mardi 26 janvier 2010

assassin's creed - la bande dessinée

Quand le premier « Assassin’s Creed » est sorti, il était clair qu’Ubisoft avait autre chose en tête que de plonger le joueur dans une expérience vidéoludique classique, terminée une fois le mot « fin » apparu à l’écran. L’ambition de raconter l’histoire de Desmond Miles, et par son intermédiaire du conflit opposant assassins et templiers sur plusieurs siècles en trois jeux pouvait paraître risquée. Il était donc prévu de dépasser le simple cadre du jeu vidéo pour créer un univers à part.



Après le succès du premier épisode, l’annonce officiellement de la mise en chantier d’une suite n’étonna personne. La mise en ligne gratuite sur youtube du moyen métrage « linéage » (qui sert de prologue au deuxième jeu) reçut un accueil mitigé, même si l’argument « gratuit » plut à beaucoup. Aujourd’hui, c’est une bande dessinée au format franco-belge dont je vais vous parler.

Elle est centrée sur les péripéties de Desmond Miles, le jeune homme dont la mémoire génétique est mise à contribution pour nous faire revivre les exploits de ses ancêtres assassins comme si on y était. Cette histoire fait la transition entre les deux jeux, mais elle éclaire aussi les quelques zones d’ombre sur la situation du personnage. On découvre enfin comment il s’est retrouvé prisonnier dans les locaux d’Abstergo, et les différentes épreuves qui l’ont amené à être synchronisé avec le fier Altaïr qui vécut durant les croisades.


L’intrigue reprendre quelques scènes clés du premier jeu, mais également l’introduction du second, tout en modifiant légèrement les événements. Il semble qu’il n’y ait pas eu de contact direct entre le scénariste de la bd et celui du jeu, ce qui peut provoquer une certaine confusion.
Ainsi, nombres d'éléments ne se déroulent pas du tout comme dans les jeux, on pense en particulier à l'arrivée chez les néo-assassins et à la vision très différente du patient 16.

Néanmoins, l’ensemble reste dans l’esprit de l’univers créé, et permet de prolonger un peu plus l’expérience. Certains personnages mystérieux sont abordés de façon plus directe (comme le sujet n°16), l’action est au rendez vous, et les dessins sont plutôt réussis, même si on regrettera une inconsistance dans les visages des personnages.

Sans être un apport crucial, la bande dessinée « Assassin’s Creed » est un bonus que les fans de la saga sauront apprécier.

lundi 18 janvier 2010

the crow - stairway to heaven

Pour conclure les critiques de la saga « The Crow », il est important de parler de deux choses : les rumeurs insistantes d’un remake du film d’Alex Proyas en préparation (http://www.imdb.com/title/tt1340094/), et la série télévisée « The Crow – Stairway to heaven ».

Cette série retrace le destin d’Eric Draven, immortalisé au cinéma par Brandon Lee, et prolonge son épopée au-delà de la simple vengeance. Le pilote de la série, constitué des deux premiers épisodes, peut être considéré comme un remake du film. Mais bien sûr, cette comparaison ne plaide pas en la faveur de la version télévisée, et avoir ce genre d’attentes risque de pousser ceux qui n’ont jamais regardé à s’arrêter là.


Ce serait bien dommage, car les autres épisodes, plus personnels, réservent quelques surprises. Pour commencer, Mark Dacascos, acteur qu’on ne présente plus, aux capacités athlétiques incroyables, trouve certainement son meilleur rôle. Bien sûr, sa prestation ne peut avoir la même importance que celle de Brandon Lee, en partie à cause d’une version édulcorée du mythe. Cependant, l’acteur s’investit totalement dans son personnage, et interprète un Eric Draven très attachant.

Il domine largement un casting globalement bon, mais les autres rôles, y compris celui de Shelley sont moins écrits. On a également la surprise de retrouver Kadeem Hardison (avec qui Dacascos a partagé la vedette dans l’excellente série B Drive de Steve Wang) dans le rôle du squelette cow-boy. Ce personnage, qui devait apparaître dans le film (et devait y avoir plus d’importance que dans le comics où il n’apparaît que peu) donnait un sens encore plus mythique au personnage. Ici, il est exploité d’une manière sensiblement différente, mais intervient à un moment où le héros renoue avec le but de sa mission : il est à nouveau confronté à ceux qui ont, directement ou non, sa mort et celle de Shelley.


En ce sens, là où le personnage du cow boy squelette venait rappeler à Eric qu’il perdrait ses pouvoirs s’il se détournait de sa mission pour aider des mortels, ici, il vient au contraire nous rappeler que le héros a pendant plusieurs épisodes aider des mortels sans devenir vulnérable. Les deux visions sont donc sensiblement différentes.

Si on retrouve un fil rouge sur l’ensemble de la saison (la mort, le retour et la vengeance), Eric Draven joue un peu le rôle de Jarod, le héros de la série tv « le caméléion », intervenant ponctuellement pour rétablir la justice dans des histoires ne le concernant pas. Ces épisodes, éloignés de la trame principal, sont nettement moins impliquant et intéressants, mais ils restent agréable à regarder. Il faut dire que chaque aventure donne lieu à au moins un combat qui permet d’admirer les qualités de combattant de Mark Dacascos. Malgré tout, ce traitement créé une inégalité dans la qualité des épisodes, qui édulcore trop l’aspect glauque de l’histoire et en fait un divertissement trop familial, alors même que le thème ne devrait pas le permettre.

La série finit sur un cliffangher, puisqu’il devait y avoir une deuxième saison, et on regrettera que l’équipe n’ait pas tourné au moins un téléfilm pour conclure sa vision du mythe. En l’état, « The Crow Stairway to heaven » ne peut pas être comparé au film d’Alex Proyas, mais doit plutôt être considéré comme une extension pour les fans qui auraient aimé en voir davantage, même si son format familial tend à l'éloigner de l'esprit original.

The Crow - Wicked Prayer

Et un film détesté de plus pour la licence cinématographique « The Crow ». L’œuvre maudite de James O’Barr semble en effet indissociable d’une aura négative, comme en témoigne le décès de sa compagne, de Brandon Lee, ou les réputations lamentables des autres films.

Il faut dire que « Wicked Prayer » part avec un handicap certain : mettre en avant la participation de David Boreanaz et Tara Reid dans des rôles principaux tend à prouver que le film est forcément dédié au marché de la vidéo plutôt qu’à une exploitation en salles.

Lance Mungia, le réalisateur, n’a pas réalisé de film depuis sept ans lorsqu’il met en chantier sa version du mythe. Son précédent métrage, « Six String Samuraï », qui a été un échec cuisant, était pourtant une très bonne surprise, aussi réussie que sous estimée. Prenant pour vedette Jeff Falcon, artiste martial émérite qui connut une petite carrière dans les séries B de Hong Kong, « Six String Samuraï » est un mélange de Mad Max, de Rock’n’Roll, d’hommage à Elvis, à Chang Cheh et donc de film d’arts martiaux (les combats étaient d’ailleurs plutôt réussis).

Mais Lance Mungia n’est pas le seul revenant de l’équipe. Edward Furlong, découvert dans « Terminator 2 » et dans « American History X », même s’il n’a cessé de tourner aux USA, n’a pas continué l’ascension fulgurante qu’il avait entamée, à tel point que le public français n’a presque plus eu l’occasion de le voir. « Wicked Prayer » est l’occasion de le retrouver dans un premier rôle. Succéder à Brandon Lee, Vincent Perez, ou même Erica Mabius n’est pas tâche aisée, chacun d’eux ayant réussi à créer son personnage. La jaquette du dvd est d’ailleurs loin de rassurer sur la prestation de l’acteur. La grimace qu’il compose sous son maquillage lui donne plus l’air d’un adolescent emo que d’un esprit vengeur enragé.

Les premières minutes du film donnent le ton, sans qu’on sache encore s’il faut se réjouir ou s’affoler. Mungia a un sens du style indéniable, et le tout baigne dans une ambiance de western mexicain aussi originale que bienvenue. On avait reproche à « The Crow Salvation » d’être trop proche du premier volet. Ce quatrième opus parvient dès les premières images à affirmer une identité propre, à mille lieues de ce qu’on a pu voir jusque-là.

Le ton est résolument second degré, avec ces voyous qui se surnomment comme les cavaliers de l’apocalypse. L’introduction, plutôt musclée, est tellement surréaliste qu’on en vient à se demander s’ils sont de vrais démons ou juste des délinquants un peu fous. L’insertion d’écrans fixes en couleurs criardes avec le surnom et les caractéristiques de chaque personnage rappelle les jeux vidéos, mais aussi le petit (et jouissif) film d’horreur « Feast », produit par Matt Damon et Ben Affleck.

Autre parti pris surprenant, le décès du héros et sa résurrection ne sont mis en scène qu’au bout d’une bonne vingtaine de minutes, alors que les autres films réglaient ces détails assez rapidement. Ce n’est finalement pas une mauvaise chose, cette introduction permet de s’attacher aux personnages et leur destin aussi funeste qu’inéluctable n’en est que plus poignant. Bien sûr, le côté grotesque du chef des voyous tend trop vers le comique, mais cela ne suffit pas à ternir les qualités de la réalisation de Mungia.

Furlong campe un jeune homme pas si blanc franchement sympathique avec son petit côté tranquille, et la relation avec sa belle est très crédible.

Une fois la tragédie lancée, le rythme est très enlevé, et on verse dans le folklore mexicain (choix stylistique exploité avec talent dans le final de « The Crow City Of Angels »), ce qui donne un côté déstabilisant tout à fait bienvenu.

Les quelques scènes d’action, sans être formidables, sont loin d’être ridicules, même si on sent que le budget était limité. L’interprétation générale est à l’image du film, faite avec conviction, sans jamais oublier un côté second degré assumé, qui fonctionne, mais a tendance à diminuer l’impact émotionnel.

Edward Furlong parvient à faire passer l’émotion de son personnage, en particulier la mélancolie. Il se montre moins convaincant pour traduire la rage du personnage, et les passages où ils manifestent sa colère sont un peu plus difficiles à prendre au sérieux, à cause de sa tendance à grimacer. Il faut également avouer que le maquillage du corbeau, effrayant sur les autres acteurs, le fait plutôt passer pour un petit rockeur amateur.

« Wicked Prayer » n’est pas un grand film, tout simplement parce qu’on ne lui en pas donné les moyens, mais il reste un divertissement très rythmé, qui s’éloigne intelligemment des autres versions, glissant dangereusement entre le second degré, la parodie, et la vengeance tragique, sans jamais être ridicule.

mardi 12 janvier 2010

The Crow - Salvation



Après un téléfilm où des employés qui s’ennuient cambriolent déguisés en père noël et deux petits polars, Bharat Nalluri, jeune réalisateur né en Inde, se voit confié la réalisation d’une troisième version cinématographique du corbeau vengeur.

Précédé d’une réputation désastreuse, son film reste moins détesté par les fans de Brandon Lee que la vision qu’en créait Tim Pope dans City Of Angels. Pourtant, suite à des séances tests, son film s’est vu refusé les honneurs du grand écran pour finir directement dans les vidéo clubs, ce qui n’augure généralement rien de bon.

La crainte légitime qui consume le spectateur lorsque le film commence, pourrait être renforcée par une première évidence : ce n’est plus Graeme Revell qui compose la bande originale, lui qui avait fait un travail remarquable sur les deux premiers opus. Néanmoins, la mélodie qui berce le générique, sans être aussi réussie, parvient à créer une atmosphère. Marco Beltrami avait déjà une vingtaine de bo à son actif à ce moment là, et on sent une réelle implication de sa part.
Ce premier point positif est confirmé sur l’ensemble du métrage, la musique accompagnement de façon appropriée les images, sans jamais trop s’imposer.


Rapidement, la mise en scène s’affirme également comme maîtrisée. Bharat Nalluri parvient à livrer une réalisation stylée sans verser dans l’esbroufe et surtout sans trahir sa narration. Cet épisode est bien plus sobre que les précédents, loin de la ville gothique surréaliste de City Of Angels et des lumières comic book du premier, mais reste suffisamment soigné pour affirmer une identité visuelle qui lui est propre.

Techniquement, le film est bien au dessus du lot de la majorité des direct to video. L’interprétation d’Eric Mabius dans le rôle titre est tout à fait convaincante. Son corbeau, moins enragé que celui de Brandon Lee et moins désespéré que celui de Vincent Perez, s’annonce comme le plus schizophrène, allant presque jusqu’à douter des événements tragiques qui ont scellé son destin.


Malheureusement, le gros défaut de The Crow Salvation est son scénario. Simple succession d’exécutions dans un premier temps, il peine à entretenir des enjeux dramatiques dignes de ce nom. De plus, l’incursion d’une intrigue de manipulation est-elle par contre digne d’un téléfilm. Hormis le héros, les personnages sont peu écrits et ne sont rien d’autres que des caricatures.

Il est regrettable que l’histoire n’ait pas été plus soignée, car tout le reste est fait avec beaucoup de conviction.
The Crow Salvation est un divertissement bien fait, bien interprété, loin d'être le navet bas de gamme pour lequel on le fait passer, sans être une oeuvre aussi recherchée que les deux premiers films. Les passionnés de Corbeaux vengeurs devraient apprécier.




vendredi 8 janvier 2010

Critique de The Crow - City Of Angels


Si le premier opus de la saga cinématographique « The Crow » a atteint le rang de film culte, les autres épisodes, qu’on ne peut pas vraiment considérer comme des suites, puisque le héros n’est jamais le même, n’ont pas connu un sort aussi enviable.

On peut légitimement se demander si le drame qui a coûté la vie à Brandon Lee n’a pas poussé le public à rejeter toute autre performance, surtout lorsqu’on voit que chaque acteur est presque systématiquement comparé à Brandon Lee, et pas en des termes positifs.

« The Crow – City Of Angels », second film à s’inspirer du comic book de James O’Barr semble être le plus détesté. Que ce soit la prestation de Vincent Perez, la réalisation de Tim Pope, ou même le scénario, rien ne trouve grâce aux yeux des fans.

Pour commencer, il est important de savoir que la version distribuée en salle a été victime d’un montage de boucher par la firme Miramax, qui n’a pas hésité à triturer le film une centaine de fois d’après le réalisateur. Certaines éditions dvd présentent des scènes coupées, ce qui permet déjà d’avoir un aperçu plus clair de l’œuvre.
Mais s’il n’existe pas de Director’s cut sur le marché (et qu’il n’y en aura probablement jamais), un montage de fan offre la vision la plus proche de celle du réalisateur, comme Tim Pope lui-même l’affirme sur son site officiel. Disponible légalement sur ce site http://fanedit.info/ (qui offre de multiples remontages de films à but non lucratif) et renommé pour l’occasion « The Crow – Second coming », cette version est celle qu’il faut voir à tout prix.


Le travail du fan est remarquable. Il a replacé les scènes dans l’ordre initialement prévu par le scénario, ajouté les scènes coupées présentes sur l’édition dvd, et fait des montages photos en ajoutant par texte les dialogues manquants.

Alors que la version cinéma ne semble être qu’un remake déguisé du premier film, ce nouveau montage présente une histoire sensiblement différente, aux enjeux poignants. Le choix d’une relation père/fils plutôt que d’une relation de couple comme dans les autres films trouve ici tout son sens dans un final nihiliste. Le film d’Alex Proyas était extrêmement sombre, mais l’univers qu’a créé Tim Pope est bien plus désespéré encore.

Visuellement, cet opus est celui qui bénéficie de l’univers le plus coloré. L’usage d’un filtre jaune et l’utilisation insistante de teintes verdâtres poisseuses en opposition donne un côté surréaliste et presque apocalyptique à la ville. Ce choix visuel renforce le côté presque mythique de l’esthétique gothique. Le contexte d’Halloween est plus utilisé ici que dans le premier film, notamment lors d’une scène brillante en plein festival des morts version folklore mexicain.


Le travail technique phénoménal est suffisant pour qu’on ne puisse pas traiter le film de Plagiat. Mais la dramaturgie est également très différente, dans cette version longue en tout cas. Le personnage de Sarah, dont on peut supposer qu’il s’agit de la jeune fille qui rencontra Eric Draven, le héros du premier film, a une importance considérable. Elle n’est plus une simple damoiselle en détresse mais un personnage indispensable à la dramaturgie qui impose un dilemme au corbeau.

« The Crow – City Of Angels » n’est plus une simple histoire de vengeance. Les thèmes de la rédemption, du sacrifice et de la fatalité y sont abordés avec émotion, laissant un goût amer d’une puissance incroyable lorsque le générique de fin s’annonce.

Mais il ne s’agit pas d’un film auteurisant qui vise les festivals à grands coups de dialogues silencieux ultra intellectuels dans le vide. « The Crow » a été créé comme une œuvre viscérale par James O’Barr, dans laquelle l’émotion est palpable, l’amour et la rage se côtoyant constamment. Pour porter un tel personnage, il faut un acteur engagé. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que Vincent Perez donne de sa personne. Alternant le désespoir, la peur, la consternation, la rage et la tristesse avec autant de talent, il interprète un personnage surnaturel des plus humains, avec moins de force qu’un Brandon Lee qui pensait jouer sa carrière dans ce rôle, mais il ne démérite pas dans son rôle.


Les autres acteurs offrent des prestations plus iconiques, parfois proches de la caricature, comme un Iggy Pop déchaîné, mais leurs rôles sont moins écrits, moins primordiaux. On a quand même le droit à un antagoniste à la présence menaçante, terrifiant de calme à chacune de ses apparitions, qui s’oppose en tout point au héros.

Chaque film est très différent, et je pense qu’on peut tous les apprécier sans ressentir le besoin de les comparer en voulant prouver à tout prix que seul le premier opus mérite d’être vu. « City Of Angels », avec ses choix artistiques surprenants et sa dramaturgie aussi sombre que poignante, reste mon préféré.