pour s’interroger sur les raisons de cette guerre. Il interroge également sur le sens que peuvent avoir les conflits quand le monde entier est sur le point de s’écrouler. Mais surtout, il dépeint une réalité nuancée et sans jugement. Ainsi, même lorsqu’on ne partage pas les idées des personnes interviewées, il devient facile de s’identifier à elles et de comprendre leurs motivations, même si on ne les accepte pas toujours. Surtout quand on se rend compte que le manque de confiance peut être la base de massacres.

Cette humanité dévorante donne beaucoup d’impact aux scènes les plus intimistes qui sont d’ailleurs nombreuses. Ce choix permet de rendre certaines situations déchirantes, comme au début de l’infection où les familles de personnes infectées ne comprennent pas pourquoi on leur fait abandonner leurs proches. Les remises en question des méthodes de l’armée, y compris contre ses propres concitoyens, est également bien plus forte grâce à ce procédé. Car Brooks s’interroge sur les fondements de notre civilisation, du moins ce qu’on croit en être les fondements, et la façon dont ils peuvent être facilement bouleversés, ignorés, voire bafoués en temps de crises. Plusieurs interrogatoires musclés auront donc lieu et nous rappelleront que même quand le monde s’écroule, la solidarité n’est pas aussi évidente qu’on pourrait le croire. A ce titre, le témoignage d’un soldat russe se révèle particulièrement éprouvant. On y apprend comme une tentative de mutinerie face à un traitement inhumain est contenue par les spetnaz, les groupes d’intervention de la militzia. Mais le pire est à venir, puisque les soldats sont alors menacés d’une arme et poussés à s’entretuer. L’horreur est donc omniprésente, mais elle n’est que rarement là où on pourrait le croire. Les grands tentent à tout prix de conserver leur pouvoir, et même les faibles ne sont pas toujours aussi bons qu’on aimerait le croire. L’interview de l’ancien directeur de campagne de la maison blanche est ainsi plutôt révélatrice, puisqu’on y apprend le refus du gouvernement d’avouer qu’il n’existe pas de remède contre la pandémie. Refus justifié par le fait qu’avoue cette faiblesse constituerait un suicide électoral. Pire encore, Brooks décrit les dérives des lobbys pharmaceutiques, qui présentent un vaccin contre la rage en sachant qu’il s’agit d’un placebo. La mise en évidence du réseau complexe impliqué dans ce genre d’escroquerie est aussi crédible qu’effarante et rappelle une réalité plus terrifiante que toutes les invasions de zombies du monde. Tactique facilitée par le silence (et même dans une certaine mesure l’aide) du gouvernement. Mais l’une des scènes les plus révoltantes se déroule en Himalaya, en pleine fuite de la population. Il est question d’une femme enceinte basculant dans le vide, à la vue de tous, sans que personne ne cherche à l’aider, privilégiant sa propre fuite. Mais la perte d’humanité s’exprime pleinement dans le rapport à la modernité. Une infirmière racontant le meurtre d’un collègue sur son blog pour attirer des lecteurs est aussi répugnant que proche de la réalité. Ce manque d’empathie est encore plus frappant lorsqu’un groupe de starlette s’enferme dans une maison fortifiée en Inde et décide de créer sa propre tv-réalité. Outre l’indécence de continuer à vivre dans le luxe quand la plupart des gens se battent au quotidien pour survivre, ces personnes continuent d’exhiber leur vie au mépris des souffrances des autres.




Mais malgré ce portrait profondément pessimiste d’une civilisation en pleine perdition, Brooks n’est jamais complètement cynique, et il semble subsister quelques lueurs d’espoirs dans son univers. Cette construction nuancée donne beaucoup de crédibilité à un récit qui se vit grâce au ton très vrai des interviews. C’est en rencontrant un assistant de Paul Redecker que l’on comprend que tout n’est pas blanc ou tout noir dans World War Z. Paul Redecker est le créateur d’un plan destiné à assurer la survie de l’espèce humaine. Conçu de façon scientifique, il est destiné à limiter les pertes humaines, tout en exigeant des sacrifices évidents. Ecrit sans aucun sentiment et sans aucune considération, ce plan tel qu’il est décrit glace le sang. Mais les apparences sont parfois trompeuses, comme on l’apprendra à plusieurs reprises. On pense en effet souvent que la CIA est une organisation toute puissante, omniprésente et omnisciente, mêlée à tout événement politique ou mystérieux. Mais si l’on en croit un membre de l’agence, la connaissance, arme la plus importante, s’obtient difficilement, et les actions de la CIA sont finalement plus souvent des réactions. Et en temps de guerre, y compris de guerre contre des morts-vivants, il faut être capable de s’adapter. Ainsi, un documentaire sur un assaut mené contre un fort rempli d’étudiants va-t-il devenir le médicament dont avaient besoin les survivantes souffrant d’un syndrome dépressif post apocalyptique. Pas parce que les étudiants ont survécu, non, mais parce qu’ils ont été héroïques, qu’ils ont été solidaires, qu’ils sont restés côte à côte du début à la fin. Du moins dans le documentaire, car la réalité est tout autre, et la merveille du cinéma a opéré en salle de montage où le réalisateur a pris soin de supprimer les scènes de jalousie, de mesquinerie, les mensonges, et les tromperies, qui composent pourtant le quotidien de tous. 

Mais si World War Z est une véritable plongée dans l’esprit humain et semble parfois s’éloigner de sa menace la plus directe, les zombies, les morts-vivants réservent au lecteur une quantité de scènes à la tension insoutenable plus qu’appréciable. Une course-poursuite à travers les murs en plastique des maisons d’un bidonville devient trépidante quand les dangers surgissent de tous les côtés.  Le quotidien misérable d’une famille va devenir infernal quand le père va se sacrifier pour permettre à son épouse et sa fille de s’enfuir. L’épisode le plus horrifique est certainement celui qui voit des survivants parisiens s’échapper dans les égouts. Outre les difficultés pour survivre dans un tel lieu, à la lumière limité, aux odeurs insupportables, et à la claustrophobie étouffante, la présente d’infectés menaçant de devenir des zombies d’un moment à l’autre va transformer la fuite en cauchemar. Ce chapitre est d’une violence viscérale renforcée par la description très précise des lieux et des conditions de survie. Viennent ensuite les conflits armés, pendant lesquels des militaires surarmés vont être submergés par les goules contre lesquelles leurs armes ne suffisent pas. Les morts-vivants sont lents, mais ils sont nombreux, et avancent jusqu’à ce qu’on les pulvérise, jusqu’à ce qu’on détruise leur cervelle. C’est cette avancée inexorable qui rend les zombies menaçants, c’est pour cette raison qu’ils n’ont pas besoin de courir comme des sprinteurs olympiques pour être terrifiants, et c’est pour cette raison que les zombies sont plus menaçants que les infectés. Max Brooks crie son amour pour ces créatures tout au long des près de 600 pages de son roman, autant qu’il crie son amour de la réflexion, sa volonté d’explorer l’âme humaine, et son amour de la recherche, qu’elle soit politique, sociologique, historique, géographique, ou scientifique. Il y aurait encore beaucoup à dire sur les situations rencontrées et les qualités du roman, mais le mieux est encore de le lire, car c’est une expérience qu’on doit vivre pleinement.


World War Z n’est pas juste un roman fantastique, c’est une véritable étude sociologique, à la densité incroyable. Mais ce travail de recherches dantesque marque grâce à un travail d’écriture tout aussi spectaculaire, qui donne vie aux nombreux interlocuteurs, et qui rend leurs propos vrais. Les situations sont nombreuses et originales, et on a réellement l’impression d’assister à quelque chose. Max Brooks a déclaré lorsque les droits d’adaptation de son film au cinéma ont été achetés par la société de Brad Pitt, qu’il n’accepterait qu’on en fasse un film uniquement si c’était dans l’optique d’en faire le « Seigneur Des Anneaux du film de zombies ». Et si le projet semblait au point mort dernièrement, l’annonce du casting de Mireille Ennos (The Killing) pour jouer l’épouse du personnage joué par Brad Pitt est plutôt rassurante. Espérons un film à la hauteur du roman, même s’il évident qu’il ne pourra pas être adapté tel quel. Un livre que tout fan de zombies se doit de lire.